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La rentrée d'Emmanuel Macron s'accompagne d'une très sévère chute de popularité, au point de rejoindre la cote de François Hollande à la même époque. Pourquoi les Français se détournent-ils de celui à qui ils ont donné la majorité ?
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Emmanuel Macron dans la même situation que Hollande ?

Le couperet est tombé pour Emmanuel Macron ce mardi 4 septembre. D’après un sondage IFOP-Fiducial pour Paris Match et Sud Radio, la cote de popularité du président de la République a chuté de 10 points pour atteindre seulement 31% d’opinions positives. Une étude qui s’inscrit dans la tendance actuelle mais qui place aussi, et pour la première fois, Emmanuel Macron en-dessus du niveau de popularité que François Hollande à la même période de son mandat. L’ex-président affichait alors 32% d’opinions favorables.

Affaire Benalla, démission de Nicolas Hulot… Pourquoi ce désamour ? Planet s’est entretenu avec Chloé Morin  directrice de projets internationaux chez IPSOS. Si elle estime que ces impopularités s’expriment pour des raisons différentes, elle y voit toutefois un facteur commun. "On reprochait à François Hollande de ne pas en faire assez alors qu’on reproche à Emmanuel Macron de décider trop, toutefois le facteur commun c’est la crise de résultat sur le fond économique. C’était au cœur de la promesse de campagne du locataire de l’Elysée, or dans la période actuelle il y a un doute sur la croissance, le pouvoir d’achat", note Chloé Morin.

Emmanuel Macron face à sa politique économique : le doute s’installe

Emmanuel Macron mis en doute sur sa politique économique, c’est bien de cela dont il s’agit pour Chloré Morin et ce, "alors même qu’il a été ministre de l’Economie et que c’est son cœur d’expertise". "Ce qui arrive aujourd’hui avec les chiffres de la croissance moins bons que prévus, les craintes sur le pouvoir d’achat, c’est que les gens commencent à douter que les sacrifices qu’ils ont faits aient été utiles. Jusqu’alors Emmanuel Macron avait d’une certaine manière réussit à différer les attentes. Le sentiment d’injustice qui ressort dans les études n'est pas nouveau mais juqu'à maintenant il était contrebalancé par le senitment de réformes nécessaires. Aujourd’hui ce n’est plus le cas et c’est un doute sur l’efficacité qui s’installe. Les gens se demandent si rétrospectivement cela en valait la peine", analyse Chloé Morin qui estime que les hésitations sur le prélévement à la source ont pu renforcer le sentiment de doute.

Pour la spécialiste de l’opinion publique, Emmanuel Macron est en train de perdre du terrain sur ce qui a constitué le cœur de son électorat et de sa politique : les actifs. "Déjà échauffés par la hausse de la CSG, il y a avec les retraités un vrai risque de choc avec le prélèvement à la source. C'est un risque politique car ce sont aussi eux qui votent le plus aux européennes", détaille Chloé Morin. 

Emmanuel Macron paye-t-il l’affaire Benalla et la démission de Nicolas Hulot ?

Pour explique cette impopularité, certains observateurs évoquent les effets à long termes de l’affaire Benalla ou le choc de la démission de Nicolas Hulot. Pour Chloré Morin toutefois, c’est à reléguer au second plan. "L’affaire Benalla a eu un effet surtout immédiat qui a été de polariser l’opinion publique. La base de l’électorat d’Emmanuel Macron a eu un réflexe de soutien en reprenant les arguments selon lesquels par exemple la presse en faisait trop. Quant aux oppositions au chef de l’Etat, elles se sont surtout 'radicalisées' dans cette affaire", note Chloé Morin.

Et la démission de Nicolas Hulot ? La spécialiste juge l’impact plutôt minime. "Selon moi, là où il peut y avoir un impact clair sur sa cote de popularité, c’est si il y a un changement de ligne avec le remaniement. Ca ne semble pas être le cas", ajoute-t-elle avant de préciser : "Il y a beaucoup à attendre de la capacité d’Emmanuel Macron à expliquer ses réformes face à un doute qui s’installe et qui lui coûte beaucoup".