Emmanuel Macron : ces politiques dont il devrait se méfier

Ces politiques dont Emmanuel Macron devrait se méfier : François Baroin

A droite, Laurent Wauquiez a de quoi nourrir quelques inquiétudes. Elu patron de Les Républicains il y a un an, il peine à s’imposer et clive plus qu’il ne rassemble. Un sondage réalisé fin octobre par l’institut Ipsos pour l’hebdomadaire Le Point portant sur les personnalités préférées des sympathisants LR, avait des allures particulièrement alarmistes. Nicolas Sarkozy et Alain Juppé occupaient le duo de tête. Le premier étant embourbé dans plusieurs affaires judiciaires et le second ayant troublé les lignes sur ses accointances politiques,  ils ne représentent pas vraiment un danger pour Emmanuel Macron. En revanche, c’est moins le cas pour celui qui se trouve en quatrième position de ce sondage : François Baroin.

Pour l’instant éloigné de la vie politique nationale, le ténor des LR, au sens littéral du terme, dispose d’un bel écho en région grâce à l’Association des Maires de France dont il est le président. C’est d’ailleurs justement ce que lui reproche l’entourage du chef de l’Etat. Cité par RTL, un ministre a estimé que François Baroin "politisait l’association". Les frictions sont en tout cas à leur comble, Emmanuel Macrons se faisant remplacer par Edouard Philippe au prochain congrès de l’AMF qui se tiendra du 20 au 22 novembre.

Pour autant, le danger ne semble pas immédiat tance Philippe Moreau-Chevrolet, spécialiste de la communication politique interrogé par Planet : "Il n’a jamais manifesté sérieusement d’ambitions au niveau national et il ne dispose pas d’un ancrage solide pour l’instant. Son problème comme pour Valérie Pécresse, c’est qu’ils sont à l’intérieur de Les Républicains, dont le chef reste Laurent Wauquiez".

Ces politiques dont Emmanuel Macron devrait se méfier : Xavier Bertrand

Si François Baroin est seulement quatrième du sondage Ipsos pour Le Point de fin octobre, c’est parce que la troisième place est occupée par un autre ponte de la droite, dont les ambitions, elles, ne laissent désormais guère de place au doute : Xavier Bertrand. Comme Christian Estrosi, il avait choisi de donner de l’air au président après son élection, de lui laisser une chance, mais cela n’a pas pris. Il y a une semaine, le président de la région des Hauts-de-France s’est fendu d’une analyse particulièrement amère envers l’exécutif dans Le JDD.

Et selon Philippe Moreau-Chevrolet, Xavier Bertrand a quelques raisons de se faire confiance : "A l’inverse de François Baroin, il a un solide ancrage local, il est à l’extérieur de LR et peut s’en émanciper, et surtout ses ambitions sont très claires". Au mois de juillet, un sondage pour L’Express le plaçait comme le meilleur candidat de la droite et du centre pour l’élection présidentielle de 2022. "Il n'a jamais caché ses ambitions : il se pense bon présidentiable et a toujours estimé qu'il ferait bien le job", commentait même peu avant un élu des Hauts-de France.

Ces politiques dont Emmanuel Macron devrait se méfier : Marion Maréchal

Marion Maréchal a beau assurer que jamais elle ne fera concurrence à sa tante et aspirer à la vie civile, les sondages ne mentent pas. Celle qui a récemment choisit de faire retirer "Le Pen" de son patronyme, dissimule mal le caractère momentané de son retrait. Pour preuve, ce mercredi matin elle commentait pour BFMTV le mouvement des gilets jaunes.

Quant à son école lyonnaise, bastion de l’extrême-droite française s’il en est, il ne fait aucun doute qu'elle participe à "la formation d’un lieu et d’un pôle culturel de la droite musclée", note Philippe Moreau-Chevrolet.

Alors qu’il a régulièrement été reproché aux listes Rassemblement national de manquer de cadres, la nièce de Marine Le Pen semble avoir pour ambition d’en former. "Il y a un dynamisme intellectuel du côté de la droite dure, incarnée par des personnes comme Charles de Consigny ou Eric Zemmour qui va enseigner dans son école. Cela se ressent aussi dans les médias, avec l’exemple de la revue L’Incorrect, dirigée par des amis à elle, ou même Causeur et pourquoi pas Marianne", note le spécialiste qui ajoute : "Elle n’a que les avantages de l’héritage de la famille Le Pen, comme l’absence de querelle internes et familiales. Si elle s’y prend bien, elle a vraiment une opportunité à jouer à la présidentielle. Il lui suffirait d’avoir entre 20 et 24% au premier tour et elle pourrait rassembler au second".

Ces politiques dont Emmanuel Macron devrait se méfier : François Ruffin

"Jean-Luc Mélenchon a fait des perquisitions une affaire personnelle. Il ne faut jamais sous-estimer la perte de crédibilité que peut engendre un coup de colère", commente Philipe Moreau-Chevrolet. Pas de doute, à gauche, la figure montante c’est François Ruffin. Alors que la tempête faisait rage au sein de la France Insoumise visée par deux informations judiciaires, le député de la Somme est resté en retrait des énervements, sans jamais craindre pour sa place. "Il a déjà montré sa capacité à mobiliser comme lors de La fête à Macron. Il est discret sans être absent, très républicain. Clairement, il représente une très bonne possibilité de leadership", note Philippe Moreau-Chevrolet.

François Ruffin a aussi élaboré une communication particulièrement efficace sur les réseaux sociaux – didactique ou démago, au choix. "C’est vrai qu’il a une bonne base de fan et de followers. Il est dans une vulgarisation de la vie politique et ça fonctionne très bien", ajoute le spécialiste.

Face à Emmanuel Macron qui a toujours du mal à se départir de son image de "président des riches", François Ruffin incarne l’élu de terrain, en contact avec ses administrés. Il est aussi plus porteur d’un renouvellement politique que Jean-Luc Mélenchon.

Ces politiques dont Emmanuel Macron devrait se méfier : bientôt Yannick Jadot ?

L’analyse est posée en amont des européennes, par Jérôme Fourquet, directeur opinions de l’IFOP : il y a un vide à gauche à conquérir. Et vraisemblablement, les cadres de la macronie ne craignent qu’Europe Ecologie- Les Verts ne s’y précipitent. A raison pour Philippe Moreau-Chevrolet selon qui Yannick Jadot, ancien candidat à la présidentielle, pourrait rassembler autour de sa personne : "Il ne s’est pas encore trop abîmé en politique. Il a un petit déficit de notoriété mais il peut rapidement être comblé".

Ses perspectives semblent en tout cas bien meilleures que celle de Ségolène Royal. "Ce n’est pas surprenant qu’elle soit audible sur les questions écologiques en ce moment, alors que le PS est à la peine. Mais il lui sera extrêmement compliqué de transformer l’essai. Elle n’a toujours pas le PS derrière, voire certains sont prêts à lui faire obstacles… Ce n’est pas certain non plus qu’elle ait les moyens de rassembler humainement ou financièrement", note Philippe Moreau-Chevrolet.

Une liste de rassemblement pour les européennes ne serait donc pas à exclure. Il y a une semaine, les sondages plaçaient Ségolène Royal en tête des personnalités préférées des sympathisants de gauche.