Election présidentielle : voilà comment Emmanuel Macron pourrait défendre son bilanAFP
Le président de la République travaille, évidemment, à sa réélection en 2022. Dorénavant, il cherche comment défendre son bilan aussi bien que faire se peut. Voici ce qu'il pourrait avancer dans les mois à venir.
Sommaire

"On n'est peut-être pas réélu avec un bilan, mais avec un bilan on peut se représenter", reconnaissait récemment Amélie de Montchalin, ministre de la Transformation et de la Fonction publique, dont les propos sont repris par Le Monde. Elle fait partie, semble-t-il, des éléments clefs du président pour préparer sa réélection en 2022. En effet, en conseil des ministres, elle présentait début janvier un baromètre visant à faciliter la construction d'un plan de campagne. Dès lors qu'il briguera sa propre succession, Emmanuel Macron devra en effet défendre son action. Or, ce baromètre vise précisément à "donner de la visibilité aux mesures ‘hors Covid'", écrivent nos confrères, qui parlent d'un "premier pas vers l'élection".

Pour Emmanuel Macron, "il y a l'agenda choisi et l'agenda subi". Cette fois-ci, après plusieurs long mois de crise sanitaire, il entend de nouveau reprendre le contrôle sur l'actualité politique. N'est-il pas, après tout, le maître des horloges ? Pourtant, le chef de l'Etat l'a déjà dit : il n'exclut pas ne pas pouvoir se représenter. C'est bien à cela que doit servir l'action de sa ministre. "Le lien avec 2022 est totalement assumé. C'est un vrai objet politique pour montrer le bilan d'Emmanuel Macron depuis 2017", affirme-t-elle d'ailleurs.

Mais quel est-il, ce bilan ? Et comment le président de la République pourrait-il le présenter à ses électeurs ? Eléments de réponse.

Le bilan d'Emmanuel Macron est-il assez solide pour lui permettre de se représenter ?

"Emmanuel Macron est tout à fait en droit de se représenter en 2022. Il a, sans aucun doute, représenté une certaine ligne politique durant son quinquennat et il n'y a pas de raison que cette dernière disparaisse", tranche d'entrée de jeu Christophe Bouillaud, politologue, enseignant-chercheur en sciences politiques à l'IEP (Institut d'Etudes Politique) de Grenoble. 

"N'oublions pas que, sur la base de cette ligne, le bilan du président est assez solide. Il a plusieurs succès importants, dont il peut théoriquement se vanter, au moins vis-à-vis de son électorat. Ce qu'il fait d'ores et déjà…", poursuit le spécialiste. Reste à savoir comment s'y prendra le chef de l'Etat pour convaincre les autres…

Election présidentielle de 2022 : voilà ce qu'Emmanuel Macron pourrait vous dire

"Emmanuel Macron peut se vanter d'avoir complètement réformé le marché du travail. Il a entraîné une baisse des salaires qui profite aux entreprises et permet une meilleure compétitivité française, tout en rendant les licenciements quasiment indolores pour le patronat. Si l'on considère que le droit du travail constitue un obstacle à l'embauche, c'est une vraie réussite", rappelle encore le politologue, pour qui le chef de l'Etat est "de facto très réactif et très solide sur toutes les réformes destinées à contraindre les prétentions salariales des Français". "C'est important pour sa stratégie de compétitivité coût", souligne-t-il. Et d'insister : "C'est précisément pour cela qu'il le réaffirme devant les investisseurs nationaux".

"N'oublions pas non plus qu'Emmanuel Macron a aussi pérennisé le CICE et permis le maintien du crédit impôt recherche, ce qui constitue une niche fiscale puissante pour les entreprises et ajoute à l'intérêt du site France, pour les investisseurs étrangers", précise aussi Christophe Bouillaud. "Dès lors, il apparaît évident qu'il va s'appuyer essentiellement sur sa jambe néo-libérale. De quoi séduire sans mal sa clientèle la plus aisée, parmi lesquelles des cadres supérieurs, des chefs d'entreprises ou des retraités mais il sera plus compliqué d'attirer les salariés avec un tel discours. Il va falloir leur mentir", poursuit le spécialiste.

En somme, leur servir un discours sur le maintien - voir l'amélioration - de la compétitivité de la France. En omettant de parler de la baisse de leur niveau de vie et de leur pouvoir d'achat. Mais ce n'est pas là la seule stratégie sur laquelle se repose l'exécutif…

Emmanuel Macron ou le "chaos"

"Forcément, si le président entend être réélu, il lui faudra certainement travailler sa communication. Il sera peut-être contraint d'embellir les choses...", analyse Christophe Bouillaud, pour qui toute la stratégie du chef de l'Etat reposera probablement sur "le chaos ou moi".

"Emmanuel Macron insistera probablement sur le fait que tous les autres choix possibles sont des choix d'aventure. Depuis les Gilets Jaunes, La République en Marche et lui même incarnent le parti de l'ordre, du statu quo. Il lui suffira donc de dire qu'avec lui, rien ne changera trop brusquement, de rappeler qu'il n'est pas l'inconnue qui fait peur. Somme toute, il va donc chercher à capitaliser sur l'incapacité de la gauche à se rassembler et la démonisation du Rassemblement national", poursuit l'enseignant-chercheur, qui assène sans ambages : "Les questions de politiques publiques ne seront pas très importantes".