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Les révélations du Monde concernant l'attitude violente qu'aurait eu un collaborateur d'Emmanuel Macron, a fait l'effet d'une bombe. L'Elysée a réagi, mais trop tardivement ?
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Affaire Benalla : les proches d'Emmanuel Macron en pleine communication de crise

Le bad buzz de trop ? Le Monde a révélé mardi soir avoir identifié sur une vidéo un homme qui ne serait autre qu’Alexandre Benalla, un proche conseiller d’Emmanuel Macron. Or, sur les images, l’homme en question est vu en train d’asséner des coups à un manifestant du 1er mai. Le président et son chef de cabinet, Patrick Strzoda, en auraient été informés et Alexandra Benalla a par la suite été mis à pied pendant deux semaines et rétrogradé.

Mais le mal est fait et nul doute que les proches d’Emmanuel Macron ont travaillé d’arrache-pied dans la nuit de mercredi à jeudi pour préparer la riposte médiatique et les éléments de langages. Objectif : parer à la crise. Ainsi, Julien Denormandie sur France Inter, Christophe Castaner sur Cnews, Richard Ferrand sur LCI, tous ont évoqué ce jeudi matin un comportement "inapproprié",  "inacceptable" de la part du conseiller identifié par Le Monde.

Au palais de l’Elysée, fait extrêmement rare et symptomatique de la gravité de la crise, c’est Bruno Roger Petit, porte-parole du président, qui a pris la parole pour une brève conférence de presse. Il a expliqué à nouveau qu’Alexandre Benalla avait bénéficié d’une autorisation d’observation aux côtés des forces de l’ordre et a conclu en évoquant la mise à pied de 15 jours et la décision de le rétrograder. "C'est la sanction la plus grave jamais prononcée contre un chargé de mission travaillant à l'Elysée", a déclaré Bruno Roger Petit.

Une communication suffisante ? "C’est le service minimum dans ce genre de situation. Il y a clairement une mésestimation de la faute commise et qui donne l’impression qu’aujourd’hui on court les plateaux de télévision pour rattraper les pots cassés. Evidemment, les réactions des proches du président sont très attendus, mais elles arrivent presque trop tard", estime Arnaud Mercier, professeur de communication politique à Paris 2 - Panthéon Assas. Places aux ténors d'ailleurs, les députés ont d'ailleurs reçu le message de ne pas s'exprimer, assure toujours Le Monde

Emmanuel Macron : une erreur de communication avec son chef de cabinet ?

En déplacement en Dordogne ce jeudi et interrogé sur l’affaire, Emmanuel Macron a lui préféré botter en touche, se contentant de déclarer : "La République est inaltérable". Pour ne pas être éclaboussé ?

Selon Arnaud Mercier, il est fort possible que le président, pourtant bien connu pour avoir une parfaire maîtrise de sa communication, ait mal anticipé la polémique autour de l’affaire Benalla. "Il y a trois explications possibles. Tout d’abord tout le monde fait des erreurs, même les politiques qui maîtrisent très bien la communication. Ensuite, on a vu pendant la campagne d’Emmanuel Macron, que toute son équipe était soudée par un lien fort, une vraie solidarité. Peut-être a-t-il mal géré le lien entre la dimension stratégique et la dimension affective. Enfin, troisième piste d’explication, Emmanuel Macron était en Australie au moment où son directeur de cabinet a eu connaissance de la vidéo. Il n’avait pas peut-être pas conscience du problème et n’était pas dans un bon contexte pour l’appréhender à cause de la distance ou du décalage horaire", analyse Arnaud Mercier.

Emmanuel Macron : l'opposition dénonce un ''scandale d'Etat"

Au-delà des violences supposément commises par le conseiller, l’affaire Benalla, révélée de la sorte, se teinte d’une aura de "dissimulation", et laisse planer un soupçon "d’entre soi" politique qui va à l’inverse de l’idéal républicain qu’a mis régulièrement en avant Emmanuel Macron.

En ce sens, la majorité prête le flanc aux accusations "d’affaire d’Etat" de le part de l’opposition. Jean-Luc Mélenchon a ainsi réagi au micro de BFMTV, estimant : "C’est l’autorité de l’Etat qui est engagée". Les s ocialistes comme Les Républicains intiment par ailleurs au gouvernement de venir s’expliquer devant le parlement, demandant notamment qui a donné l'autorisation à Alexandre Benalla de se rendre auprès des CRS et dans quelles conditions. "Une posture classique de l'opposition, dans ce genre de cas" note Arnaud Mercier.

Reste à savoir si Emmanuel Macron continuera sur la voie du silence. La carrière du collaborateur ne devrait cependant pas s’éterniser à l’Elysée, d’autant que les articles fleurissent actuellement sur un passé pas forcément glorieux et ajoutent au bad buzz. "Même si c'est quelque part un aveu de faiblesse de le congédier définitivement, la situation ne peut pas durer", relève Arnaud Mercier.

Le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb a annoncé que la police des polices avaient été saisie et une enquête préliminaire a par ailleurs été ouverte.