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Un serveur français travaillant à Vancouver (Canada) a été renvoyé, car jugé trop agressif. Une réputation qui colle à la peau des Français. Planet a essayé de comprendre pourquoi.

Guillaume Rey, un serveur français qui travaillait à Vancouver, a décidé de se retourner contre son employeur, qui l’avait viré, le jugeant "impoli et agressif" au cours d’une discussion avec sa direction. L’ex-employé a déposé plainte au Tribunal des droits de la personne contre ce qu’il estime être une attaque contre "la culture française". Il suffit de se pencher sur les différentes études de satisfaction et les sondages internationaux pour se rendre compte que le comportement des Français n’a pas toujours bonne presse à l’international. En 2009, une étude TNS Infratest jugeaient même qu’ils étaient les pires touristes au monde sur trois critères : la capacité à parler les langues étrangère, la générosité, et la politesse.

Comme l’explique Marie Treps, linguiste et sémiologue, et autrice de Oh là là ces Français (éditions La librairie Vuibert), à Planet, ce dernier cliché qui voudrait que les Français soient particulièrement impolis est lié à l’influence qu’a eue la langue de Molière dans le monde. "Le portrait que l’on fait des Français, à l’étranger, est souvent contrasté. Au 17ème et au 18ème siècle, la France était dans une position dominante. La langue française séduisait les élites, c’était la plus appropriée pour écrire et converser, des activités intellectulles. D’ailleurs les termes de politesse français se retrouvent un peu partout en Europe. Or c’est là où il y a contradiction. Si nous savons utiliser ces mots, nous pouvons avoir des attitudes inverses. On reproche aux Français ce qui, quelque part, nous attire chez eux", détaille-t-elle.

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Un phénomène qui se retrouve dans plusieurs autres stéréotypes associés aux habitants de l’Hexagone. La mode et l’élégance à la française sont célébrées dans le monde entier, et pourtant l’expression anglaise "french bath", soit le bain à la français, traduit le fait de masquer une hygiène douteuse derrière beaucoup de parfum, de fard ou d’artifice.

Des clichés qui évoluent

Les clichés et la façon dont ils se forment – "même s’il y a souvent un petit fond de vérité", concède l’autrice avec un sourire – évoluent aussi avec le temps. Si la langue française était célébrée comme le must des élites du 18ème siècle en Europe, certains formulations traduisent aujourd'hui le contraire. Par exemple, en anglais quand on utilise l’expression "Excuse my french", on indique qu’on va proférer des insanités. "Quand Saddam Hussein a été arrêté en décembre 2003, il est sorti de sa cachette en grommelant. Les dépêches américaines ont écrit ‘’he was speaking french’’. Les agences françaises ont d’abord traduit littéralement en écrivant qu’il parlait français, alors que ça voulait tout simplement dire qu’il proférait des insultes", raconte Marie Treps.

D’une autre façon la linguiste a remarqué que pendant près de 20 ans, jusqu’en 2015, les journaux allemands n’hésitaient pas à utiliser le terme "Grande Nation autoproclamée" pour parler ironiquement de la France : "Ca n’apparaît plus jamais après les attentats contre Charlie Hebdo en 2015, preuve que les stéréotypes peuvent se retourner et évoluer le temps."

Si la linguiste estime qu’il y a en France un certain art de la conversation et un goût pour le débat, elle assure que les Français eux-mêmes savent se saisir des propres clichés qu’on leur associe. "Il y a quelques années, j’ai participé à une émission de radio, et les auditeurs qui appelaient étaient ravis de dire "ah oui nous sommes comme ça ou comme ça"", raconte –t-elle. Peut-être parce qu’ils sont moins victimes des images d’Epinal et de cartes postales que peut renvoyer à son corps défendant la France…