Faut-il craindre la crise du pétrole qui s'annonce ?Istock
Le virus qui frappe la France n'est pas seulement accompagné d'une mise à l'isolement. Une autre crise, non pas sanitaire cette fois, pourrait aussi toucher votre porte-feuille. Explications.
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La guerre, semble-t-il, ne se limite pas au seul plan sanitaire. Confinement oblige, les Françaises et les Français circulent moins et moins encore en voiture. Cette situation ne touche d'ailleurs pas que l'Hexagone, puisque le 28 mars 2020, la moitié de la population mondiale était déjà mise à l'isolement, rapporte Paris Match. Un tableau bien sombre, somme toute, pour les grands industriels de l'or noir.

Pourtant, comme si les choses ne suffisaient pas, ces mêmes producteurs ont décidé de se mener une violente guerre des prix explique L'Express. Particulièrement abrupte entre la Russie et l'Arabie Saoudite, elle n'est pas sans conséquences sur les cours. Faute de pouvoir écouler les stocks, ces mastodontes de l'industrie pétrolière sont bien obligés de garder leurs barils au risque de faire grimper l'offre en période de chute de la demande.

C'est pourquoi, précise l'hebdomadaire, les prix du pétrole s'effondrent depuis lundi 30 mars 2020. "Le marché pétrolier affronte une crise centenaire", affirme par exemple Mediapart. Une analyse confirmée par le Journal de l'économie. Dans le détail, le baril s'échange à 20,36 dollars, ce qui représente une perte de deux tiers de sa valeur depuis le début de l'année. Une chute "jamais vue" depuis les attentats du 11 septembre 2001, fait savoir le site d'information spécialisé. Depuis, indique Capital, certains barils sont même descendus sous la barre du 0...

La baisse des prix du pétrole est-elle inquiétante ?

Pour les plus attentifs des Français – ou en tout cas ceux qui roulent le plus – l'impact immédiat de cette baisse des prix du baril s'est rapidement faire remarquer, précise le site spécialisé Auto Moto. Et, en apparence au moins, il peut sembler positif : le carburant coûte moins cher à la pompe. "Si nous sommes encore loin du record de 2015, avec un litre de gazole vendu à 99 centimes, cette baisse reste tout de même très importante", écrivent nos confrères.

En pratique, c'est le sans-plomb 95 qui bénéficie le plus de la baisse puisque son prix moyen s'établissait dernièrement à 1,366 euros par litre acheté. Une dégringolade de 5,20% environ, donc. Tout juste derrière, le SP98 a perdu 4,20% de son prix habituel et peut s'acheter pour 1,444 euros le litre, tandis que le gazole tombe de 3,80% et atterrit donc à 1,287 euros à la pompe. Si agréable puisse-t-elle sembler, une situation pareille a tout de même de quoi inquiéter... Certains craignent d'ailleurs une pénurie d'essence.

Mais le secrétaire d'Etat aux transports, Jean-Baptise Djebbari, a été sans appel. Il n'y a pas matière à faire des réserves. "Les stations-services seront opérationnelles, il n'y aura pas de pénurie de carburant", a-t-il fait savoir avant de rappeler que les raffineries fonctionnaient toujours, en dépit des efforts fournis pour lutter contre le coronavirus.

Des effets cachés à la baisse des prix, ou peut-on se réjouir ?

"Il n'y a pas matière à s'inquiéter ou à tergiverser : une baisse des prix du pétrole comme celle que l'on constate est toujours une bonne chose pour la France. Une énergie moins chère permet notamment de booster l'activité économique. Dans le cas présent, si le cours du baril demeure stable d'ici là, cela permettra une reprise à moindre prix, au terme de la crise sanitaire", estime Philippe Crevel, macro-économiste et président du Cercle de l'Epargne.

"Il s'agit d'une aubaine. Les Françaises et les Français qui le peuvent devraient d'ailleurs penser à investir dans le secteur tant que les prix sont bas. Il n'est pas besoin de s'incarner en pythie de mauvaise augure. C'est un marché résiliant", poursuit-il.

Les prix du pétrole finiront pas remonter

"N'oublions pas à quoi est due la baisse des prix : bien sûr, c'est le fruit des mesures de confinements prises un peu partout dans le monde, mais ce n'est pas l'unique raison à retenir. Le désaccord qui oppose l'Arabie Saoudite et la Russie a engendré l'inondation du marché par le premier de ces deux acteurs", rappelle d'entrée de jeu Philippe Crevel pour qui il importe de rappeler un élément essentiel : cette période est temporaire.

"Depuis l'Arabie Saoudite a demandé un rassemblement d'urgence entre pays de l'Opep et avant de rechuter, le cours du baril était légèrement remonté. Ce marché est très fluctuant et varie selon des enjeux géostratégiques complexes. D'expérience, les prix vont remonter. A la fin de la crise sanitaire, le baril devrait se vendre pour 60 dollars comme c'est traditionnellement le cas", prédit l'expert.