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C'est l'un des chantiers les plus ambitieux de l'exécutif, qui veut "plus d'équité". Toutefois, certains pourraient rester privilégiés…
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Réforme des retraites : les fonctionnaires vont-ils y gagner ?

C’est peut-être la réforme la plus explosive portée par l’exécutif jusqu’à présent. C’est l’une des raisons pour lesquelles Emmanuel Macron a d’ailleurs décidé d’en reporter les arbitrages, passées les élections européennes. Toutefois, certains d’entre eux sont connus depuis les annonces du Haut-Commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, notamment en ce qui concerne la fonction publique.

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"Régime universel ne signifie pas régime unique", expliquait l’ancien maire de Bapaume, ce mercredi 10 octobre. En théorie, le régime universel devrait intégrer l’ensemble des régimes spéciaux, qu’il s’agisse de ceux de la SNCF ou de la RATP, par exemple. "ll y aura nécessairement des adaptations du régime universel dans certaines branche s professionnelles", rappelle Philippe Crevel, économiste et directeur du Cercle de l’Epargne. Les fonctionnaires devraient d’ailleurs bénéficier d’un régime légèrement modifié. "Le gouvernement tient à tout prix à éviter les perdants, puisque ces derniers hurlent alors que les gagnants se taisent. C’est dans cette idée qu’il a décidé d’intégrer les primes des fonctionnaires, qui représentent entre 20 et 30% de leurs revenus selon les cas, au calcul de leurs droits à la retraite", explique l’économiste. 

"L’Etat fournit une garantie claire aux fonctionnaires. Ces derniers pourront d’ailleurs négocier plus d’avantages et des aménagements par la suite", ajoute-t-il, jugeant que l’on peut "effectivement ranger les fonctionnaires chez ceux qui profitent de cette réforme des retraites".

Réforme des retraites : qui sont les plus avantagés ?

Si Jean-Paul Delevoye a évoqué les grandes lignes et les premiers arbitrages de la réforme, il est encore trop tôt pour identifier clairement les gagnants objectifs de ce chantier. "Il manque encore trop de détails pour distinguer clairement tous les effets de la réforme des retraites voulues par Emmanuel Macron. Toutefois, en se basant sur l’application stricto sensu d’un régime par points, on peut désigner certains gagnants théoriques", analyse Philippe Crevel.

Selon lui, compte tenu de la modification du mode de calcul des droits à la retraites, les actifs dont les revenus n’augmentent pas soudainement en fin de carrière devraient profiter de la réforme. "A terme, le droit à la retraite sera calculé sur l’ensemble de la carrière. Aujourd’hui il regroupe les 25 meilleures années. Ce changement sera défavorable aux individus dont les revenus ont parfois fait le grand écart. En revanche, il favorisera les carrières plus lisses", estime le directeur du Cercle de l’Epargne.

Autres gagnants : les carrières longues et, d’une façon générale, les individus disposant d’un "nombre d’années travaillées élevé".

Réforme des retraites : un système plus équitable… Mais aux nombreux perdants ?

Quand bien même les détails manquent, des systèmes comparables ont été mis en place dans le nord de l’Europe. C’est notamment le cas en Suède où, d’après Challenges, les perdants ont été nombreux. L’hebdomadaire économique souligne les difficultés engendrées par le système à point pour les femmes et les carrières égrenées de haltes ou de véritables césures. 92% des Suédoises auraient bénéficié de pensions supérieures si le pays n’avait pas adopté le régime à point. 64% d’entre elles auraient même pu percevoir des sommes au moins 30% plus forte.

Autres perdants : les individus dont les études ont été longues ou qui ont suivi de longues formations pendant leur carrière. Parmi les fonctionnaires, les enseignants – qui touchent généralement moins de primes – sont les moins biens lotis, précise Franceinfo.

"Les carrières hachées sont effectivement les plus désavantagées. Par définition, le régime par point est défavorable à ceux qui ne cotisent pas, comme c’est actuellement le cas dans le cadre de l’Agirc-Arcco. Cependant, des mécanismes de compensation existent. On pourrait tout à fait imaginer qu’il soit possible de cotiser au chômage ou pendant une grossesse", estime pour sa part Philippe Crevel.