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Penelope Fillon n'est pas seulement l'épouse du candidat déchu de la droite à l'élection présidentielle ni uniquement celle qui a donné son nom à l'un des plus gros scandales politiques de ces dernières années. Dans "Penelope", Sylvie Bommel tente de percer le mystère de cette femme dont tout le monde ou presque connaît le nom et le visage, mais dont très peu de gens connaissent la véritable histoire.

Planet : Pourquoi avez-vous choisi d’écrire sur Penelope Fillon ?

Sylvie Bommel* : "J’aime bien ces histoires de destins qui basculent, de personnages qui se retrouvent tout d’un coup dans l’actualité. Penelope Fillon est une femme très discrète qui, soudainement, s’est retrouvé à faire la Une des médias des quatre coins du monde. Cette femme et son histoire ont fait naître des sentiments contractés chez la plupart des gens. A un moment on se disait ‘Oh la la, je la déteste’ et quelques jours plus tard, on se disait finalement ‘oh la pauvre femme’. Le cas de Penelope Fillon est beaucoup plus complexe que ce que l’on croit. Et c’est justement ça qui m’a donné envie d’écrire sur elle.

Planet : On a parfois l’impression que son parcours se résume à être l’épouse de François Fillon ? Qu’en est-il vraiment ?

Sylvie Bommel : Il y est vrai que Penelope Fillon a souvent fait ce que son mari voulait. En 2007 lors de l’entretien qu’elle avait accordé à Kim Willsher du Sunday Times, elle avait d’ailleurs employé une phrase qui résumait assez bien la situation : ‘Je suis le mouvement’. Mais parallèlement, elle a aussi réussi à s’imposer, à s’octroyer une marge de manœuvre. C’est notamment le cas avec son style vestimentaire. Penelope Fillon a son propre style. Elle ne suit pas la mode et est en quelque sorte une anti-Brigitte Macron. Malgré toutes ces années passées en France, elle demeure aussi très anglaise. Chez son coiffeur à Paris, elle avait par exemple l’habitude de demander une coupe qui ne soit surtout pas à la Française. Comprendre qui ne soit pas originale. A Matignon, lors d’un repas auquel elle avait convié tous les conjoints des ministres, Penelope Fillon avait par ailleurs refusé de faire un plan de table traditionnel, préférant que les invités piochent leur nom en arrivant. C’était très peu conventionnel et aussi très british !

Planet : On a souvent lu ou entendu dire que Penelope Fillon était de nature très discrète...

Sylvie Bommel : Penelope Fillon est capable de changer de trottoir si, dans la rue, des inconnus arrivant en face d’elle la reconnaissent. C’est vraiment un trait de caractère qu’elle a chevillé au corps. Même quand François Fillon était Premier ministre, on la voyait très peu. D’ailleurs quand, dans le cadre de sa campagne présidentielle, il lui a demandé de participer aux ‘Femmes avec Fillon’, elle a certes accepté car c’est une femme de devoir mais dès qu’elle le pouvait elle évitait de se montrer. Elle a ainsi assisté à 4 ou 5 meeting et à chaque fois, elle était horriblement mal à l’aise. A l’un d’eux, elle est même allée s’assoir parmi le public.

Planet : Au cours de votre enquête, qu’est-ce qui vous a le plus surprise ?

Sylvie Bommel : Son originalité, son amour absolument incroyable pour les chevaux mais aussi le fait qu’elle soit restée très anglaise. Penelope Fillon n’est pas simplement d’origine anglaise, elle dit elle-même qu’elle ‘a du mal avec les Français’. L’exemple du coiffeur l’illustre très bien mais on peut aussi regarder du côté de ses relations pour s’en rendre compte : elle ne fréquente quasiment que des compatriotes. Dans la Sarthe, elle a quelques amis français mais elle fréquente aussi beaucoup sa sœur, Jane, qui a épousé le frère de François Fillon.  De plus, bien qu’elle soit très gentille, Penelope Fillon n'a jamais fait de bénévolat, sauf quand il a fallu aider une Anglaise, Elaine Hardiman-Taveau, à promouvoir son association Asperger Aide France. En somme, nous avons bien failli avoir une Première dame très british !". *Sylvie Bommel est l’auteure de Penelope (ed. JC Lattès)