Supermarchés : Farine, pâtes, jambon... Bientôt une augmentation des prix ?IllustrationIstock
Blé, maïs, soja… Depuis plusieurs mois, les cours des matières premières agricoles bondissent et font exploser ceux de l'alimentation animale. Une répercussion sur les consommateurs est à craindre. Qu'en disent les experts ?
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L’inquiétude est grande chez les agriculteurs. Les cours des matières premières explosent depuis plusieurs mois déjà. En France, le tourteau de soja a augmenté de 55% entre août 2020 et mi-janvier 2021. Il a ainsi atteint ponctuellement 495 euros la tonne ; un record depuis 2012, d’après l’Institut du porc (Ifip). Le blé français a de son côté flambé de 10% sur les seules deux premières semaines de janvier, montant la tonne à 239 euros sur le marché d’Euronext. Ce n’était pas arrivé depuis 2013. Quelles en sont les causes ?

Explosion des tarifs des matières premières : importation record, taxe et mauvaise récolte

En 2020, la Chine a importé des volumes record de matières premières agricoles : 100 millions de tonnes de soja (soit +13% en un an), 11,3 millions de tonnes de maïs (soit +57%) et de blé. "Après avoir asséché la grande partie des stocks de soja brésiliens, la Chine s’est tournée vers les États-Unis", indique d’ailleurs Manon Sailley, analyste économique de l'alimentation animale et matière première chez l’Ifip. Objectif, rétablir son cheptel porcin, anéanti par la fièvre africaine. Le déséquilibre entre l’offre et la demande a toutefois été important, du fait par exemple de l’instauration de taxes sur les exportations de blé en Russie, qui entend contrôler la hausse des prix intérieurs. En Europe, dont la France est le premier producteur du continent, les mauvaises conditions climatiques ont eu des répercussions néfastes sur la récolte 2020 (-26,5%), rapporte BFMTV.

Ainsi, "dans le contexte de marché actuel, les niveaux de prix resteront bien supérieurs aux années passées", analyse l’Ifip. "Personne n’a de boule de cristal mais, a priori, la demande chinoise va rester très dynamique", estime Manon Sailley. Il suffit que les prochaines récoltes présentent "des rendements un peu décevants, une logistique bridée, ou des reports dans les exportations", pour que "la volatilité des prix s'accentue à la hausse", prévient la spécialiste.

Quelles conséquences pour les agriculteurs et les consommateurs ?

Matières premières : plusieurs filières sont inquiètes

Selon l’Ifip, les prix du blé fourrager dans l’Hexagone devraient augmenter de 26% entre le premier semestre 2020 et le premier semestre 2021, contre 20% pour le maïs et 34% pour le tourteau de soja. De quoi inquiéter différentes filières (viande, lait, œufs) dépendantes des matières premières agricoles pour l’alimentation animale. Les prix de cette dernière devraient ainsi grimper de 11% entre juillet 2020 et juin 2021, soit son plus haut niveau depuis l’été 2013, à près de 300 euros la tonne.

Cette réduction des marges des agriculteurs pourrait ainsi avoir une répercussion sur les prix dans les supermarchés.

Supermarchés : les produits qui pourraient être vendus plus cher

Jambon, saucisson, pâtes, blé… Les tarifs vont-ils augmenter ? Les négociations commerciales entre industriels et distributeurs sont toujours cours. Si, selon Manon Sailley, "les éleveurs mettent en avant l’augmentation des matières premières pour faire passer des hausses de prix", certaines enseignes requièrent de leur côté des baisses de prix.

Une attitude qui a de quoi indigner la FNSEA, principal syndicat agricole, qui alerte sur les "hausses très importantes de chiffre d’affaires de la grande distribution" du fait des restrictions sanitaires et fermetures des restaurants. "En parallèle, nous déplorons des demandes de déflation de la part de ces mêmes enseignes, alors que les cours de certaines matières premières augmentent et renchérissent considérablement le coût de l’alimentation animale pour tous les éleveurs. Il est indispensable que ces hausses de coût de production soient répercutées dans les CGV (Conditions Générales de Vente)", juge le syndicat.

Le gouvernement entend d’ailleurs mettre la pression sur les distributeurs, afin qu’ils respectent la loi EGalim, instaurée pour une meilleure répartition de la valeur tout au long de la chaîne alimentaire.