Le Bataclan le 13 novembre 2018 lors d'une cérémonie d'hommage aux victimes - BENOIT TESSIER / POOL / AFPAFP
Cédric, responsable de l'équipe du Samu, ne savait pas si la jeune femme avait survécu après l'attentat.

Bataclan : sauvée dans un hôpital de fortune

Gaëlle est une miraculée des attentats du Bataclan. Le 13 novembre 2015, elle était au concert du groupe Eagles of Death Metal quand la salle a été attaquée par trois terroristes armés. Gravement blessée au visage, la jeune femme de 37 ans a survécu grâce à l’intervention des équipes du Samu. Celui qui l’a prise en charge ce soir-là s’appelle Cédric. Avec ses cinq collègues, ils s’étaient installés dans un restaurant japonais, organisant un hôpital de fortune pour gérer l’urgence de la situation. Mais depuis, Cédric, tout comme ses collègues, ne savait pas si Gaëlle avait survécu. Et puis trois ans plus tard, il la reconnaît, dans Le Parisien. Le journal publie dimanche 9 décembre deux pages sur l’exposition de la photographe Candice Cellier, consacrée aux visages réparés à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris. Dans le coin, Gaëlle est là. La partie de son visage gauche emportée par une balle.

Des retrouvailles pour aller de l’avant

"Cédric a lu le journal et m’a reconnue. Son épouse m’a dit qu’il en avait pleuré. Ne pas savoir ce que j’étais devenue a hanté ses nuits. Pour lui, j’étais le symbole de la jeunesse parisienne attaquée ce soir-là", confie au journal Gaëlle. C’est ainsi que le sauveteur a pu rentrer en contact avec celle à qui il a sauvé la vie. Par téléphone, les retrouvailles ont été émouvantes, et surtout, éclairantes pour les deux parties. Gaëlle ne se souvient pas très bien de cette nuit, de comment elle a survécu. Cédric lui a donc raconté les détails, le restaurant, les douleurs. "J’ai longtemps cherché ce restaurant dans le quartier sans le trouver. Cela me troublait. De ce moment, j’ai des flashes, des morceaux de puzzle, mais mon histoire est incomplète depuis trois ans", explique-t-elle.

Pour la jeune femme, les sauveteurs font partie intégrante de son histoire et de cette nuit-là. Ils n’ont pas été blessés "mais, ils sont comme nous des victimes. Ils ont côtoyé l’horreur, ont vécu une scène de guerre. Il ne faut pas minimiser leur traumatisme. Alors, se retrouver, c’est juste magique", raconte Gaëlle. Grâce à cette rencontre par téléphone, elle espère continuer son travail de reconstruction. "Ces choses, j’ai besoin de les savoir pour les digérer et ensuite, je l’espère, les enfouir."

À voir en vidéo - L'"énorme pied de nez à la vie" d'un survivant du Bataclan