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La fusillade qui a éclaté au Parlement canadien mercredi 22 octobre montre l'importance du phénomène des "loups solitaires".
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Avant Michael Zehaf-Bibeau à Ottawa, Mohammed Merah à Toulouse, Mehdi Nemmouche à Bruxelles, Michael Adebolajo et Michael Adebowale à Londres, les frères Tsarnaev à Boston… Tous ces terroristes ont un point commun : avoir été qualifiés de "loups solitaires" par les médias.

Par ces termes, sont généralement désignés ces hommes qui agissent de manière isolée en faisant irruption dans un lieu (souvent symbolique) dans l’intention d’y semer la mort. L’entreprise djihadiste n’est pas automatiquement un dénominateur commun à tous ces individus à l’image des massacres perpétrés en Norvège par Anders Behring Breivik.

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Même s’ils s’inscrivent dans un contexte plus large que celui de l’initiative strictement personnelle, ces individus fondus dans la société dans laquelle ils évoluent peuvent frapper à tout moment en déjouant la vigilance des services souvent focalisés sur les "organisations" et "filières" terroristes.

Sont-ils connus des services de renseignement ?

Dans les exemples cités plus haut, beaucoup faisaient l’objet d’une surveillance (plus ou moins accrue) de la part des services de reseignement des pays dans lesquels ils vivaient. Parmi eux, Mehdi Nemmouche et Mohammed Merah en France mais aussi Michael Adebolajo et Michael Adebowale en Angleterre étaient respectivement connus par la DCRI pour les premiers et par le MI-5 pour les seconds.

Dans le cas de la fusillade du mercredi 22 octobre à Ottawa, Michael Zehaf-Bibeau était connu des services secrets canadiens et s’était récemment fait retirer son passeport en raison de sa volonté de rejoindre les rangs de l’Etat Islamique. Dès lors une question se pose. S’ils sont connus, pourquoi et comment peuvent-ils passer à l’acte ?

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Selon Jean-Pierre Filiu, professeur à Sciences Po, ces initiatives individuelles sont "quasiment impossibles à prévenir". Ce dernier expliquait à l’AFP au moment des attentats de Boston que ces actes "ne s’inscrivent pas dans le cadre d’une planification terroriste comme cela avait pu être le cas en Espagne en 2004". "Nous savons lutter contre des organisations ayant une stratégie politique ou un projet terroriste mais pas contre ces actes commis par des gens isolés qui relèvent du pulsionnel, du pétage de plomb de jeunes radicalisés via internet" concédait pour sa part le juge antiterroriste Marc Trevidic dans les colonnes de Libération.

Comment lutter contre ce phénomène ?

En fait, l’expression "loups solitaires" est pour le moins biaisée. En effet, dans les différents exemples cités ici, les instigateurs de ces projets terroristes "ne sont pas déconnectés de toute infrastructure" faisait remarquer Marc Trevidic. Et pour cause, que ce soit pour Mehdi Nemmouche, Mohammed Merah ou Michael Zehaf-Bibeau, tous ont en commun le fait d’être rentrés en contact avec des organisations terroristes.

"Ce type de terrorisme se forme à travers un long parcours souvent, et des rencontres, des voyages à l'étranger, des camps d'entraînement, des relations sur internet, à travers des mosquées souvent isolées avec des prêcheurs radicaux, la prison, ce n'est pas nouveau" notait pour sa part Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, au moment de l’assassinat à la machette du soldat britannique dans les rues de Londres.

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Alors, quels moyens ont les autorités françaises pour lutter contre ce phénomène ? Ayant ciblé la spécificité de ce type d’entreprise, le plan anti-jihad présenté par Bernard Cazeneuve comprend un volet dédié à la lutte contre les "loups solitaires". En outre, les parlementaires ont voté en septembre dernier l’instauration du délit "d’entreprise terroriste individuelle".

Venant compléter "l’association de malfaiteurs" cet outil législatif pourra être invoqué par la justice en cas de détention d’armes ou d’engins explosifs par le suspect, de consultation régulière de sites de propagande, de voyages dans des zones concernées par le terrorisme ou autre activité numérique faisant l’apologie du terrorisme.

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