Occitanie : trois femmes disparaissent en deux moisAFP
INTERVIEW. Delphine Jubillar, Aurélie Vaquier et Florence Potier ont disparu après être parties de chez elles. On fait le point avec Alain Bauer, professeur de criminologie.
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Des familles inquiètes et des enquêteurs qui s’activent. Trois femmes ont disparu en deux mois en Occitanie et n’ont plus donné signe de vie, rapporte La Dépêche du Midi. Tout a commencé en décembre 2020 avec la disparition de Delphine Jubillar, qui n’a toujours pas été retrouvée. La mère de famille de 33 ans aurait quitté son domicile de Cagnac-les-Mines (Tarn) dans la nuit du 15 au 16 décembre et ne serait jamais rentrée, partant seulement avec un manteau et son téléphone portable. Autour d’elle, c’est la stupéfaction : comment cette mère de deux jeunes enfants, entourée de ses proches et qui aimait son travail, aurait-elle pu partir volontairement ? Si une enquête a rapidement été ouverte pour disparition inquiétante, les gendarmes de la section de recherche de Toulouse ont toujours plus de questions que de réponses.

Disparitions en Occitanie : trois femmes disparaissent en deux mois et demi

Dans la même région, mais cette fois-ci dans l’Hérault, c’est la disparition d’Aurélie Vaquier qui mobilise ses proches et les enquêteurs. La jeune femme est âgée de 38 ans et n’a pas donné de nouvelle ni à sa famille ni à son conjoint depuis le 28 janvier. Comme l’explique le quotidien local, elle était alors partie de son domicile de Bédarieux et ne possède ni véhicule ni téléphone portable. Un appel à témoins a été lancé par la gendarmerie de l’Hérault le 24 février, près d’un mois après sa disparition. On ne sait pas, pour l’heure, ce qui a pu arriver à la jeune femme.

C’est désormais une troisième disparition qui inquiète les gendarmes de Haute-Garonne, celle de Florence Poitier, âgée de 54 ans. Le 23 février, elle a quitté son domicile d’Auriac-sur-Vendinelle, mais en voiture et n’a pas donné de nouvelle à ses proches depuis cette date. Faut-il voir un lien entre ces différentes affaires ?

Disparitions en Occitanie : "La région est vaste"

Il serait évidemment hasardeux de faire un lien entre ces trois disparitions. Comment expliquer qu'elles aient lieu en deux mois dans la même région ? Interrogé par Planet, le professeur de criminologie Alain Bauer, qui enseigne au Conservatoire national des arts et métiers, rappelle que l’Occitanie est assez vaste avec ses 13 départements, allant des Pyrénées-Orientales au Lot. Si on a l’impression que tout se produit au même endroit, c’est que les disparitions dans un même secteur "se voient plus depuis une vingtaine d’années, depuis qu’on s’occupe vraiment de ces affaires".

Ici, ce sont plusieurs services de gendarmerie différents qui travaillent sur les disparitions. Impossible donc de faire un lien entre les trois enquêtes ? Pas forcément pour Alain Bauer, qui explique que le parquet, "le seul maître de l’enquête", peut décider de faire le lien entre plusieurs dossiers s’il l’estime pertinent. Dans le cas où ce sont des départements différents, "les parquets vont se parler, grouper les affaires ou demander aux équipes en charge des enquêtes de transmettre les différents éléments aux autres équipes". Pourquoi ces disparitions sont-elles qualifiées d’inquiétantes ?

Disparitions en Occitanie : "1 000 disparitions par an sont extrêmement inquiétantes"

En France, environ 50 000 personnes disparaissent chaque année, car "les gens ont le droit de disparaître", rappelle Alain Bauer à Planet. Si la personne est majeure, ce sont les différents éléments dont disposent les enquêteurs qui permettront de qualifier cette disparition d’inquiétante, ou non. "Sur les 50 000 disparitions annuelles, environ 10 000 sont assez ennuyeuses et 1 000 sont extrêmement inquiétantes", précise le professeur en criminologie. Delphine Jubillar, Aurélie Vaquier et Florence Potier sont toujours activement recherchées par les gendarmes.