Un document "confidentiel" révélé au grand jour ennuie fortement le président de la République. Selon le Canard enchaîné, qui a mis au jour l'information, la carte judiciaire devrait être réformée en fonction des résultats électoraux de LREM aux municipales. Voici ce que l'on sait.
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Scandale en vue ? Selon un extrait de note publié par le Canard enchaîné,la Chancellerie envisagerait de maintenir ou supprimer des postes de juges en fonction des résultats électoraux de LREM. Le document "confidentiel", stipule que le ministère de la Justice a sollicité "une réunion" avec l’un des conseillers du Premier ministre et "les experts des élections municipales" de la République en marche.

Objectif ? Connaître les villes potentielles "cibles électorales" afin de pouvoir "différer les annonces" de la réforme de la carte judiciaire, rapporte le Huffingtonpost.

Emmanuel Macron est donc sommé de réagir : "Face à de telles révélations, vous ne pouvez rester muet", lui ont écrit 24 députés de droite ce mercredi 23 octobre.

"Il est de votre devoir d’agir dans le cas d’espèce, afin de mettre un terme à toute manipulation de l’organisation de la justice organisée par le pouvoir exécutif pour assouvir des objectifs électoralistes"

Réforme de la carte judiciaire : la note existe bel et bien

D’autant que la ministre de la Justice Nicole Belloubet n’a pas démenti l’existence de cette note controversée. Interrogée ce mercredi même sur Sud Radio, elle s’est toutefois défendue de tout "favoritisme". Le patron de La République en marche Stanislas Guerini, a d’ailleurs confirmé ces faits ce jeudi 24 octobre sur France Inter : "En aucun cas les choix de la chancellerie ne sont faits en fonction des résultats électoraux".

Les réactions ne se sont pas faites attendre. Les politiques ont immédiatement fait part de leurs désapprobations.

Réforme de la carte judiciaire : droite et gauche consternées

Selon Julien Aubert, député à l’initiative de la lettre envoyée au chef de l’Etat, cette note est "lamentable". Voici ce qu’il a déclaré ce jeudi sur RFI : "c’est d’abord atteindre durablement la crédibilité de l’Etat, deuxièmement c’est instrumentaliser l’Etat à des fins électorales et troisièmement c’est particulièrement bas, je trouve, en termes de vision de ce que doit être un Etat moderne".

Jean-Luc Mélenchon, dénonce aussi cette note via Tweeter . “Après l’instrumentalisation, la domestication. Après les pressions, la menace. Belloubet va virer les procureurs des villes qui ne voteront pas assez LREM. L’indépendance de la justice ? Qui peut y croire?”.

Boris Vallaud, le porte-parole du PS, fustige également cette initiative venant du ministère de la justice.

Réforme de la carte judiciaire : les magistrats montent aussi au créneau

Les syndicats de magistrats s’indignent tout autant. Dès les révélations du Canard enchaîné, Ils ont fait part de leur "consternation" et "stupéfaction". lUSM (Union syndicale des magistrats, majoritaire) a d’ailleurs blâmé via un communiqué "la mainmise du politique sur l’organisation de la justice, totalement inacceptable dans une démocratie digne de ce nom”, et canonné une “scandaleuse instrumentalisation de la réforme de la Justice à des fins électoralistes".

L’USM "exige" donc "que tous les projets de suppression fassent l’objet d’un argumentaire détaillé, en toute transparence et en concertation avec les acteurs locaux de la Justice"

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Quelle sera la stratégie d'Emmanuel Macron pour tenter d'endiguer cette polémique ?