Carnet de bord : Dubrovnik, piège à touristes ? AFP
Touristes en surnombre, prix exorbitants, centre historique bondé, la perle de l'Adriatique s'est transformée en machine à détrousser les visiteurs. Notre journaliste l'a visitée... et n'en est pas enchanté !
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Avis aux agoraphobes ! 

De toutes les villes côtières européennes, Dubrovnik est certainement en tête des pièges à touristes. Le ton est donné dès que l’on franchit l’une des deux deux entrées perçant les remparts de cette ville-citadelle, construite en surplomb de l’Adriatique : le passage est divisé en deux par une corde tirée sur la longueur. A gauche, les touristes quittant la cité historique. A droite, ceux qui tentent d’y entrer. Il ne manque que des feux rouges à piétons !

Inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, Dubrovnik attire grâce à la mer et à son architecture de toute beauté. Bien sûr, en 1991, lors du siège de la ville, des obus de mortier serbo-monténégrins sont tombés sur cette cité-forteresse. Mais, comme ce fut le cas, après le pilonnage (3000 boulets tirés) de la marine monténégrine en 1806, les Croates ont ressorti leurs truelles. Les dégâts ont été réparés. Aujourd’hui la ville donne le sentiment d’être dans son jus. Elle a d’ailleurs servi de décor aux scènes en extérieur de Port-Réal dans la série Game of Thrones. Ses fans ?, plus de 2 millions par an, sont venus s’ajouter aux visiteurs provenant des paquebots qui font escale dans le port de la ville. Des norias de bus et de taxis les déversent chaque jour durant la belle saison. Théoriquement, Dubrovnik limite à 5000 le nombre d’entrées dans sa partie historique. Mais ce quota n’est pas respecté.

Groupes de Nordiques, Japonais sous des ombrelles, famille d’Anglo-Saxons, Chinois, touristes d’Europe de l’Est, quelques Français dans les musées, des Italiens… Dubrovnik démontre que la nature a horreur du vide. On se marche sur les pieds. Partout, c’est le trop-plein.

Cohue et prix prohibitifs 

On circule en tentant de garder ses distances entre la vague humaine qui précède et celle qui suit. Le long du Stradun, la rue principale de la ville, c’est la cohue non-stop. Et c’est la foire d’empoigne dans les rues étroites striant la ville. On y trouve un restaurant tous les 10 mètres. Les gargotiers y ramassent l’or ou plutôt le kuna (la monnaie locale) à la pelle tant les tarifs sont prohibitifs. Difficile de tomber sous les 15/20 euros quelque soit le plat commandé. Une bouteille de vin blanc local est facturée au moins une trentaine d’euros, près de 50 euros pour un rouge. Si on se rabat sur la bière, mieux vaut éviter les marques étrangères, vendues entre 6 et 10 euros, et opter pour une production croate (à peu près 4/5 euros le demi).

Le pire : il n’y a aucune façon d’échapper à ce racket. En haute saison la concurrence ne joue pas. Les touristes remplissent automatiquement les milliers de tables qui occupent le rez-de-chaussée d’immeubles où les restaurants ont remplacé les commerces traditionnels. La seule épicerie située dans la vieille ville affiche complet en permanence.

Choisissez bien votre hébergement ! 

Ces prix cathédrale sont aussi de mise quand il s’agit de se loger. Les rares mètres carrés sont rentabilisés. En haute saison, la location en ligne d’un appartement situé vers les remparts, côté mer, tourne autour de 1500 euros/semaine. Les hôtels ne sont pas tous rutilants. La nuitée y coûte pourtant de 80 à 100 euros. Et mieux vaut choisir un hôtel bien isolé. Car la nuit est bruyante à Dubrovnik. Concerts, terrasses ouvertes jusqu’à pas d’heure, sorties de boîte, touristes éméchés déambulant dans les rues étroites… Pour trouver le sommeil dans une chambre donnant sur un lieu de brassage nocturne, il faudra attendre 2 ou 3 heures du matin. Sachant que les services de nettoyage de la ville opèrent dès le lever du jour…

Dubrovnik vend un "pass" donnant accès aux principaux sites touristiques. Ils sont d’intérêt inégal. Si le musée d’art moderne est à voir, ne serait-ce que pour son emplacement de rêve, la maison de Marin Držić, le grand dramaturge local, se visite en quelques enjambées et le musée de la marine peut être oublié à moins d'aimer les maquettes.

L’une des plus grosses arnaques touristiques de la ville concerne le téléphérique (22,5 euros/personne). Il mène jusqu'au sommet du mont Srđ d’où l’on domine la citadelle. Bondées, les nacelles circulent parfois uniquement dans le sens de la montée. Ne reste alors que deux solutions pour repartir : redescendre à pied (405 mètres de dénivelé, jusqu’à 69% d’humidité…) ou prendre un taxi qui facturera la course au prix fort, mais avec un bon sourire !