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Sept heures durant, le président de la République a débattu avec plusieurs centaines de maires normands, à Grand-Bourgtheroulde (Eure, Normandie), ce mardi. La performance d'Emmanuel Macron a été saluée, mais ce n'est pas la seule chose à retenir de ce long échange…
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Marathon, moqueries : comment s’est passé le lancement du "grand débat national" pour Emmanuel Macron ?

Le 15 janvier dernier, le président de la République a passé la journée à Grand-Bourgtheroulde, une commune normande issue de la récente fusion de trois villages. Toutefois la venue d’Emmanuel Macron n’avait rien d’un voyage privé dans une région qu’il affectionne. Si le chef de l’Etat s’est rendu dans l’Eure, c’est pour lancer le "grand débat national", qui durera jusqu’au 15 mars prochain. Il a donc rencontré 650 élus locaux et débattu avec eux pendant près de 7h, rapporte France Culture.

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Lors de ce véritable marathon, le président a abordé de nombreux sujets, au gré des questions des maires qui lui ont parlé tour à tour des radars, de la dématérialisation de l’administration, des maternités qui ferment, de la proportionnelle ou, entre autres sujets, de la fiscalité locale. Sans note, il a été à même de fournir des détails techniques et nombre de chiffres.

Une performance saluée par la majorité : les députés et les membres du gouvernement ont largement encensé le président comme l’indique le Huffington Post. Mais ils ne sont pas les seuls à avoir apprécié la prestation d’Emmanuel Macron puisque ce dernier aurait eu droit à une ovation de la part des maires – qui s’étaient levés – vers 22h10. Plus tard, le chef de l’Etat a confié vouloir faire de ce débat un "acte 2" de son mandat.

Naturellement, tout un pan de l’opposition n’a pas partagé l’avis des élus de La République en Marche (LREM). D’après France Culture, le dialogue d’Emmanuel Macron aurait été perçu comme long et aseptisé, sous cloche même. Florian Philippot l’a d’ailleurs comparé à Fidel Castro, en référence à la taille de leurs discours…

L’exercice, s’il pouvait sembler risquer, demeurait toutefois sécurisé rappelle la radio. Et pour cause : le choix de l’Eure survient alors que Sébastien Lecornu, son ancien président, est devenu le ministre chargé de l’animation du débat. Les maires présents dans la salle étaient pour parties des amis… Et dépendent de toute façon du département pour financer leurs collèges ou leurs voiries.

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Certains maires n’ont pas hésité à chambrer le président de la République. En plein débat sur la mobilité en zone rurale, quelques élus l’ont interrompu. "On a dit à nos concitoyens, tu veux un boulot, tu dois venir travailler dans la grande ville", commence le chef de l’Etat sans pouvoir terminer. "Tu traverses la rue", ont immédiatement renchéri plusieurs des 650 maires présents à Grand-Bourgtheroulde. Une réplique, tournant en dérision certains propos du locataire de l’Elysée qui a déclenché des rires dans l’assistance, souligne RTL.

"Moi, là ou j’habite, en traversant la rue, je peux vous dire on en trouve", assure Emmanuel Macron, non sans faire allusion au quartier du palais présidentiel dont la situation n’est pas nécessairement représentative du reste de la France. Ce qu’il a laissé entendre par la suite.

"Parfois on fait des caricatures, en pensant que ce qu’on dit un moment à quelqu’un, de bonne foi, ce serait un message vers tous les Français", poursuit l’ancien ministre de l’Economie. "On est au temps du numérique, de l’info en continu, je suis comme ça je ne changerai pas", a-t-il achevé.

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Sur la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune, Emmanuel Macron a été ferme. Il a assuré que le sujet n’était "pas du tout un tabou, ni un totem" mais aussi qu’il ne fallait pas "raconter des craques". "C’est pas parce qu’on remettra l’ISF comme il était il y a un et demi que la situation d’un seul gilet jaune s’améliorera. Ca, c’est de la pipe", a-t-il soutenu.

Toutefois, sur les 80 km/h, le président de la République s’est montré ouvert à de possibles aménagements. La mesure, très décriée, constituait la première source de tension au sein du tandem exécutif, comme le rappelait Planet, récemment. "Il faut ensemble que l’on trouve une manière plus intelligente de le mettre en œuvre. Il n’y a pas de dogme", a assuré le chef de l’Etat. Il a d’ailleurs envisagé davantage d’autonomie locale pour choisir quelles départementales devraient être limités à 80 ou 90 km/h, rapporte Europe 1. D’une façon générale, il a plaidé pour un retour de la responsabilité "au plus près du terrain" pour "remettre du contact, de la clarté et du sens dans nos décisions". Quitte à rouvrir la loi NOTRe.

Par ailleurs, lors de ce long échange ressemblant étrangement aux exercices de questions-réponses pratiqués pendant sa campagne présidentielle, Emmanuel Macron a dit sa réticence pour le référendum d’initiative citoyenne (RIC). Il a en effet exprimé certaines craintes pour la santé de la démocratie parlementaire, que ce dispositif pourrait tuer selon lui. "Il faut qu’on mette une forme de verrou, quand le peuple s’est exprimé référendum sur un sujet" a-t-il commencé, estimant qu’il fallait faire en sorte que "le peuple souverain, par la voie de ses représentants, ne [puisse] pas y revenir pendant une certaine période, en tout cas dans les mêmes termes."