Image d'illustration - XAVIER LEOTY / AFPAFP
Migrants cachés dans une cuve, forcené retranché ou encore cafés au laxatif, les manifestations des "gilets jaunes" n'ont pas été de tout repos. 
Sommaire

Sur le point d’accoucher, une femme aidée par des "gilets jaunes"

Mobilisation oblige, dans les Landes, jeudi 22 novembre, des "gilets jaunes" bloquent un rond-point près de l’autoroute A3. Sur place, les manifestants n’empêchent pas la circulation, ils cherchent à être vus et sont d’ailleurs surveillés par la gendarmerie. Mais dans le milieu de la matinée, une voiture ralentit à leur niveau, rapporte France Bleu Gascogne.

Au volant, un jeune homme cherche de l’aide, car sa femme, enceinte, vient de perdre les eaux. Ils étaient en route pour la maternité de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) quand c’est arrivé et ont eu peur de ne pas arriver à temps. Alertés, Éric, un ancien pompier et une aide médico-psychologique, vêtus de leur gilet jaune, interviennent. Ils aident la jeune femme à gérer ses contractions pendant que les gendarmes instaurent un périmètre de sécurité autour de la voiture. Les pompiers sont ensuite intervenus et ont accompagné la future mère à l’hôpital. De leur côté, les "gilets jaunes" sont fiers et Noël, l’un des manifestants présents, rêve même un peu : "On espère qu'il l'appellera Yellow".

Soupe et cafés à volonté… Au laxatif !

Tout le monde ne porte pas les "gilets jaunes" dans son cœur. Les manifestants sur le rond-point de Kingersheim (Haut-Rhin), lieu important de la mobilisation, en ont fait les frais vendredi 23 novembre. Alors que les soutiens sont nombreux et les dons de vivres fréquents, ils ont été victimes d’une mauvaise plaisanterie, plusieurs jours de suite, rapporte le quotidien Les Dernières Nouvelles d’Alsace. En effet, profitant de la réunion, une personne est venue apporter de la soupe chaude à ces "gilets jaunes". Mais la boisson réconfortante était en fait remplie de laxatifs. Selon la police, une vingtaine de personnes en a consommé et s’est retrouvée fortement incommodée. L’auteur du méfait est toujours inconnu et aucune plainte n’a été déposée.

Les gilets jaunes de ce barrage ont également été victimes de cafés assaisonnés au laxatif quelques jours plus tôt. Ces idées saugrenues ont été relayées sur les réseaux sociaux par des Français opposés au mouvement des "gilets jaunes".

L’arroseur arrosé… Quand les chauffeurs routiers bloquent les "gilets jaunes"

Entre les "gilets jaunes" et les chauffeurs routiers, le ton est monté. Mardi 20 novembre, dans la Manche, certains chauffeurs bloqués sur l’A84, lassés d’attendre, ont décidé de renverser la situation. L’idée a germé de prendre les bloqueurs à leur propre jeu. Ils ont donc piégé les "gilets jaunes" en positionnant un camion semi-remorque au milieu de la route. "Ils ne veulent pas faire du filtrant ? Eh ben on va les bloquer aussi. Ils verront ce que c'est de pas rentrer chez soi le soir", a déclaré l’un deux, selon France Bleu Cotentin. 

L’idée a fonctionné puisque les "gilets jaunes" les ont laissé repartir. Les manifestants ont cependant cédé cette fois-ci, mais déclaré vouloir bloquer d’autres routes départementales. "On va se répartir sur les petites routes pour bloquer les camions plus loin", a ainsi menacé un "gilet jaune" auprès de la radio locale. Depuis lundi 19 novembre, la Fédération nationale des transports routiers (FNTR) s’est désolidarisée du mouvement qui prend des formes très diverses.

Quand des "gilets jaunes" découvrent six migrants

À Flixecourt dans la Somme, mardi 20 novembre, des "gilets jaunes" installés à un barrage ne s’attendaient pas à faire une si grande découverte. Dans la matinée, ils ont entendu des bruits, émanant d’un véhicule. Dans la cuve d’un camion semi-remorque immobilisé à proximité, les manifestants ont mis à jour la présence de six migrants, rapporte France 3 Hauts-de-France. Ces derniers étaient enfermés dans la citerne du camion, immatriculé en Belgique. Les "gilets jaunes" ont appelé les gendarmes et, galvanisés par leur action, ont filmé la scène.

Dans une vidéo, un des "gilets jaunes", dont on ne voit pas la tête, se félicite de cette action. Petit à petit, les commentaires deviennent violents à l’égard des migrants : "Quelle bande d'enc***", entend-on alors. "Ça va encore être pris sur nos impôts." Et lorsque les migrants descendent du camion, l'internaute lâche un "t'as le sourire, enc***". La CGT douanes a par ailleurs porté plainte pour "incitation à la haine raciale". On entend en effet dans une autre vidéo un manifestant se congratuler d’avoir "fait mieux que la douane".

Un homme menace l’Élysée

Si de nombreuses manifestations de "gilets jaunes" étaient pacifiques, certaines personnes ont créé des troubles plus importants que de simples barrages routiers. Dans un centre commercial d’Angers (Maine-et-Loire), un homme s’est retranché vendredi 23 novembre, une grenade à la main. À 16h45, une équipe du RAID de Rennes (Ille-et-Vilaine), alertée, se rend sur place pour négocier avec le forcené. Les "gilets jaunes" installés à côté se sont désolidarisés de l’homme. Pendant quatre heures, ce dernier, connu des services de police et âgé d’une cinquantaine d’années, a assuré détenir des "sacs" et des "explosifs". 

"Les forces de l'ordre ont activé un périmètre de sécurité. Toutes les personnes présentes ont pu être écartées et sont hors de la menace de l'individu", a expliqué la préfecture du Maine-et-Loire. L’intervention terminée sans heurts, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, a félicité les forces de l’ordre. "Prétendant agir au nom des 'gilets jaunes', il disposait d'éléments explosifs non identifiés et de grenades trafiquées. Merci à nos forces qui nous protègent", a-t-il tweeté.

Anne Hidalgo incite à admirer la tour Eiffel… En pleine manifestation

Samedi 24 novembre, les "gilets jaunes" sont plus mobilisés que jamais avec la manifestation parisienne. De nombreux appels ont été lancés sur les réseaux sociaux pour se réunir à différents endroits dans la capitale. La préfecture de police, elle, n’a autorisé qu’un seul lieu : le Champ-de-Mars, au pied de la tour Eiffel. Dans ce contexte tendu, la maire de Paris a mal choisi son créneau pour poster un tweet : "Et si vous profitiez du week-end pour braver le froid et venir, admirer les superbes illuminations de l’avenue des Champs-Élysées inaugurées jeudi soir ?”, a ainsi proposé Anne Hidalgo. 

L’erreur de communication a été rapidement corrigée, mais pas assez vite pour certains internautes qui se sont empressés de reprendre l’information. "Oui oui venez tous et toutes ce soir c’est superbe il y a des feux de palettes partout, des CRS qui gazent et des casseurs… alors allons tous admirer les illuminations”, a notamment tweeté un internaute. Le tweet avait en fait été programmé à l'avance par les services de communication de la mairie de Paris.