Affaire Troadec : pourquoi les enfants n'ont-ils pas été épargnés ? AFP
INTERVIEW. Dans la nuit du 16 au 17 février 2017, les deux enfants Troadec sont tués lors du quadruple assassinat de la famille à Orvault (Loire-Atlantique). Si le mobile du crime semble être né d'une histoire d'héritage mal partagé, pourquoi les enfants n'ont-ils pas eu la vie sauve ? Béatrice Fonteneau et Jean-Michel Laurence, deux anciens journalistes qui se sont plongés dans l'affaire, nous éclairent sur le sujet.
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Pascal, Brigitte, Charlotte et Sébastien. La famille Troadec a été tuée dans la nuit du 16 au 17 février 2017, dans sa maison d'Orvault dans la Loire-Atlantique. Quatre victimes ont été constatées : un couple et ses deux enfants. Le procès de cette sordide affaire a été ouvert ce 21 juin à Nantes, et doit s'achever le 9 juillet suivant. Sur le banc des accusés, Hubert Caouissin et sa femme, Lydie Troadec. Lui, accusé d'avoir commis le quadruple meurtre. Elle, suspectée d'avoir modifié la scène du crime et d'avoir aidé à faire disparaître les cadavres. Quatre ans après les faits, nous savons que le couple était en conflit avec la famille, conflit qui trouvait ses origines dans une histoire d'héritage mal partagé. Le prévenu aurait développé une méfiance et une forme de paranoïa envers son beau-frère, Pascal. 

Un soir, alors qu'il dit à sa femme qu'il s'en va "surveiller" les Troadec, Hubert Caouissin aurait exécuté les quatre membres de la famille. L'ouvrage Les secrets de l'affaire Troadec (L'Archipel), écrit par Béatrice Fonteneau et Jean-Michel Laurence, retrace les dessous de cette histoire de famille qui a créé un véritable emballement médiatique à l'époque. Pour Planet, ces deux auteurs et anciens journalistes reviennent sur la mort des deux enfants, Charlotte (18 ans) et Sébastien (20 ans). Pourquoi ne pas les avoir épargnés ?

Affaire Troadec : Hubert Caouissin "animé par un sentiment de fureur"

Les deux auteurs reviennent sur les explications données par le suspect sur son acte présumé : "Il aurait été pris 'de peur', il aurait été animé par un sentiment de 'fureur'. Il aurait également été 'dans un état second'", décryptent-ils. Dans sa version des faits, Hubert Caouissin indique avoir tué tout le monde par accident, sans avoir eu l'intention de tuer ni le couple Troadec - ni les deux enfants. Il aurait alors commis des "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner". Dans ces circonstances, comment expliquer une telle tuerie ?

Affaire Troadec : les enfants tués pour ne pas laisser de témoin ? 

Le soir de la tuerie, Pascal Troadec aurait lancé "Je vais te tuer" à Hubert Caouissin, qui se serait instinctivement senti en danger de mort. Depuis le début de l'instruction le suspect affirme avoir "agi pour sa survie". Jean-Michel Laurence et Béatrice Fonteneau indiquent que trois collèges d'experts psychiatres ont estimé qu'il "était dans un état de paranoïa délirante au moment des faits et  son discernement était altéré". 

"Pourquoi s'être attaqué aussi aux enfants ? Peut-être pour ne pas  laisser de témoin pouvant le dénoncer ou contredire son scénario ?", s'interrogent les deux journalistes. Quelle est la version privilégiée du côté des parties civiles ? 

Affaire Troadec : les parties civiles croient à "une méticuleuse préparation des quatre crimes"

"Du côté des parties civiles, on est persuadé d'une méticuleuse préparation des quatre crimes", indiquent les deux auteurs. La famille privilégie donc un scénario selon lequel Hubert Caouissin aurait totalement prémédité son acte. "Forts du rapport d'un expert en morpho-analyse, ils sont convaincus qu'il  s'en est pris aux deux jeunes, alors qu'ils étaient allongés sur leur lit, ce qui ne correspond pas aux premiers aveux de l'accusé", soulignent Jean-Michel Laurence et Béatrice Fonteneau. "L'enjeu de ce procès est bien de rechercher la vérité dans cette tragédie familiale qui n'a pas livré tous ses secrets", concluent-ils.