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Sous prétexte de financer le logement social, l'Etat va effilocher le bas de laine des (petits) épargnants.

Réforme du livret A : les épargnants défavorisés ?

A partir de 2020, les détenteurs de livrets A perdront toute protection contre l’inflation alors que les prix repartent à la hausse.

C’est ce que l’on appelle du marketing, l’art de faire passer une mauvaise nouvelle pour une bonne : en dévoilant la réforme du Livret A qui s’appliquera à partir du mois de février 2020, Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie, a insisté sur le fait que son taux de rémunération ne pourra pas descendre sous la barre des 0,5%.

La belle affaire ! Depuis 1818, date la création du Livret A ce n’est jamais arrivé ! Même durant les pires périodes de déflation (2009, 2015…), la rémunération du Livret A n’est pas tombée sous le seuil des 0,75%. Et, depuis le 1er trimestre 2016, plus personne ne parle de déflation en France !

Réforme du livret A : donner moins aux épargnants, toujours moins !

En changeant le mode du taux du livret A, l’Etat fait sciemment le choix d’appauvrir les 55 millions de petits épargnants qui placent leurs économies dans cette tirelire. Sans entrer dans le détail, il faut retenir que l’ancien mode de calcul se basait sur la hausse des prix, majorée de 0,25%. Si, par exemple, l’inflation était de 1%, le Livret servait 1,25%. Avec ce système, l’épargnant était sûr de voir son pouvoir d’achat préservé quelque soit l’évolution du coût de la vie.

En 2016, ce mode de calcul a été modifié pour rogner le rendement du livret : les chiffres de l’inflation ont été lissés sur 6 mois afin de « coller » à la moyenne de l’inflation. De plus, le taux final n’est plus plus arrondi au quart de point le plus proche, mais au « dixième de point », ce qui est plus chiche.

Réforme du livret A : le pouvoir d’achat des épargnants n’est plus garanti

En pratique, la rémunération du Livret A pourra donc passer sous le niveau de l'inflation.

Le pire est que l’application de cette réforme intervient alors que les prix se remettent à galoper. Depuis l’automne 2016, les risques de déflation se sont dissipés dans la zone euro. Plus aucun économiste n’évoque ce risque. En mai dernier, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France a confirmé s’attendre à une poursuite de la remontée des prix. Les indicateurs avancés font état d’anticipations inflationnistes proches de 2%.

Dans ce contexte, les épargnants laissant leurs économies sur le Livret A vont perdre de l’argent, car la rémunération de leur épargne pourra être moins élevée que l’augmentation du coût de la vie.

En attendant l'application de la réforme, le taux du livret A reste gelé à 0,75% jusqu’à la fin 2019 (niveau historique le plus bas depuis sa création). Les détenteurs de Livret A ont donc environ 18 mois devant eux pour trouver une formule de substitution à leur Livret A.

Un rôle que le livret d’Epargne Populaire ne pourra pas jouer puisque son plafond est de 7700 euros (contre 22.950 euros pour le Livret A) et que sa souscription est subordonnée à un plafond de revenus !