Confinés à 5 dans 11m² : cette famille raconte son calvaireUne chambre de bonne à Paris, IllustrationAFP
L'annonce du confinement, qui s'est accompagné d'une naissance, laisse cette famille dans une situation très délicate. Le père, âgé de 44 ans, s'est exprimé dans la presse pour dire leurs difficultés.
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Il est contraint de dormir dans un hamac dressé tant bien que mal en diagonale de son appartement. Martial, un père de famille âgé de 44 ans, habite avec sa famille dans un petit logement parisien de 11 mètres carrés. En tout et pour tout, depuis la naissance de Léandre en plein cœur du confinement, ils sont cinq à vivre dans cet espace ô combien exigu, rapporte Le Parisien qui recueille le témoignage de cette tribu pour qui le confinement est bien difficile. "On est obligé d'avoir une organisation quasi-militaire", résume-t-il en quelques mots, dès le début de la vidéo diffusée le 27 mars 2020, qu'il a tourné sur son smartphone pour alerter sur son calvaire.

"C'est un logement au sixième étage fait pour des étudiants, pas pour des familles", explique Martial, après avoir présenté les membres de son clan : Maria, sa compagne, mais aussi Thiago, Alicia et Léandre leurs trois enfants. L'appartement n'est en fait qu'une chambre, dans laquelle ont été engoncé un coin cuisine et des toilettes. Pour que chacun puisse dormir, il a du installer une mezzanine, un petit lit intermédiaire pour le bébé et un matelas où sommeillent sa partenaire et son fils. "C'est délicat", ironise-t-il simplement.

Indéniablement, le quotidien de Martial et les siens n'a pas grand chose à voir avec celui qu'ont pu décrire certains écrivains dans les colonnes de grand journaux comme Le Monde. Au grand dam d'une partie de la gauche, ainsi que le rappelle le magazine Brain... "A l'arrivée de ma petite c'était difficile, au deuxième enfant, c'est devenu compliqué, mais là c'est impossible", raconte Maria, qui évoque une réalité étouffante. Littéralement. "Il n'y a que Martial qui sort pour acheter les vivres. Il faut gérer les enfants dès 6 heures, éviter qu'ils ne se frappent ou jettent des choses. C'est très difficile lorsqu'il faut aller aux toilettes ou leur donner la douche. De plus on n'a qu'une seule fenêtre où l'air ne circule pas. On a du mal à respirer", alerte-t-elle.

A quoi ressemble une journée type chez Martial et les siens ?

"C'est une organisation au millimètre", confirme le père. Elle "nécessite beaucoup d'attention, de compréhension, d'anticipation", insiste-t-il.

En pratique, poursuit le quotidien régional qui a pu interroger les parents, l'emploi du temps ressemble à cela : lever à 7h30, repas en famille avant une brève session de télévision collective avant l'organisation du travail scolaire pour Alicia, âgée de 3 ans et demi. Pour le déjeuner, les deux parents doivent préparer un repas différent pour chaque enfant compte tenu de leur âge. Après quoi la famille part faire une petite sieste, avant de reprendre les activités scolaires, indique Le Parisien. S'en suit la douche, le dîner et tout le monde se couche aux alentours de 21h.

Il arrive que le père, intermittent du spectacle, travaille de nuit et ne soit donc pas présent une partie de la soirée, note encore le journal.

Logement social : quatre ans d'attente et toujours pas de nouvelles

Cela fait dorénavant plus de deux décennies que Martial habite ce petit appartement, tout juste autorisé à la location. Maria l'y a rejoint en 2015. Puis, il y a quatre ans de cela, ils ont formulé une demande de droit au logement pour pouvoir bénéficier d'une habitation à loyer modéré (HLM).

"Cela fait quatre an que j'ai déposé ma demande. Comme je travaille régulièrement de nuit comme intermittent du spectacle pour des salles parisiennes je ne peux pas quitter Paris. En mairie on me répond que mon dossier est bon et pourtant rien ne bouge", s'agace le père de la tribu, qui dit avoir fait appel aux services d'un avocat.

"La famille a été reconnue par la justice prioritaire Dalo le 11 mai 2017. L'Etat, comme la loi l'y oblige, s'est engagé à la reloger sur son contingent dans les 6 mois", ont simplement fait savoir les équipes de Ian Brossat, adjoint communiste d'Anne Hidalgo, en charge de la question du logement. "Le relogement n'ayant pas eu lieu, nous avant interpellé à deux reprises le préfet d'Île-de-France, par courrier", ont-elles précisé.

Forcée à accoucher en plein confinement

Léandre, le dernier-né de la famille est arrivé en plein confinement : sa mère a du accoucher le samedi 21 mars 2020, soit six jours après les annonces d'Emmanuel Macron. Si une telle expérience s'avère régulièrement stressante pour les familles, le contexte l'a mécaniquement rendue plus particulière encore. "Heureusement, cela s'est bien passé. Nous sommes allés à l'hôpital vers 3h du matin et j'ai pu assister à l'accouchement. Cependant je n'ai pas eu le droit aux visites à cause du Covid-19", raconte le papa. Sa femme et son fils sont revenus chez lui deux jours plus tard.

Pourtant, malgré ce que d'aucuns accueillent parfois comme une bonne nouvelle, la mère de famille est découragée rapporte Le Parisien. Et pour cause ! Elle dort peu, et doit s'occuper d'un ménage complexe. "Les enfants commencent à stresser car ils n'ont pas de place pour jouer ou faire des activités et on ne peut pas sortir acheter un parc. Mais le pire ce que dans ce petit espace dès qu'un enfant se réveille, il réveille les autres alors on dort à peine quelques heures", raconte la trentenaire. Et le couple d'envisager, finalement, une promenade quotidienne pour les apaiser... Et les aider à respirer.