Lettres secrètes et relation interdite : retour sur la liaison controversée d’Arletty et son soldat naziAFP
Durant la Seconde Guerre mondiale, l'actrice Arletty a entretenu une relation secrète avec l'officier allemand Hans Jürgen Soehring. Une liaison secrète qui a fait scandale notamment avec la parution des lettres enflammées entre la Française et le soldat nazi. Focus sur cette histoire.
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Arletty : sa liaison sulfureuse avec un soldat nazi

L’amour au temps de l’Occupation. C’est durant la Seconde Guerre mondiale que l’actrice Arletty fait la connaissance du soldat allemand Hans Jürgen Soehring. Lui né à Constantinople, elle native de Courbevoie en région parisienne, ils se rencontrent par l’intermédiaire de leur amie commun Josée Laval, épouse de l’avocat René de Chambrun, lors d’un concert dans la salle du Conservatoire à Paris en mars 1941.

Avec son physique très imposant et son charisme, le jeune allemand ne laisse pas la belle brune indifférente. "Je fis la connaissance d’un jeune homme singulièrement beau et d’une parfaite indifférence qui devait bouleverser ma vie", a-t-elle écrit plus tard dans ses mémoires. Pourtant, il est assesseur au tribunal militaire de la Luftwaffe dans la France occupée, mais aussi un homme proche de Goring à Paris.

De leur rencontre naît un incroyable coup de foudre qui va se traduire par des échanges épistolaires enflammés. Comme en témoigne les écrits du biographe et confident de l’actrice Denis Demonpion, rendus publics dans Arletty-Soehring : hélas ! je t'aime en 2018. À travers ses missives amoureuses secrètes, il lui écrivait ceci dans un français impeccable. "Chérie, je t’embrasse pour te dire que Faune pense toujours à sa biche et qu’il passe ses nuits à rêver d’elle". Un amour franco-allemand que l’actrice et le soldat nazi doivent dissimuler pour ne pas attirer l’attention sur leur liaison controversée en temps de guerre.

C’est pourquoi au fil de leur correspondance, les deux amants ont employé des surnoms. Elle est sa "biche", il est son "Faune" en raison de ses oreilles pointues. Malgré leur différence d’âge, Arletty aime passionnément son soldat de dix ans son cadet. Durant deux ans, ils vivent dans l’appartement de la star situé dans le 6ème  arrondissement de Paris.

Arletty : une réplique scandaleuse prononcée par l’artiste ?

Pourtant en 1943, la guerre continue de faire rage dans le monde et les amoureux franco-allemands sont pris par leurs activités respectives. Arletty est contrainte d’enchaîner les tournages de films alors que Hans Jürgen Soehring est appelé pour combattre au front.

Ce qui ne les empêche pas de continuer à correspondre à distance avec beaucoup de passion. "Tu me faux (sic), Biche, comme il me faut de l’eau et de l’air", lui écrit le soldat. À son tour, l’actrice lui envoie des cadeaux luxueux. "Faune, je t’ai donné les preuves les plus grandes de mon amour. Je veux que tu sois fier de mon courage. Je suis très forte, Je t’aime. Je me suspends à ton cou telle une misérable guenon. Ne quitte pas ta Biche", lui rétorque-t-elle en août 1944 après la Libération de Paris.

Mais leur relation commence à éveiller les soupçons et les deux amants sont plus que jamais en danger. Alors que sa dernière missive ne trouve pas de réponse de la part de son destinataire, l’artiste française décide de quitter son domicile pour aller s’installer à l’hôtel. Quelque temps après, elle est arrêtée au mois d’octobre avant d'être interrogée sur ses liens controversés avec l’ennemi allemand.

"J’ai correspondu assez fréquemment avec lui. Mes relations avec le commandant Soehring ont toujours été d’ordre purement sentimental, il n’était jamais question entre nous des évènements militaires", aurait-elle répondu lors de son interrogatoire. Et de lancer cette réplique culte. "Mon cœur est français, mais mon cul est international". Pour autant, cette supposée déclaration d’Arletty serait en réalité attribuée à son ami Henri Jeanson qui l’a longtemps côtoyée.

Arletty : une idylle compliquée après la guerre

Après la Libération, puis la fin de la guerre, "la môme de Courbevoie" est désemparée. Entre interrogations, détention à la Conciergerie et internement à Drancy, elle est ensuite assignée à résidence dans un château en Seine-et-Marne. Si elle n’a pas subi la tonte des cheveux comme les autres femmes qui ont collaboré avec des Allemands, la chanteuse ne pourra plus tourner de films pendant un certain temps.

Comme l’ont relayé nos confrères de L’Express, Arletty est finalement jugée en novembre 1946 et reçoit simplement un blâme du Comité national d'épuration pour avoir eu une relation avec l’officier Soehring. Pour autant, les deux amants poursuivent leur idylle, d’autant que le soldat allemand persuade sa belle française de le rejoindre outre-Rhin.

Lors de leurs nombreuses retrouvailles, Arletty ne semblerait plus avoir la même passion pour son amant, encore tourmentée par la guerre. D’après le biographe, leur dernière missive remonterait en juillet 1949. "Je te vois, tu sais ! Et je ris de tous ces pitres puisqu’envers et contre tout je t’aime, simplement". Une lettre restée sans réponse, marquant la fin de cette idylle épistolaire. Alors que Hans Jürgen Soehring refait sa vie avec une Bavaroise avant d’être nommé ambassadeur de la RFA dans la nouvelle République du Congo, Arletty n’a jamais retrouvé l’amour, mais elle serait restée amie avec lui. Jusqu’à la mort de ce dernier en 1960 lors d’une baignade en famille dans le fleuve Congo. 32 ans plus tard, Arletty rendait son dernier souffle à l’âge de 92 ans, puis rejoignait son amant aux cieux pour l’éternité.