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Le scénario d'une débâcle en 2017 inquiète de plus en plus de cadres du Parti socialiste. À droite comme à gauche, l'hypothèse de voir le PS absent au second tour de la prochaine présidentielle devient crédible.

"La gauche se meurt". Contrairement à ce que l’on pourrait croire, c’est bien de la bouche d’un cadre du PS que ces mots sont sortis. Invité ce dimanche sur Europe 1, Julien Dray s’est montré alarmiste quant à l’état actuel du Parti socialiste. Considérant qu’il y a "urgence" à agir, ce proche de François Hollande peste ainsi contre ceux qui s’écharpent dans son camp, "où chacun distribue des brevets de gauche aux uns aux autres".

Et pour cause, accusant une baisse historique de ses adhérents (aujourd’hui au nombre de 60.000 à jour de cotisation), le parti au pouvoir peine à agir de façon coordonnée. De surcroît, le spectacle d'une majorité divisée sur toutes les mesures du gouvernement augmente cette impression de chaos régnant sur Solférino. Résultat, Julien Dray craint "d’aller convaincre des électeurs de gauche de voter pour Nicolas Sarkozy parce qu’il faudra faire barrage à Marine Le Pen" en 2017.

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Un scénario redouté à gauche mais qui est également dans toutes les têtes des cadres de l’opposition. Invitée ce lundi matin sur France Info, Nathalie Kosciusko-Morizet a dressé un bilan équivalent à celui de Julien Dray. "Le Parti Socialiste est en train de sortir du jeu" a-t-elle estimé avant d’ajouter "sur les treize dernières élections législatives, douze ont été gagnées par l'opposition. Et dans la moitié, c'était le Front national et pas le PS qui était au second tour".

Des propos qui font échos à ceux prêtés à Nicolas Sarkozy considérant que cette conjoncture lui ouvre déjà les portes de la victoire en 2017. "La présidentielle, elle est déjà gagnée" avait-il ainsi pronostiqué au début du mois de novembre selon Le Canard enchaîné.

Quel nouveau souffle à gauche ?

Face à la débâcle qui se profile, le premier secrétaire du Parti socialiste avance quelques idées. "Moi j'appelle au compromis, au compromis entre socialistes et communistes, au compromis entre socialistes et écologistes, et pour qu'il y ait une capacité de se rassembler dès le premier tour de ces élections départementales et régionales" a expliqué Jean-Christophe Cambadélis dans "12/13 Dimanche" sur France 3 en réagissant aux propos de Julien Dray. Mais cet appel au rassemblement, qui prend des airs d’aveu d’impuissance, ne saurait suffire.

Ainsi, il est également question de réformer le PS, notamment du côté du système d’adhésions rapporte Le Monde. En outre, le patron de Solférino entend faciliter le processus de recrutement afin d’élargir la base de militants avec l’ambition de réunir 500.000 adhérents d’ici 2017. Le quotidien du soir évoque également une nouvelle stratégie de communication numérique dans la mesure où le parti de la majorité accuse un sérieux retard à ce niveau-là comparé à l’UMP ou encore au Front National qui mise énormément sur Internet. Il est aussi question de "redynamiser la vie des sections" a ajouté Jean-Christophe Cambadélis.

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Ces recettes d’appareil ne sauraient combler l’absence de résultats de l’exécutif. Le patron de l’aile gauche du PS, Emmanuel Maurel, ne s’y trompe pas. Ce dernier explique ainsi au Monde : "il y a quelque chose d’irréel à parler de nous, de notre identité, comme si on n’avait pas actuellement des camarades au pouvoir en train de faire une politique pour laquelle ils n’ont pas été élus".

Un constat par ailleurs partagé par Manuel Valls qui prévenait au mois de juin : "la gauche peut mourir". "Le risque de voir Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle" de 2017 "existe" avait-il affirmé devant les cadres du parti. Les cacophonies observées à l’égard de la loi Macron, portant notamment sur le travail dominical, laissent penser que les divisions internes ont encore de beaux jours devant elles. Les craintes pour 2017 exprimées par Julien Dray ou encore Manuel Valls pourraient alors se muer en prophéties.

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