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A partir du 1er janvier 2015, il sera interdit de faire des feux de cheminée en Ile-de-France. Une mesure censée lutter contre la pollution aux particules fines mais qui provoque l'ire de Laurent Denormandie, le président de l'interprofession nationale de la filière forêt et bois de France.

Planet : Que pensez-vous de cet arrêté préfectoral qui devrait très prochainement interdire les feux de cheminée en Ile-de-France ?Laurent Denormandie : "C’est du grand n’importe quoi ! Cela va complètement à l’encontre de la politique du gouvernement concernant les énergies renouvelables. C’est d’autant plus surprenant que la filière forêt et bois de France travaille depuis plusieurs années en collaboration avec le ministère de l’Ecologie sur une manière pédagogique d’amener progressivement les gens à passer d’un foyer dit ‘ouvert’ à un insert ou à un poêle nouvelle génération. Cela présente de nombreux avantages notamment pour la consommation des ménages et la production d’énergie.  Mais cela prend du temps et au lien d’en laisser aux Français, le ministère a coupé court à cette démarche d’amélioration pour passer à une interdiction brutale. C’est désastreux en termes d’image : maintenant les gens vont pensez que le bois est dangereux pour leur santé.

Planet : Selon le ministère de l’Ecologie, le taux de pollution aux particules fines imputable aux feux de cheminée est compris entre 10 et 30 %...Laurent Denormandie : C’est complètement faux. On essaie de nous faire croire que les feux de cheminée polluent plus que le diesel mais ce n’est pas vrai. D’ailleurs, le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution (Citepa) avance le chiffre de 5%, bien en dessous des estimations des autorités ! Planet : Ségolène Royal, la ministre de l’Ecologie va pourtant dans votre sens. Cela vous redonne-t-il espoir ?Laurent Denormandie : Ségolène Royal est effectivement de notre côté mais depuis seulement quelques jours alors que la mesure, elle, date de bien plus longtemps que ça. Au moment où elle a été décidée, personne n’a bougé et subitement, la ministre s’en mêle… Quoi qu’il en soit, il n’est pas trop tard et elle pourra certainement nous aider. Mais il est quand même détestable d’en arriver là !

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Planet : Quelles conséquences aurait cet arrêté sur votre filière ?Laurent Denormandie : Si cet arrêté est mis en place, ce sera catastrophique. Il s’agit d’une interdiction pure qui touchera plus de 430 000 communes d’Ile-de-France. Bien sûr, cela n’aurait pas trop d’incidence pour les adeptes de la ‘flambée du vendredi soir’ mais pour tous ceux qui se chauffent au feu de cheminée ce sera dramatique. Ce n’est pas un mythe mais bien une réalité : il y a encore beaucoup de Français qui se chauffent de cette manière.

D’ailleurs quand je discute avec des distributeurs de bois de chauffage, outre le fait que leur emploi est menacé par cet arrêté, ils me disent tous qu’ils livrent énormément de gens qui se chauffent au feu de cheminée. La plupart du temps ces personnes n’ont pas beaucoup de moyens, aussi elles ne peuvent pas acheter un insert ni d’un poêle aux normes. Comment vont-elles faire si l’arrêté entre en application ? Il faut compter entre 6 000 et 8 000 euros pour s’équiper. Et même si l’Etat a évoqué des aides à hauteur de 1 000 – 1 500 euros, il leur faudra toujours trouver le reste… Cette mesure est tout simplement inapplicable !

Cet arrêté présente également un véritable danger pour les forêts de la région parisienne. Le bois de bûche permet l’éclaircissement des forêts. Si on ne le coupe plus, il va encombrer l’espace, pourrir et finir par tomber au sol. Il va alors dégager du CO2 ce qui aura pour conséquence un déséquilibre du bilan carbone. C’est un problème qu’il ne faut pas prendre à la légère. D’autant que l’Ile-de-France abrite de nombreuses forêts".