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Accusée d'avoir menti sur ce qu'elle savait ou pas à propos des écoutes de Nicolas Sarkozy, Christiane Taubira a donné une conférence de presse pour se défendre mercredi. Mais les documents qu'elle a brandis pour se justifier pourraient bien l'accabler plutôt que l'aider à prouver sa bonne foi.

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Tel est pris qui croyait prendre ? Christiane Taubira a cherché mercredi à se défendre des accusations portées à son encontre dans l’affaire des écoutes de Nicolas Sarkozy. Bien décidée à prouver qu’elle n’était pas au courant des dates ni du contenu de ces écoutes, la ministre a assuré devant les caméras : "Non, je n’ai pas menti, non je ne démissionnerai pas". Pour donner du poids à ses déclarations, la garde des Sceaux a même brandi deux rapports émanant du procureur général de Paris et du procureur national financier (PNF), Eliane Houlette. Or, ces deux documents, que Le Monde a photographiés et ensuite étudiés à la loupe, contiennent des informations qui contredisent la version donnée par Christiane Taubira.

La ministre était "régulièrement" informée de l’évolution de l’enquêteEn effet, alors que la ministre de la Justice a affirmé qu’elle n’avait été prévenue des interceptions téléphoniques de l’ancien président et de son avocat que le 26 février dernier, il apparaît qu’elle était "régulièrement" tenue informée de l’évolution liée à l’enquête sur le prétendu financement libyen de la première campagne de Nicolas Sarkozy. Or, Eliane Houlette a fait savoir dans un communiqué que les écoutes avaient démarré le 3 septembre 2013. "Il paraît donc improbable que Mme Taubira n'ait pas été informée avant le 26 février de ces interceptions judiciaires", souligne Le Monde. Et le quotidien du soir d’ajouter que les affirmations de la ministre quant à "la date, la durée et le contenu des interceptions judiciaire",  apparaissent également "contestables".

Les nouveaux éléments apportés par les rapportsLes feuilles tenues par Christiane Taubira mercredi ont également révélé que les écoutes gênantes de l’ex-chef d’Etat ont été réalisées entre le 28 janvier et le 11 février de cette année sur son second téléphone portable. Cet appareil fonctionnait avec une ligne achetée sous un nom d’emprunt, Paul Bismuth. Toujours selon les documents, le juge Gilbert Azibert aurait renseigné Me Herzog des avancées de la procédure Bettencourt et l’aurait prévenu de certaines perquisitions dans l’affaire du prétendu financement lybien de la campagne présidentielle de son client.