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Bodypainting, happening dans les rues ou au musée : le corps est devenu l'arme de prédilection des artistes. Retour sur certaines des performances nues les plus marquantes.
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Performances artistiques nues : elle se dénude au Sanctuaire Notre-Dame de Lourdes

Alors que les pèlerins affluaient dans la ville de Lourdes (Hautes-Pyrénées) l’artiste franco-luxembourgeoise Déborah de Robertis s’est montrée nue sur le lieu de pélerinage, ce samedi. Seulement habillée d’un voile bleu délicatement posé sur la tête, l’artiste s’est placée devant une statue de la Vierge-Marie, à l’entrée de la célèbre grotte. Mains jointes et regard perdu, les pèlerins l’ont aussitôt couverte et ont prévenu les forces de l’ordre.

Arrêtée, la jeune femme a été placée en garde à vue durant quelques heures, comme le rappelle La Voix du Nord. Dans un communiqué, le Sanctuaire a fait savoir qu’il avait porté plainte contre l’artiste de 34 ans pour son "acte prémédité, lié à une démarche prétendument artistique". Le service de communication a ajouté qu'il condamnait "cet acte d’exhibitionnisme qui a choqué les fidèles présents à la Grotte à ce moment-là".

Déborah de Robertis sera jugée pour exhibition sexuelle le 19 mai. Loin d’en être à son coup d’essai, la jeune femme est une habituée des performances artistiques de ce genre. Elle est aussi au courant des risques qu’elle encourt à chaque fois. Toutes ses démarches se démarquent par une nudité presque totale et un côté artistique très prononcé.

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Performances artistiques nues : elle danse nue au musée du Louvre

Déborah de Robertis a également pris la pause en septembre 2017 devant la Joconde au Louvre. Cette fois-ci, la jeune femme n’a pas dévoilé tout son corps, seulement une partie très lourde de sens : son sexe. En effet, la franco-luxembourgeoise se bat contre le patriarcat et cherche à soulever des questionnements sur la place et la vision de la femme dans notre société.

"‘Qu'est-ce que dit cette nudité-là ? Qu'est-ce qu'elle montre ?’, interroge la jeune femme, qui répond elle-même. 'Elle montre l'hypocrisie d'une institution qui accepte le nu tant qu'il est bien encadré au mur’", écrit France Info.

Armé d’un haut-parleur, elle a aussi effectué quelques pas de danse, tandis que les spectateurs se faisaient nombreux autour d’elle. Déborah de Robertis a été poursuivie pour exhibition sexuelle mais a été relaxée. "C'est du spectacle et ça se voit. Je suis toujours maquillée, je tiens un discours, je mets en scène mes performances. C'est de l'art ! Je suis en représentation", affirme-t-elle.

Malgré toutes ses mises à nu publiques, la performeuse assure qu’elle est "très pudique" : "J'aime mon corps, je suis bien dans ma peau, mais c'est difficile de le montrer en public".

Performances artistiques nues : elle se grime en "Olympia" de Manet

Au musée d’Orsay, en janvier 2016, Déborah de Robertis s’est grimée en "Olympia". Perruque rousse, fourrure, talons hauts et bouquet : tous les éléments étaient là pour une parfaite reproduction du tableau de Manet.

Allongée devant l’oeuvre, la trentenaire a commencé à filmer la réaction des visiteurs qui l’entourait grâce à sa caméra frontale. Les agents de sécurité se sont vite placés devant elle et la salle a été évacuée. "Elle a refusé et a demandé à parler avec un responsable. Un représentant de la direction est donc venu s’entretenir avec elle, a assuré la porte-parole du musée aux Inrocks, mais au vu de son refus de se rhabiller, nous avons appelé la police."

 

Déborah de Robertis, qui avait prévenu le directeur du musée de sa venue par mail la veille, l’attendait pour lui remettre son bouquet de fleurs.

L’avocat de la jeune femme, Me Bouzenoune s’interroge sur la plainte déposée pour exhibition sexuelle. "Orsay sanctionne Déborah de Robertis parce qu’elle se met nue alors même qu’il présente depuis des mois des expos sur le nu : Sade, le nu masculin, la prostitution… C’est paradoxal de reprocher à une artiste de s’être mise nue parmi les nus."

Performances artistiques nues : elle se dénude pour reproduire le tableau de Courbet

Toujours au musée d'Orsay, en mars 2014, Déborah de Robertis a entrepris une mise en abyme artistique très visuelle.

Devant un parterre d’amis qui l’applaudissent, la jeune femme, habillée d’une robe comme pour rappeler la couleur du cadre du tableau, s’assoit devant "L’Origine du monde" de Courbet. Pieds nus, robe remontée et jambes écartées, Déborah de Robertis dévoile son sexe devant le célèbre pubis peint en 1866. Il faut peu de temps pour que la sécurité ne vienne sortir la jeune artiste, qui a fait fuir les visiteurs à cause de sa performance.

A France Info, elle explique sa démarche : "Ma performance, ce n'est pas me mettre nue. Ce qui m'intéresse, c'est d'inverser le point de vue. C'est comment la représentation de la loi, les rapports de force sont bousculés par la nudité". Déborah de Robertis déplore que, de tous ses happenings, le seul élément qui reste en tête soit sa nudité. "Pour Mémoires de l'Origine, ce qu'on a vu, c'est le sexe. Mais il fait deux millimètres et j'ai aussi donné un visage, un regard à l'œuvre !", ajoute-t-elle.

"Je raconte la nudité féminine à travers le regard mis à nu des hommes. Ils sont l’objet de mon désir, mes sujets et mes alter-egos. En les filmant, je leurs tends un miroir", raconte l’artiste dans l’Obs.

Performances artistiques nues : ils dansent à Zurich dans le plus simple appareil

Ils étaient 18 artistes à venir de toute l’Europe pour assister à la deuxième édition du "Body and Freedom Festival" à Zurich (Suisse). 

Danseurs et autres artistes visuels ont pu partager leur art en tenues d’Adam et d’Eve, aux alentours du pont de Rathausbrücke du 23 au 25 août dernier. Le but de cet événement annuel est de réfléchir à l’utilité du corps nu comme moyen d’expression artistique dans les endroits publics.

Pendant une demi-heure ou plus, les artistes se déshabillent et s’accaparent l’espace qui les entoure, sous les yeux ébahis des passants, qui ne voient pas forcément d’un bon oeil la liberté de ces artistes. "Je trouve cela barbare. Beaucoup de familles avec des enfants traversent le pont. Les enfants apprennent la sexualité à l’école", expliquait une commerçante au journal suisse The Blick.

"Aujourd’hui, il y a un refus de l’acceptation du nu dans le domaine public alors qu'il est omniprésent dès qu’on passe sur les réseaux et dès qu’on est dans le domaine publicitaire" explique Hubert Prolongeau, journaliste français et auteur de l'ouvrage "Couvrez ce sein" à RTS.

D’autres refusent de voir de telles représentations artistiques en plein jour et en pleine rue. Portables en main, des curieux immortalisent le moment, la pose de l’artiste qui se transforme en statue. "Tous ces hommes avec leurs appareils photos me dégoûtent" indique une jeune fille de 18 ans, apparemment gênée.

Performances artistiques nue : elle est couverte de poils dans les rues de Lille

En juin dernier, Shirley Lourenço étudiante de 19 ans à l’école supérieure d’arts de Tourcoing a décidé de se promener dans les rues lilloises pour réveiller les consciences. Entièrement nue et seulement couverte de poils récupérés chez des toiletteurs et collés avec du miel, de la colle à papier peint et de l’oeuf, la jeune femme a passé plusieurs heures à déambuler dans les artères principales de la ville.

"L’idée, c’est de dénoncer les diktats du monde du porno et de la publicité, ceux d’une société qui rend inconcevable pour une femme d’avoir et de montrer ses poils", expliquait la jeune fille au journal La Voix du Nord. Son travail va aussi lui servir pour une présentation en classe.

Trois camarades l’accompagnaient le samedi 9 juin : l’un filmait et deux autres tenaient des pancartes expliquant sa démarche artistique. Stéphane Cabet, un professeur, était également présent lorsque Shirley Lourenço marchait au milieu de la foule nue et pleine de poils.

"On aimerait avoir que des étudiants capables d’aller aussi loin dans leur démarche", dit-il, admiratif de son élève. 

Une demi-heure de performance plus tard, Shirley Lourenço disparaissait sous une cape.

Performances nues : elles montrent leurs seins pour la bonne cause

Pourquoi les hommes seraient-ils les seuls à avoir le droit de se dénuder le haut du corps ? Sur Facebook, les images laissant apparaître un téton de sein sont systématiquement censurées. C’est contre cette mesure que l’artiste islandaise Borghildur Indridadóttir a tenu à protester. Une partie de ses photos, une série qui se nomme "The Demoncrazy" et qu'elle a partagé via son compte Facebook a été supprimée.

"Facebook m’a dit que mes images allaient à l’encontre des standards de leur communauté", assure l’artiste. Elle ajoute : "ils ont supprimé mes amis et mes "j’aime". Son travail porte essentiellement sur la manière dont les hommes plus âgés continuent de dominer les sphères publiques et sociales en Islande, selon The Art Newspaper.

Sur les photos en questions, Borghildur Indridadóttir fait poser des jeunes femmes seins nus devant les portraits peints d’hommes plus vieux. Ces peintures-ci sont partout en Islande : dans les écoles, au Parlement, dans des clubs de sport.

"C’est incroyable de voir que même au sein d’une société comme l’Islande, nous sommes constamment confrontés à ce type d’images, où les hommes sont en position de force", souligne Borghildur Indridadóttir.

En juin dernier, lors du festival d’art de Reykjavik, elle a pu montrer sa série de photos et a même organisé une performance avec une dizaine de femmes topless, pour l’ouverture de son exposition.

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