Covid-19 : les étrangers nous prennent-ils pour des idiots ?IllustrationIstock
En France, le coronavirus ne cesse de gagner du terrain. Serait-ce dû à notre "insouciance", ou encore à notre "technique de dépistage" ? Nos voisins européens, inquiets de notre situation épidémiologique, ont la critique lourde.
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L’explosion de nouveaux cas de Covid-19, depuis la fin de l’été en France, fait jaser l’Europe. Près de 25 000 personnes ont été testées positives en 3 jours seulement, et les indicateurs se détériorent un peu plus chaque jour. 7 nouveaux départements ont d’ailleurs été placés en "zone rouge" ce dimanche 6 septembre 2020, par le gouvernement. Bien que la France soit l’un des pays européens où la recrudescence de l’épidémie est la plus forte, avec l’Espagne, les autorités envisagent d'assouplir la "quatorzaine", période d'isolement à laquelle doivent se soumettre les malades et les "cas contacts".

La situation ne rassure donc pas nos voisins européens, d’autant que la plupart des frontières ont rouvert au début de la période estivale. Belgique, Royaume-Uni, Allemagne… Comme le rapporte BFMTV, chacun donne son avis tranché sur notre gestion de l’épidémie, qu’ils estiment non optimale.

Coronavirus : pour l’Allemagne, la France est un "contre-modèle"

L’alliance France-Allemagne ne semble pas vraiment briller dans ce contexte particulier. Nos voisins d’outre-Rhin, où le taux de mortalité est quatre fois inférieur à la France, ont la critique lourde. Paris et la Côte d’Azur ont d’ailleurs été placées en zone à risque par les autorités, fin août. Il est même recommandé aux ressortissants de ne pas s’y rendre. La presse allemande précise que ces préconisations pourraient être élargies à l’ensemble du territoire français.

"Pourquoi, malgré un confinement strict et une épidémie dans un premier temps bien maîtrisée, les chiffres augmentent-ils à nouveau de manière significative ?", se demandait dimanche la radio publique allemande, Deutschlandfunk.

Selon les médias allemands, la responsabilité revient aux jeunes, aux personnes asymptomatiques, et aux voyageurs de retour de vacances. Ils estiment toutefois que la recrudescence des cas est aussi due à une certaine négligence des règles d'hygiène et de distanciation sociale (dont les rassemblements illégaux).

L'épidémiologiste et élu social-démocrate Karl Lauterbach va encore plus loin. Selon lui, la politique française est un "contre-modèle". Le pays "dépasse désormais le seuil critique" et "la deuxième vague arrive massivement", pense-t-il.

Et d’ajouter : "Les jeunes vont mécaniquement contaminer les plus âgés, et ce n'est qu'une question de temps avant que la mortalité augmente à nouveau". C’est pourquoi il demande au gouvernement allemand de tout mettre en œuvre pour éviter de se retrouver dans la même situation. Il conseille "une meilleure ventilation des écoles, une limitation des rassemblements privés, et que les cabinets médicaux et Ehpad soient équipés de masques plus protecteurs".

L’Allemagne n’est toutefois pas le seul pays à juger notre gestion de l’épidémie…

Covid-19 : Le Royaume-Uni pointe "l'insouciance" des Français

Tout comme les Allemands, le Royaume-Uni s’inquiète de la circulation du coronavirus sur le sol français. Le gouvernement a d’ailleurs réintroduit, mi-août, une mesure de "quatorzaine" à tous les voyageurs revenant de France.

Début août 2020, The Times, journal britannique, pointait le non-respect des gestes barrières et l'insouciance des Français durant la période estivale.

Le ministre de la Santé britannique, Matt Hancock, semble par ailleurs préoccupé. Ce lundi 7 septembre, une source gouvernementale britannique a confié au Guardian que le Royaume-Uni pourrait très vite se retrouver dans le même cas que la France. "Nous avons six semaines de retard sur la France."

Pour la Belgique et l’Italie, "le système français est mis à rude épreuve".

Epidémie : la France considérée comme une "zone à risque"

PACA, Ile-de-France… Comme en Allemagne, la Belgique a placé divers départements français en zone à risque. Désormais, les ressortissants belges provenant de ces zones rouges doivent remplir un formulaire, se soumettre à un test et à une "quatorzaine".

Le système de dépistage français est par ailleurs vivement critiqué par la presse belge. "Olivier Véran se félicite d'avoir dépassé le cap d'un million de tests par semaine. Mais, c'est à se demander si ce record est un atout. De plus en plus de voix s'élèvent : trop de dépistage tue le dépistage", écrit le quotidien belge Le Soir. Il serait même, "contre-productif".

Pour l’Italie,"la France fait face à une deuxième vague plus large, mais moins grave que la première", a titré ce lundi 7 septembre le quotidien Corriere della Sera.

"Le système français est maintenant mis à rude épreuve, alors que les Français sont de retour de vacances et que les écoles ont rouvert", note le journal.