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Cela fait des mois que Gérard Collomb travaille à son départ du gouvernement. Une démission motivée par plusieurs facteurs… Dont la peur de perdre à Lyon.
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Le gros calcul électoral de Gérard Collomb : cette autre raison qui pousse l’ancien ministre à se démarquer d’Emmanuel Macron

Cela fait des mois que Gérard Collomb envisage de quitter la place Beauvau. Le ministre démissionnaire avait en effet programmé de longue date son retour à Lyon. Toutefois, à l’origine, il n’avait peut-être pas pensé partir si vite… D’après La Dépêche, c’est à partir de septembre que l’ancien socialiste a véritablement entamé son bras de fer avec le président de la République. Depuis, il n’a eu de cesse de chercher à s’en démarquer. Et pour cause ! Le baron lyonnais, aux manettes pendant près de deux décennies, serait inquiet rapporte le journal.

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En cause : la violente chute de popularité du chef de l’Etat, ainsi que l’érosion de sa propre côte à Lyon. En effet : les intentions de votes en sa faveur se sont émoussées. C’est pourquoi "il agit comme l’on s’acharne à mettre le feu aux poudres", écrit le quotidien régional. Il cherche à se désolidariser de mauvais sondages qui l’effraient.

D’autant plus qu’ils ne sont pas les seuls signaux qui le poussent à penser que le retour sera plus compliqué que prévu. "Il a peur que Lyon s’organise sans lui", déclare un de ses anciens adjoints à la mairie au micro du Parisien. Certains de ses anciens soutiens, comme l’actuel président de la Métropole David Kimelfeld, ne lui sont plus acquis. Ce dernier a d’ailleurs expliqué qu’il comptait "jouer un rôle central" lors des municipales dans une interview accordée au Progrès. Ses anciens compagnons socialistes ont pris leur indépendance. Jacqueline Vottero a même signé une lettre ouverte, l’incitant à "renoncer à Lyon" en raison de son âge jugé trop avancé. Sans oublier la pétition hostile à son retour qui a circulé un temps dans les rues de la capitale des Gaules, ou le meeting raté de La République en Marche qui a tout juste réuni 400 personnes…

Toutefois, d’après Le Parisien, il ne devrait pas avoir de mal à récupérer son siège de maire "dans les semaines qui viennent". Son ancien adjoint, Georges Képénékian a démissionné dans la foulée de son départ de la place Beauvau.

Le gros calcul électoral de Gérard Collomb : avait-il tout préparé ?

Quelques mois à peine après sa nomination au ministère de l’Intérieur, Gérard Collomb avait déjà organisé sa campagne de retour, indique Le Monde. Pendant l’été 2018, alors qu’il est à Lyon, il réunit quelques uns de ses plus proches soutiens et lance son association électorale, baptisée "Prendre un temps d’avance". Comme le précise le quotidien du soir, il cherche alors à fédérer ses soutiens traditionnels, mais également à élargir sa base… Quitte à le faire en s’éloignant du parti présidentiel.

Face aux tentatives de la droite de s’installer à Lyon, il pense un premier temps démissionner dès septembre. Il dit même avoir l’accord du président. Le départ fracassant de Nicolas Hulot repousse nécessairement sa sortie.

D’après un intime qui s’exprime dans le quotidien du soir, qui demeure persuadé que son départ lui sera bénéfique, Gérard Collomb avait prévu les difficultés qu’il s’apprête à rencontrer. Celles en provenance des Républicains, de ses anciens amis mais aussi celles qui pourraient – peut-être – émaner de la majorité présidentielle. "J’aimerais bien que le parti présente quelqu’un contre lui à Lyon mais Macron ne veut pas car on perdrait la ville", lance à La Dépêche un conseiller de l’exécutif.

"En créant son association, il a anticipé ce revirement. Il va lui falloir rechercher d’autres alliances, on n’est pas au bout de nos surprise", explique le proche du ministre démissionnaire. Et ce dernier de confirmer : "Je vais perturber leurs plans".

Le gros calcul électoral de Gérard Collomb : quelle bannière pour reprendre la capitale des Gaules ?

Certains proches d’Emmanuel Macron souhaiteraient voir un candidat affilié La République en Marche (LREM) disputer Lyon à Gérard Collomb. Pourtant, il n’est pas inenvisageable que ce dernier reprenne la ville pour le président de la République. Après tout, l’ancien ministre a assuré qu’il demeurait un allié du chef de l’Etat. "Le président et le Premier ministre vont me remplacer et peut-être choisir une nouvelle équipe. Je n’ai rien à reprocher à Emmanuel Macron, je veux qu’il réussisse. Je l’aiderai à transformer la France", a-t-il déclaré rapporte BFMTV.

Cela étant dit, il est tout à fait possible que l’ancien socialiste décide de ne pas choisir l’étiquette LREM pour reconquérir Lyon. Il a longuement œuvré à s’en démarquer. Ce dont un vice-président de la métropole est sûr, c’est qu’il n’optera pas pour la bannière du PS. "On ne sait pas dans quel état sera En marche en 2020", ajoute-t-il au micro du Parisien. "Il partira sous sa propre étiquette, comme toujours", estime un autre.