La colère des automobilistes face à la hausse des prix du carburant ne diminue pas. Vingt-cinq actes de “gilets jaunes” plus tard et la hausse soudaine des prix depuis quelques semaines reste incomprise. En cause, les crises politiques que traversent certains pays de l'OPEP.
Sommaire

Toujours de la faute des taxes ! Et bien méprenez-vous, elles ne sont pas à l’origine de tous les maux de la Terre, comme l'a expliqué la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye sur le plateau des “4 vérités” de France 2 ce lundi matin. “Ce que montre cette hausse du prix des carburants c’est qu'il n'y a pas qu'un problème de taxe, il y a avant tout un problème de dépendance à l'énergie fossile du pétrole. Nos concitoyens sont dépendants du fait que, ailleurs, des gens décident d'augmenter le prix du pétrole”.

Si le prix du carburant est reparti à la hausse depuis plusieurs semaines, cela est en réalité dû au contexte géopolitique mondial. Un facteur important dans la fluctuation des prix du baril de pétrole. Ce lundi 6 mai, le gazole, carburant le plus vendu en France était à 1,47 euro le litre en moyenne, quand le sans-plomb 95 lui atteint 1,58 euro le litre. Selon les chiffres révélés par le Ministère de la transition écologique le 22 février dernier, le prix du sans-plomb 95 était déjà similaire avec 1.5802 euros, quand celui du diesel se trouvait à 1.4818 euros. Des tarifs proches de ceux de novembre 2018, date du début du mouvement des “gilets jaunes”.

La faute aux taxes ?

Représentant 60 % du prix du carburant en France avec la TVA, la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) et la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP), la suspension de l’augmentation de la taxe carbone par le gouvernement en décembre dernier n’a pas réussi à enrayer son prix. Il est vrai d’ailleurs que leurs taux est passé de 50.4 % en 2013 à 61.3 % cette année pour le sans-plomb 95 et de 46.8 % à 56.7 % pour le diesel. Mais ce ne sont pas elles les responsables de la dernière hausse.

Qui est responsable de l’envolée des prix ces derniers mois ?

La France et l’Europe dépendent de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Dernièrement, les 14 pays qui compose cette organisation sont entrés dans une logique de baisse de production pour voir une augmentation des prix. Les sanctions prises par les Etats-Unis contre Téhéran, ains que les diverses crises politiques traversées par l’Arabie Saoudite, la Libye ou encore le Venezuela, ont provoqué une hausse des prix du baril, venant se répercuter sur les tarifs en France.

La faiblesse de l’euro face au dollar joue également sur cette hausse des prix. Si Trump venait à mettre à exécution la hausse des taxes douanières sur les exportations chinoises, cela engendrerait une baisse de la demande de pétrole et donc du prix.

Une baisse est prévue d’ici les prochains jours suite à la baisse du baril. Néanmoins, le gouvernement ne prévoit pas de “mesure d'urgence”. “Notre réponse aujourd'hui, c'est que l'on doit travailler dans le long terme. De manière immédiate, il y a un certain nombre d'aides qui ont été mises en place, notamment les primes à la conversion pour faire en sorte de changer de véhicule, nous avons aussi annulé la hausse de la taxe carbone”, déclare Sibeth Ndiaye ce lundi sur le plateau des “4 vérités” de France 2.

La menace des sanctions américaines

En parallèle, l’Iran a décidé pour échapper aux sanctions américaines jugées illégitimes, d’écouler ses hydrocarbures sur le “marché gris” selon le vice-ministre du pétrole Amir Hossein Zamaninia. Les huit pays qui bénéficiaient d’une exemption pour acheter du pétrole iranien de la part des États-Unis s’exposent également à des sanctions. Si certains envisagent de les contourner, d’autres comme l’Arabie Saoudite pense que c’est une “mesure nécessaire pour amener le régime iranien à cesser ses politiques de déstabilisation et de soutien au terrorisme à travers le monde”, selon le Ibrahim al-Assaf, chef de la diplomatie saoudienne.