Retraite complémentaire : faut-il craindre un nouveau gel des pensions avant la fin du mois ?Istock
L'Agirc-Arrco va-t-il geler votre pension d'ici à la fin du mois de juillet 2021 ? La question est posée. Et les premières réponses assez peu engageantes…
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Votre pouvoir d’achat servira-t-il, une fois encore, de variable d’ajustement ? Difficile de l’affirmer avec certitude dans l’immédiat. Pourtant, une chose est sûre : les retraités français ont du mouron à se faire ! C’est particulièrement vrai pour les anciens travailleurs issus du secteur privé.  Et pour cause ! Les ressources financières du régime Agirc-Arrco - qui assure la pension complémentaire des salariés comme des cadres - ont été largement malmenées par la crise sanitaire dont la France peine, aujourd’hui encore, à se sortir. Les comptes, indique le magazine Dossier Familial sur son site, "ne sont pas au beau fixe". Ils l’étaient pourtant en 2019…

Naturellement, ce genre de situation ne saurait être avantageuse pour les assurés concernés. Mais, dans certains cas spécifiques, elle peut même s’avérer particulièrement douloureuse. Car elle est, de fait, susceptible d’engendrer un gel pur et dur de leur pension de retraite complémentaire. La question, d’ailleurs, est ouvertement posée par les représentants du patronat qui participent aux négociations. Une prochaine réunion avec les organisations syndicales doit avoir lieu le mardi 13 juillet 2021 ; tandis qu’une autre encore se tiendra normalement le 20 juillet. Le régime espère trancher d’ici la fin du mois.

Dans le cas contraire, il faudra poursuivre les échanges après la rentrée, en septembre.

Retraite complémentaire : risquez-vous un gel de votre pension ?

En 2019, la caisse de retraite complémentaire a décidé de mettre en place une nouvelle obligation pour assurer un bon traitement de ses liquidités : il a alors été décidé que l’organisme devait en permanence conserver 6 mois de versements de pensions à titre de trésorerie, a minima

En pratique, explique Dossier Familial, trois scénarios inquiètent l’Agirc-Arrco ; dont les têtes dirigeantes ont commencé à discuter le 21 juin dernier. Deux de ces projections font état d’une dégradation des ressources de l’organisme suffisamment importante pour l’empêcher de respecter ses propres règles de gestion, précédemment évoquées. En dehors de l’hypothèse "optimiste", qui prévoit 10 ans de déficits "modérés" suivis d’une "situation durablement excédentaire à partir de 2031", le régime ne s’avère pas en mesure de garder les 6 mois de réserve. De quoi, peut-être, l’orienter vers un gel des pensions… 

Retraite complémentaire : que prévoient les deux scénarios dits "pessimistes" ?

Dans le scénario intermédiaire, la règle des six mois n’est plus respectée à partir de 2029. A compter de cette date et sans gel des pensions - toutes les projections prévoient un laisser faire de la part de l’Agirc-Arrco -, l’organisme met plus de dix ans avant de revenir à l’équilibre. Il faut attendre 2040.

Sans grande surprise, l’hypothèse la plus pessimiste est encore moins engageante. Elle prévoit la rupture de la règle des six mois dès 2026… Ce qui devrait inquiéter toutes les assurées et tous les retraités, compte tenu des solutions envisagées par le patronat. "Il est nécessaire de prendre des mesures pour retrouver la trajectoire financière", insiste Olivier Bogillot, chef de file de la négociation côté Medef. Selon lui, c’est désormais aux retraités, éternels épargnés de la crise sur le plan financier, de payer l’assiette Covid-19.

Pension complémentaire : qui défend les droits des retraités ?

Cela n’a rien de surprenant mais il importe de le rappeler : les positions du patronat ne sont pas nécessairement hégémoniques ; y compris au sein de l’Agirc-Arrco. Les syndicats ont aussi leur mot à dire en la matière. Et, pour l’essentiel d’entre eux au moins, ils n’adhèrent pas aux solutions avancées par leurs homologues du Medef — qui envisage aussi une revalorisation déconnectée de l’inflation et qui n’empêchera pas la perte de pouvoir d’achat.

"Il faut rassurer les Français sur la pérennité du régime, mais ne prenons pas de décisions hâtives", insiste ainsi Michel Beaugas, de Force Ouvrière, dont les propos sont repris par nos confrères. Et Frédéric Sève (CFDT) d’insister : "La vérité, c’est qu’on n’a pas besoin d’une correction très forte pour revenir dans les clous".