Impôts : les conditions pour profiter de la baisse de 9,3 milliards promise par le gouvernementIllustrationIstock
Président des riches, voire des "très riches" ? En dépit de cette image qui colle à la peau d'Emmanuel Macron, le gouvernement vient de promettre 9,3 milliards d'euros de baisse d'impôts. Une question demeure : faites-vous partie des heureux élus ? Récapitulatif des conditions pour en bénéficier.
Sommaire

9,3 milliards d'euros de baisse d'impôt : qui va en profiter ?

"Les mesures fiscales que nous prenons sont historiques", assurent sans la moindre hésitation les équipes du ministère des Comptes et de l'Action publique. Mieux ! Elles seraient mêmes "sans équivalent depuis 20 ans", soutiennent-elles. Et pour cause : pour la seule année 2020, l'exécutif promet une baisse des impôts chiffrée à 9,3 milliards d'euros. Cumulée aux 10,2 milliards de l'année en cours, cela signifie donc que le gouvernement entend réduire les prélèvements qui grèvent le portefeuille des Françaises et des Français de 20,6 milliards d'euros, indique Les Echos.

Dans le détail, la baisse promise pour 2020 reprend plusieurs mesures, comme l'allégement considérable de l'impôt sur le revenu (IR), décidé à la suite du grand débat, ou la dernière tranche de la suppression de la taxe d'habitation. Sans oublier, rappelle l'hebdomadaire, l'exonération et la défiscalisation des heures supplémentaires.

"Au final, l'essentiel de ces dispositions concernent les classes moyennes. Pour pouvoir bénéficier de la baisse de l'impôt sur le revenu, il faudra donc appartenir à la première tranche de contribuables, qui comprend notamment les employés", précise pour Planet l'économiste Philippe Crevel. Directeur du Cercle de L'Épargne, il estime que cela correspond "au 30 à 50% des revenus imposables les moins élevés".

La seule baisse de l'IR devrait permettre aux Françaises et aux Français d'économiser 5 milliards d'euros en 2020. "Du reste, celles et ceux qui appartiennent aux 20% des plus riches devraient aussi voir leur pouvoir d'achat grimper : c'est eux qui seront concernés par l'étape finale de la suppression de la taxe d'habitation. Les autres en profitent déjà", poursuit l'économiste. Ils devraient donc gagner 3,7 milliards d'euros l'année prochaine. "Pour profiter des 800 millions restant il faudra, entre autres, percevoir la prime exceptionnelle reconduite par Emmanuel Macron", explique-t-il encore. Tous les contribuables ne répondant pas à ces conditions ne devraient donc pas jouir de cette importante baisse des impôts.

Baisse des impôts : comment Emmanuel Macron la finance-t-il ?

"Le message que nous voulons faire passer avec ces baisses d'impôts, c'est que le budget 2020 sera celui des promesses tenues", explique, dans les colonnes des Echos, un "parlementaire important" issu des rangs de La République en Marche (LREM). Avec 20,6 milliards d'allégement prévu à l'horizon 2021 et 27 milliards sur l'ensemble du quinquennat, Emmanuel Macron ferait plus que Nicolas Sarkozy ou Lionel Jospin, par exemple. Ce qui n'est pas sans soulever une importante question : d'où vient tout cet argent, celui qui devra financer le manque à gagner auquel le président est prêt à faire face ?

"Le déficit français représente 2,2 points de PIB tandis que notre dette flirt avec les 100% de PIB. C'est une question qu'il faut poser", reconnaît pour sa part Philippe Crevel. "Forcément, dans un tel contexte, annoncer d'importantes baisses d'impôt relève du tour de force. Pour autant, il ne faut pas perdre de vue qu'en réalité, il ne s'agit pas toujours de baisse stricto sensu", alerte-t-il.

"L'évolution des prélèvements obligatoire est mécanique : elle est liée à l'évolution de la croissance. Pour faire des économies - ou au contraire pour baisser le poids des impôts sur le contribuable - on peut jouer sur leur vitesse d'augmentation. En la ralentissant on procède donc à une baisse par rapport au taux que les Françaises et les Français auraient normalement dû régler", explique l'économiste. "Ce n'est pas véritablement une baisse : c'est une diminution de l'augmentation prévue. Très souvent, c'est grâce à ce type d'artifice de présentation que les gouvernements peuvent se vanter d'avoir allégé les prélèvements", souligne-t-il. Et lui d'ajouter : "il est fort probable que l'administration d'Emmanuel Macron procède de la même façon, au moins partiellement".

Autre piste de financement ? Les entreprises, que l'État a décidé de taxer davantage — au profit des ménages, donc.