Déconfinement : une semaine de plus pour faire reculer l'épidémie ?AFP
Les quatre semaines de restrictions suffiront-elles à faire baisser les indicateurs ? Interrogé par Europe 1, l'épidémiologiste Antoine Flahault mise sur au moins une semaine de plus.
Sommaire

Trois semaines de confinement et on n’en parle plus ? Les Français vivent de nouveau sous cloche depuis le samedi 3 avril et la mise en place de restrictions au niveau national, après de premières mesures dans 19 départements. Mélange entre le confinement du printemps 2020 et celui de l’automne dernier, cette troisième version pourrait bien être la dernière, plus d’un an après le début de la pandémie en France.

Confinement : encore trois semaines ?

Lors de son allocution du 31 mars dernier, Emmanuel Macron l’a annoncée pour une durée de quatre semaines, ce qui amène donc à la toute fin du mois d’avril, voire le début du mois de mai en fonction de la date retenue par le gouvernement. Si on en est encore loin, certains s’inquiètent déjà d’un prolongement des restrictions, après deux confinements qui ont été plus longs que la durée prévue initialement. Pour l’heure, la fermeture des commerces non essentiels et des écoles n’a pas encore d’impact significatif sur la circulation de l’épidémie, puisque le premier frémissement devrait être visible au bout de dix jours, soit à la fin de cette semaine ou au début de la semaine prochaine.

A l’automne, le gouvernement s’était fixé l’objectif de descendre sous la barre des 5 000 cas quotidiens, afin de pouvoir reprendre "le contrôle" sur l’épidémie. Cet objectif n’a jamais été atteint et le pays se trouve sur un plateau bien supérieur depuis le mois de décembre, qui s’est maintenu avant d’augmenter progressivement. Une semaine après le début des restrictions, les trois qui restent seront-elles suffisantes pour freiner significativement la circulation du Covid-19 ? Un scénario table déjà sur un petit allongement des restrictions…

Confinement : cinq semaines nécessaires ?

Plus que jamais, le gouvernement va avoir les yeux rivés sur les chiffres cette semaine. Taux d’incidence, taux d’occupation des lits en réanimation, nombre de nouvelles hospitalisations… Les indicateurs sont nombreux, mais il y en a un qui donne une idée de la circulation du virus : le taux de reproduction. S’il est au-dessus de 1, alors le virus se transmet rapidement, car un malade contamine une autre personne. S’il est en-dessous de 1, alors le virus recule puis qu’un malade du Covid-19 contamine moins d’une personne.

Interrogé par Europe 1, l’épidémiologiste Antoine Flahault explique que la fermeture des écoles pourrait faire baisser ce taux de reproduction et le faire descendre à 0,7 à la fin de cette semaine. "Si ce taux est autour de 0,7 (ce que l’on a vu au Portugal par exemple récemment), on peut espérer une diminution par deux du nombre de nouvelles contaminations toutes les semaines", explique-t-il à la radio, précisant : "C’est-à-dire qu’il faudrait trois semaines supplémentaires pour mener les nouvelles contaminations de 40 000 à 5 000 cas par jour".

Dans ce scénario, les mesures seraient donc un peu rallongées, jusqu’aux alentours du 10 mai. Il s’agirait alors non pas d’un confinement de quatre, mais de cinq semaines. Un scénario moins optimiste évoque un retour à la normale dans plusieurs mois…

Confinement : trois mois de restrictions pour faire baisser l'épidémie ?

Que se passera-t-il si le taux de reproduction ne s’approche pas de 0,7 d’ici les prochains jours ? S’il reste à un niveau plus élevé, même en-dessous de 1, il faudra logiquement plus de temps pour faire baisser le niveau des contaminations. Comme l’explique Europe 1, si cet indicateur reste aux alentours de 0,9 à la fin de cette semaine, alors il ne faudra pas trois semaines, mais trois mois pour redescendre à 5 000 contaminations quotidiennes ! Dans ce scénario, le contrôle de l’épidémie ne serait donc possible qu’au milieu du mois de juillet. Avec l’arrivée des beaux jours et la lassitude des restrictions, pas sûr que les Français tiennent jusqu’à cette échéance.