Tuée à coups de canne, piétinée… Le sort tragique des femmes abattues par leurs compagnons ou exIllustrationIstock
Depuis le début de l'année, plus de 100 femmes ont été tuées par leurs compagnons ou leur ex. Pour lutter contre les violences qui leur sont faites, le gouvernement a annoncé un grenelle qui doit commencer ce mardi 3 septembre.
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Féminicide : à 92 ans, elle est rouée de coups de canne par son mari

Elle avait 92 ans. Le 1er septembre 2019, cette nonagénaire habitant à Réalmont, dans le Tarn, a été rouée de coups de par son conjoint, de deux ans son aîné, rapporte France 3 Occitanie. Après avoir été retrouvée dans un "état critique" par sa fille et suite à l’intervention des pompiers, elle a été transférée en urgence à l’hôpital Purpan, à Toulouse. Grièvement blessée au visage, elle n’a pas survécu.

Son époux, lui, a d’abord été placé en garde à vue. Il demeure depuis dans un centre psychiatrique et doit faire l’objet d’une première expertise, attendue par la justice, note la chaîne d’information. Par ailleurs, une information judiciaire doit être ouverte. Deux motifs potentiels sont évoqués par France 3 Occitanie : "homicide volontaire" ou "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner".

Depuis le 1er janvier 2019, c’est la 101ème femme à être tuée par son conjoint ou par un ex, rappelle Le Monde. A titre informatif, sur l’ensemble de l’année 2018, 121 féminicides – c'est-à-dire le meurtre d’une femme pour sa qualité de femme, quoique le terme soit aussi utilisé pour désigner les femmes tuées par leur compagnon ou ancien partenaire – ont été recensés par le ministère de l’Intérieur.

Avant elle, 100 autres femmes ont donc été tuées par leur époux, leur petit-ami ou même un homme dont elles s’étaient séparées. C’est le cas, notamment, de Salomé, retrouvée morte à Cagnes-sur-Mer, le 31 août 2019. Elle a été "rouée de coups après une dispute avec son compagnon dans la nuit de vendredi à samedi", rapporte Le Parisien.

Meurtre de Salomé, 21 ans : la police elle aussi visée par une enquête

Salomé avait 21 ans quand elle a été tuée. Une riveraine – qui tient à conserver son anonymat – a assisté à la scène et met en cause le compagnon de la jeune femme. Selon elle, il "sautait sur elle comme sur un trampoline", au pied de son immeuble. Un autre témoin, interrogé par Nice-Matin, dit avoir tenté d’intervenir. "Il l’a fracassée. Elle ne bougeait plus et il s’acharnait", raconte-t-il, expliquant avoir vu le conjoint de Salomé "lui cogner la tête contre une voiture, puis contre un mur" et "la piétiner".

Prévenue par la voisine, les forces de l’ordre mettent du temps à intervenir. La mère de famille doit d’ailleurs les appeler à deux reprises avant qu’elles n’arrivent. "J’étais en contact avec la police, je leur expliquais tout, en leur disant : ‘Mais là, c’est fini ! Mais vous êtes où ? Je la vois plus, elle est morte cette petite, elle est morte !’"

Pourtant, à leur arrivée, les agents de police ne restent pas. Ne trouvant pas de corps, ni d’agresseurs, ils s’en vont rapidement. "Ils sont partis en nous disant ‘Non, non, il n’y a rien’", s’agace d’ailleurs la riveraine. La dépouille de Salomé, cachée 20m plus loin, est retrouvée le lendemain. Par la suite, le conjoint a été interpellé, mais il nie être "l’auteur des violences", indique Le Parisien.

Face au manque de réactivité des forces de l’ordre, l’IGPN a été saisie afin d’identifier les "conditions d’interventions des effectifs de police" locaux. "Il y a des écarts sur le déroulé des faits et de l’intervention policière qui méritent des éclaircissements", précise en effet une "source proche du dossier" à l’AFP. Il s’avère que les agents ne s’attendaient pas à une scène de meurtre, mais à tomber sur "une violente dispute", note le quotidien régional…

Féminicide : un grenelle commandité par le gouvernement et la mobilisation des familles

Pour lutter contre les violences faites aux femmes, le gouvernement a donc décidé de l’organisation d’un grenelle qui débute ce mardi 3 septembre 2019, rapporte Le Monde. Les concertations devraient durer jusqu’au 25 novembre, journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Ce seul point de calendrier provoque d’ores et déjà le scepticisme de plusieurs militantes, comme cela peut être le cas pour Caroline de Haas, membre du collectif #noustoutes, précise le quotidien du soir.

En pratique, Édouard Philippe doit annoncer les "premières mesures d’urgence visant à renforcer la protection des victimes" dès l’après-midi, assurent les services de Matignon. Pour autant, les associations féministes ont fait savoir qu’elles restaient vigilantes et disent attendre "des résultats". Elles espèrent une prise en charge financière d’au moins 500 millions d’euros, voire un milliard, bien loin des 79 millions d’euros aujourd’hui alloués à la lutte contre les féminicides, ou des 1 million promis par Marlène Schiappa aux "associations de terrain".

Les familles de victimes se mobilisent également ce 3 septembre : elles organisent une marche "pour toutes les femmes victimes de violences conjugales", rapporte le collectif Féminicides par compagnons ou ex. Une marche "en hommage à celles que nous avons perdues", mais aussi pour "toutes les familles qui n’auront pas de procès ou auront un simulacre de procès". Ensemble, familles et victimes présentes doivent donc se rendre jusqu’à Matignon, au Grenelle.