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La polémique portant sur la crèche installée dans la mairie de Béziers révèle le rapport ambigu entretenu par Robert Ménard à l'égard de la laïcité. Décryptage.

"Comme dans bon nombre de villes qui se disent laïques comme nous, il n’y aura pas de repas halal dans les cantines municipales". Voici ce que disait Robert Ménard quelques semaines après son élection à la mairie de Béziers. L’édile justifiait alors cette décision par l’application stricte du principe de laïcité, entériné dans le droit français depuis la loi de 1905.

Or, comme nous vous le disions au mois d’août, ce même maire se félicitait d’avoir "démocratisé la messe publique". Aujourd’hui encore, l’élu soutenu par le FN fait l’objet d’une polémique concernant l’installation d’une crèche dans le hall de son Hôtel de ville. Dès lors une question se pose : Robert Ménard aurait-il un problème avec la laïcité ?

La laïcité contre la foi chrétienne

S’il y a bien quelque chose qui caractérise l’opposition de Robert Ménard au principe de la laïcité, c’est la dimension sélective de sa tolérance. Dans sa conception, il serait logique d’interdire tout ce qui relève d’une religion sauf lorsqu’il s’agit de la sienne. En d'autres termes, la confession catholique qui, qualifiée de façon politiquement correcte, devient la "tradition judéo-chrétienne". Dans cet esprit, il a instauré une messe publique pour la féria de Béziers en avançant, là encore, l’argument des traditions. Sauf que, en réalité, la manifestation taurine biterroise n’avait jamais connu depuis sa création en 1968 un tel office religieux en préambule.

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Rebelote concernant la polémique liée à sa crèche municipale : " nous sommes dans un pays de tradition judéo-chrétienne" martèle-t-il. Or, le conseiller municipal du Front de Gauche Aimet Couquet a expliqué à nos confrères de RTL qu’il n’avait jamais vu la moindre évocation religieuse dans les locaux de la mairie et ce, depuis 31 ans.

Alors, que dit la loi ?

Concernant le cas précis de la crèche, c’est l’article 26 de la loi de 1905 qui intervient. Celui-ci stipule qu’il est "interdit (…) d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l’exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires ainsi que des musées ou exceptions".

Sauf que, reste à déterminer si la crèche s’inscrit ou non dans la culture locale (ce qui n’est pas gagné). Dans ce cas-là, cela pourrait-être toléré. En outre, le caractère ponctuel de l’exposition d’une crèche pourrait également jouer en la faveur de son maintien. Toutefois, comme dans le cas de la crèche installée dans le hall du Conseil général de la Vendée, c’est au tribunal administratif de trancher.

Alors que le préfet de l'Hérault a sommé le maire de Béziers de retirer cette installation, Robert Ménard refuse de la faire enlever. Dans une lettre adressée à la préfecture, l’édile persiste jurant que cette crèche s’inscrit dans "un projet culturel global". Quoi qu’il en soit, l’élu défend une "application intelligente de la laïcité". Une application qui interdit les repas halal mais qui autorise les pratiques chrétiennes dans les locaux de la mairie. Ce qui, de fait, rompt avec la tradition laïque de la France.

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