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Selon un rapport d'un centre de surveillance russe, cité par Sputnik, la Terre pourrait être touchée par de nombreux orages magnétiques en 2018, dont certains puissants. Pour demêler le vrai du faux, Planet a interrogé Etienne Pariat, astrophysicien et chercheur CNRS à l'Observatoire de Paris. 

Planet : Concrètement, que sont les orages magnétiques ?

Etienne Pariat :  La Terre a un champ magnétique normalement stable, à l’échelle de l’année. C’est-à-dire qu’entre aujourd’hui et demain, le Nord de la boussole ne va pas changer.

Un orage magnétique, c’est une variation du champ magnétique terrestre qui peut durer quelques heures. Quand on parle d’orage c’est qu’il y a une intensité particulière qui peut être associé à un certains nombres de phénomènes. Par exemple, des instruments de mesures ou électroniques peuvent être perturbés, ils sont aussi associés à des aurores polaires.

Planet : D’où viennent les orages magnétiques ?

Etienne Pariat :  Ces orages magnétiques sont la conséque nce de l’arrivée au niveau de la Terre, d’une perturbation du champ magnétique de l’espace interplanétaire. Il faut comprendre que notre planète est en permanence baignée dans un champ magnétique interplanétaire qui vient en grande partie du soleil. Ce champ magnétique va être perturbé par des éruptions solaires qui dégagents des particules. Quand elles arrivent sur Terre, parce que ces particules sont chargées en radiations, elles perturbent le champ magnétique terrestre.

Planet : Peut-on prévoir ces orages magnétiques ?

Etienne Pariat :  C’est compliqué. Cela nécessiterait de pouvoir prévoir les fluctuations du champ magnétique de l’espace interplanétaire et donc du soleil et de ses éruptions. Aujourd’hui on sait que quand il y a une grosse éruption solaire, il faut compter entre 1 et 3 jours avant que l’orage n’arrive sur Terre. C’est de l’ordre de 1000 kilomètres par seconde.

Toutefois, une nouvelle discipline se met en place depuis une quinzaine de l’année : la météorologie de l’espace (ndrl : qui permet de mieux prévoir et comprendre les relations Soleil-Terre et météo). Encore une fois, c’est tout récent, par exemple : l’Organisation internationale de l’aviation civile vient de lancer un appel d’offre pour construire des centres de prévision. C’est seulement maintenant qu’on commence à y penser. C’est une science neuve, on en est au même point que quand on étudiait la météo terrestre au 19ème siècle.

Planet : Ne peut-on pas prendre en compte le cycle de l’activité solaire ?

Etienne Pariat :  C’est encore une question d’échelle. Le cycle le plus connu est celui des 11 ans. C’est-à-dire avec des phases où il y a peu de tâches, puis cela augmente pendant 4-5 ans jusqu’à atteindre un maximum avant de redescendre. Ces tâches sont les manifestations des éruptions. Le cycle dans lequel on se trouve devrait atteindre son niveau maximum d’activité en 2025. Aujourd’hui, on connait bien les cycles d’activité, mais on ne peut pas dire si le prochain sera plus fort que le précédent. Il n’y a pas de consensus dans les études internationales. Pour l’instant, nous sommes dans une phase descendante, avec l’année 2020 au minimum du cycle.

Planet : Les orages magnétiques représentent-ils un danger ?

Etienne Pariat :  Les orages magnétiques ne représentent pas de danger en tant que tel pour la santé de l’être humain sur Terre. Mais, nous sommes une société qui change et se développe dans l’espace. Nos satellites et les êtres humains que nous envoyons dans l’espace sont exposés. Si nous voulons envoyer quelqu’un sur Mars, c’est un danger, et il faudra trouver un moyen de protéger les astronautes des radiations.