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Les discours d'Emmanuel Macron sont régulièrement discutés par les parties opposées comme les citoyens, et pour cause. Parmi les nombreuses promesses émises par le président de la Républiques, très peu seraient suivies d'actes.
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Promesses, actes et contradictions… La politique écolo d’Emmanuel Macron

En 2017, alors qu’il participait à la course aux présidentielles, Emmanuel Macron a tenu un propos qui le poursuit jusqu’à présent.

"J’aurai dans ma trajectoire financière, un plan ambitieux d’investissement dont l’un des piliers sera justement l’écologie et la transition du modèle de croissance", a dit Emmanuel Macron le 9 février 2017. 

Cette affirmation, prononcée dans un "Panda live" sur Facebook avec WWF France, les écologistes sont loin de l’avoir oubliée, et pour cause. Des promesses non tenues, des contradictions entre les discours et les actes… tant de problématiques que dénoncent les opposants à La République En Marche (LREM). Pour répondre à ces attaques, le président s'est exprimé le 23 mai dernier à l'occasion du tout premier conseil de défense écologique (CDE). 

Au menu de ce grand rassemblement, de multiples sujets sur l'environnement. Parmi lesquels le "suivi de l’exécution" des plans climat (juillet 2017) et biodiversité (juillet 2018), ainsi qu’un point sur "la mobilisation des financements publics et privés pour la transition écologique".

Oui mais voilà, en finalité "des paroles, plus que des actes" titre Libération. Pourtant "sur l’écologie, le temps n’est plus à la parole", a assuré Emmanuel Macron en ouverture de ce premier conseil. Au cours de la séance, des chantiers majeurs ont été évalués, des problématiques ont été identifiées et le gouvernement a détecté les erreurs à corriger. En bref, pas d’avancée particulière selon le quotidien, marqué à gauche.

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Cette hypocrisie d'Emmanuel Macron : un discours peu convaincant ?

Tout comme de nombreux autres opposants à LREM, les environnementalistes ne sont pas convaincus par le discours habituellement tenu par Emmanuel Macron. Jérôme Partos est le trésorier et de France Nature Environnement.

Contacté par la rédaction, l’ancien vice-président de cette fédération avoue que même si durant sa période préélectorale, "[Emmanuel Macron] n’a pas beaucoup parlé d’environnement", ils (les écologistes, NDLR) restaient optimistes et attendaient beaucoup de son action.

Par la suite, le trésorier a observé comment la problématique a graduellement pris place au cœur des préoccupations du président. Néanmoins, en plein milieu du quinquennat, il remarque que "les décisions ne vont pas souvent dans le sens du discours". L’association FNE, reconnue d’utilité publique en 1976, a tout de même tenté de faire s’entendre.

"Avec Nicolas Hulot c’était facile, avec François de Rugy c’est un peu moins simple. Mais on a des portes ouvertes pour discuter", confie Jérôme Partos, qui déplore cependant que l'association soit "un peu exclue".

L’environnementaliste ne rejette la faute sur aucun des deux ministres. Selon lui, les périodes d’entrées au gouvernement sont également en cause. "Avec Nicolas Hulot c’était la première partie du mandat : il y avait encore l’élan de l’élection, l’euphorie", explique-t-il. Et de poursuivre "ensuite on rentre dans le concret et on subit les contraintes du quotidien".

Emmanuel Macron : ce gigantesque projet qu'il a soutenu puis abandonné

FNE, et de nombreuses associations qui luttent en faveur de l’environnement, se battent depuis plusieurs années déjà contre la  Montagne d’or. Cette mine d’or à ciel ouvert, implantée dans le département de la Guyane française (Amérique de Sud), est très controversée. Parmi les adversaires des entreprises mandatées pour ce chantier, de nombreux locaux, des élus… et un certain Nicolas Hulot, fermement opposé à la démarche.

"Nous allons tout faire pour qu’un projet de cette envergure puisse voir le jour ", a délcaré Emmanuel Macron en août 2015, en contradiction totale avec son ancien ministre de l’Ecologie. Un avis qu’il n'a pas démenti durant sa campagne électorale puis au début de son mandat présidentiel. Ce n'est que le jour du conseil de défense écologique, soit trois jours avant les élections européennes qu'Emmanuel Macron a rejeté le projet. Il l'a jugé "incompatible, en l'état, avec les exigences de protection de l'environnement".

Emmanuel rejette Montagne d'or : une décision prise en vue des élections européennes ?

Une annonce prise avec des pincettes par les opposants qui se méfient de la formulation de cette phrase. En effet, le site minier est rejeté "en l’état", cela signifie qu’il pourrait se faire si les société qui l'entreprennent - Nord gold et Columbus Gold, qui se sont associées,  - venaient à le rendre compatibles avec "les exigences de protection de l’environnement".

Jérôme Partos a un avis bien tranché sur l’affaire. D’après lui, un tel projet "n’aurait jamais dû aller aussi loin" au vue de son aspect nocif pour la biodiversité. Même s’il s’agit d’une "bonne nouvelle", il en garde un goût amer. "Ce qui est anormal c’est que l’Etat soit incapable de prendre cette décision d’intérêt général tout seul", regrette-il.

"On aimerait bien que ce soit une décision réfléchie, volontaire, raisonnée que le gouvernement prendrait et qu’il mettrait en avant comme le changement exemplaire" poursuit l’ancien vice-président de FNE.

Contactée par la rédaction, l'entreprise Montagne d’or - fruit de la fusion des deux firmes précédemment présentées - n’a pas souhaité réagir à ce sujet, nous renvoyant au communiqué de presse publié à l’issue du CDE. Ce dernier mentionne que "la société réaffirme sa volonté de mener un dialogue ouvert et constructif avec l’ensemble des parties prenantes […] en vue de rendre ce projet en Guyane compatible avec les exigences de protection environnementale". Le bulletin évoque également le souhait de la firme que le gouvernement accélère la réforme du code minier. Cette dernièr,e permettrait aux projets miniers d’être réalisés sous le respect d’un règlement prédéfini et de façon plus précise.

Emmanuel Macron : ce projet qualifié de "nocif" qu'il soutient

Par ailleurs, d’autres projets très controversés sont soutenus par l’exécutif. Plusieurs d'entre eux, dénoncés par France Nature Environnement, sont qualifiés de "climaticides", dont EuropaCity. Ce futur parc de loisir devrait se tenir au nord de Paris, dans un espace d’environ 300 hectares entre le Bourget et Roissy.

Les investisseurs - le groupe Auchan et les chinois Wanda - prévoient d’y installer un vaste centre commercial et des activités périphériques. Jérôme Partos regrette que ce projet se fasse sur "l’une des dernières zones de terrains agricoles d’Île-de-France".

Pourtant,  "le discours du gouvernement aujourd’hui c’est d’aboutir à la non-artificialisation des terres", s’insurge-t-il.

Il y voit, là encore, une contradiction de l'éxecutif. Le projet, estimé à 3,1 milliards d’euros et bénéficie du soutien de l’Etat, rappelle Libération.