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Comme le prouve l'enlèvement en pleine rue d'une riche héritière à Nice lundi, les kidnappeurs sont capables de tout. Découvrez les enlèvements les plus spectaculaires de ces dernières années.
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Enlevée en plein coeur de Nice, une riche héritière se libère de ses liens

"C’était comme au cinéma". Une connaissance de Jacqueline Veyrac, qui a été enlevée lundi 24 octobre en pleine rue de Nice, n’en revient toujours pas. Comme l’explique Nice-Matin, le kidnapping de la riche septuagénaire s’est fait en plein jour, devant de nombreux riverains abasourdis. La scène s’est déroulée entre 12h15 et 12h30, dans une discrète ruelle qui mène au boulevard Gambetta, pour le coup très fréquenté.

Proche de son domicile et au volant de sa voiture, Jacqueline Veyrac s’est fait surprendre par l’arrivée soudaine d’un utilitaire blanc. Deux individus, visages cachés, sont descendus et ont profité de la voiture à l’arrêt de la femme. La riche propriétaire n’a rien pu faire, "il semble bien qu’ils (les kidnappeurs, ndlr) l’aient extirpée de son véhicule à l’arrêt", indique le procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre.

Retenue dans une maison abandonnée ?

"Ils l’emmènent de force, en lui cachant le visage avec une serviette, un tampon ou une écharpe, jusqu’à leur véhicule utilitaire où attend le conducteur. Puis le véhicule part très vite". C’est là qu’un témoin exclame : "Kidnapping!"

Aucune arme n’aurait été aperçue au moment de l’enlèvement. Et autre élément clé : "Aucune demande de rançon n'avait été formulée à cette heure", a assuré mardi Me Sophie Joncquet, avocate de la famille Veyrac. Néanmoins, le fils de la victime serait entré en contact avec les kidnappeurs, le soir même de l’enlèvemement.

Puis, rebondissement incroyable mercredi. Selon Nice-Matin, Jacqueline Veyrac se serait libérée de ses liens avant de se réfugier dans une maison voisine. D'après le journal local, elle a été retenue dans une maison abandonnée, proche d'un centre commercial.

Jacqueline Veyrac, héritière discrète du Grand Hôtel de Cannes et propriétaire de nombreux établissements de luxe sur la Côte d’Azur, avait déjà été victime d’une tentative d’enlèvement avortée en 2013. Une scène qui s’était également déroulée proche de son domicile. 

Après 63 jours de calvaire et un doigt coupé, un baron belge s’en sort finalement

C’est l’un des rapts les plus hollywoodiens... Le 23 janvier 1978, à 9 heures, le baron belge Edouard-Jean Empain, riche patron du groupe industriel Schneider, est enlevé à la sortie de son domicile sur l’avenue Foch à Paris.

Suivront ensuite 63 jours d’enfer pour l’homme d’affaires. L’un de ses ravisseurs, qui s’est exprimé 34 ans après au Figaro, a décrit les conditions de séquestration de sa proie. Le baron avait été "enchaîné à la cheville pendant trente jours dans le noir et le silence absolu", explique l’ex-gangster Alain Caillol, qui a sorti Lumière, un livre qui revient sur cet incroyable kidnapping.

"La caricature du capitaliste sauvage"

Mal nourri, menacé, épuisé… Edouard-Jean Empain atteindra l’apogée de sa souffrance lors de l’amputation de son doigt, exécutée par un geôlier tiré au sort. Le baron aura perdu jusqu’à 20 kilos au cours de cette période noire.

Les ravisseurs ont spécialement visé Edouard-Jean Empain, car il représentait alors la "caricature du capitaliste sauvage", selon Alain Caillol, qui confirme qu’ils ont demandé 80 millions de francs (12,2 M d’euros) de rançon.

Finalement, le 24 mars 1978, une fusillade entre policiers et ravisseurs mettra fin à l’affaire Empain. L’un des malfrats, Daniel Duchâteau, décédera au bord de l’autoroute A6.

Selon Alain Caillol, qui a passé vingt ans derrière les barreaux (plus huit ans pour trafic de cocaïne entre 2001 et 2009) et qui regrette le rapt, Edouard-Jean Empain s’est montré très courageux durant le calvaire. "Pas une plainte, pas un cri, pas une crise de nerf. Il a fait preuve d'un courage et d'une dignité qui forcent le respect. Nous étions face à un homme, un homme debout".

Mais un homme malgré tout fragilisé, puisque le baron assure qu’il n’est "plus le même homme" depuis.

Q uand la victime doit jouer le jeu du "vacancier"

Au départ, tout le monde pensait qu’il était parti en vacances pendant sept semaines. En réalité, un riche homme d’affaires a vécu un calvaire pendant cette période. Si son entourage, dont sa femme, pensait qu’il bronzait au soleil, c’est parce que ses ravisseurs ont ordonné à l'homme de jouer au "jeu du vacancier".

Tout remonte au 22 mai 2005, lorsque l’homme âgé de 56 ans est surpris dans un rendez-vous d’affaire par deux individus (peut-être trois), qui le forcent à entrer dans une voiture. Comme l'indique La Dépêche, le businessman est ensuite jeté dans une cave, située dans une maison de la banlieue toulousaine. Pendant ce temps, ses ravisseurs dérobent des objets de valeurs dans son domicile (téléphone, ordinateur, cartes bleues…). Mais le cambriolage est stratégique : les kidnappeurs ont tout organisé pour faire croire que la victime est partie en vacances.

Après la cave, l’homme d’affaires se retrouve dans un camping car. Il ne le sait pas encore, mais c’est lui-même qui a acheté le véhicule, puisque ses ravisseurs lui ont extorqué de l’argent. Menacé par des armes, l’homme multiplie les virements. Alors qu’il est séquestré dans le camping car, ou dans des caves, la victime est contrainte de téléphoner ou d’envoyer des messages à sa femme, pour l'assurer que les vacances se déroulent bien.

Expédié loin de chez lui

Finalement, après des centaines de kilomètres parcourus, l’homme découvre enfin où il se trouve. A son grand étonnement, il est en Espagne, dans le petit village de San Pedro d’Alcantara. Après lui avoir volé plus d’un million d’euros, ses malfaiteurs décident de le lâcher. Mais avec une condition : "verser 100 000 euros par semaine, jusqu’à deux millions". Sinon, c’est la mort.

En juillet 2015, le "vacancier" retourne chez lui, en voiture, à Toulouse. Son entourage pense toujours qu’il était vraiment parti en vacances. Mais lorsque le businessman décide enfin de s’adresser aux gendarmes, il est expédié loin de chez lui, par mesure de sécurité.

Le 7 septembre suivant, deux criminels au lourd passé judiciaire sont arrêtés en Espagne et à Toulouse.

Enlevé en plein conseil d’administration

Acte terroriste ou étrange affaire de show-business ? Quelle mouche a donc piqué les six hommes armés qui ont enlevé, en plein conseil d’administration, le président de la firme Phonogram ?

Nous sommes le 31 décembre 1975, et Louis Hazan pensait clore de belle manière la dernière réunion avant le réveillon. Sauf qu’il est enlevé par des hommes qui exigent tout de suite une rançon : 15 millions de francs (environ 2,29 millions d’euros).

Un des ravisseurs toujours en fuite

Comme le rappelle BFMTV, Louis Hazan est victime de faux ordre de virement avec fausse signature. Et lorsqu’une bombe explose devant la société, l’affaire prend une ampleur médiatique. L’action terroriste est évoquée.

Finalement, lors de la remise de la rançon en janvier 1976, la police arrête deux ravisseurs. Le lendemain, Louis Hazan est retrouvé bâillonné, ligoté et enfermé dans le placard d'une propriété à Tremblay-les-Villages, dans l'Eure-et-Loir. Cet enlèvement marque également la fin de versement de rançon, décidée par le ministère de l’Intérieur.

Cinq ravisseurs sont ensuite arrêtés. Ils se revendiquent d’extrême droite ou appartenant à une mafia italienne. Aujourd’hui encore, la police cherche à résoudre le puzzle. Un des malfrats toujours en fuite, Jacques Prévost, est un ancien militant de l’OAS. Il a joué un rôle dans l’attentat du Petit-Clamart, contre le général de Gaulle, en 1962.

La famille Peugeot touchée en 1960

En France, la première affaire moderne d’enlèvement d’enfant contre rançon remonte à avril 1960. Comme le rappelle France-Soir, Eric Peugeot, âgé de 4 ans et petit-fils du président du constructeur français, est ciblé par des malfrats.

Lorsque le grand patron, Jean-Pierre Peugeot, se rend au golf de Saint-Cloud le mardi 12 avril 1960, il laisse ses deux petits-fils, dont Eric, dans un jardin d’enfants. Les petits sont surveillés par une nourrisse, qui connaît un petit moment d’inattention. Suffisant pour les ravisseurs. Ils emportent Eric et laissent, à côté du toboggan où jouait l’enfant, une lettre adressée au père, Roland Peugeot.

Prix pour libérer l’enfant ? 50 millions de francs (7,6 millions d’euros). Sans hésiter, Roland Peugeot alerte la police. Sauf que ce genre de crime est méconnu en France à cette époque, et le père se retrouve seul à négocier avec les ravisseurs.

Les ravisseurs arrêtés onze mois plus tard

C’est à la télévision, le soir même, que Roland s’adresse aux malfrats : "C'est un père à qui l’on vient de prendre son enfant qui s'adresse à vous. Tous ceux qui ont des enfants et qui les aiment me comprendront, j'en suis sûr. Mon seul souci est de le retrouver sain et sauf le plus tôt possible. Je n'ai pas déposé de plainte. Je prends l'engagement formel de demander que le ravisseur ne soit pas poursuivi".

Deux jours plus tard, dans des circonstances exceptionnelles, l’industriel dépose les billets de la rançon dans une galerie marchande de Paris. L’enfant est retrouvé quelques heures après devant une brasserie du 16 e arrondissement, à 1 heure du matin.

Les deux ravisseurs, Pierre-Marie Larcher et Rober Rolland, seront arrêtés onze mois plus tard. Une enquête longue, qui a déclenché la colère de la famille Peugeot, et a provoqué le changement du commissaire chargé de l’affaire.

Le calvaire de Chloé, qui n’a presque rien mangé en une semaine

Fin novembre 2012, Chloé est revenue sur son calvaire. Le 9 novembre de cette année, l’adolescente de 15 ans rentre en scooter chez elle, à Barjac dans le Gard. Elle est ensuite surprise par "un homme, qui est rentré dans la cour".

Comme elle l’explique au Figaro, elle a tenté "de partir en courant". "Je suis tombée, il m'a menée jusqu'à la voiture", se rappelle-t-elle. Matée par son ravisseur, Chloé s’apprête alors à vivre une longue épreuve. Pendant des heures, elle se retrouve enfermée dans le coffre du véhicule. Sans le savoir, elle traverse l’Italie avant de rejoindre l’Allemagne.

Libéré après une course-poursuite

Une semaine d’enfer, où la jeune fille assure n’avoir bu qu’un litre et demi d’eau et avoir peu mangé. Elle raconte aussi ne pas s’être lavée, et n’être sortie de la voiture que lorsque les deux se trouvaient dans des endroits isolés. "Au début, ça a été difficile", confie-t-elle. "J'ai baissé les bras et je me suis dit, je ne rentrerai jamais chez moi (...) et là, ça a été horrible pendant plus de 24 heures, j'étais anéantie. J’ai eu peur de mourir".

Le surlendemain de l’enlèvement, la jeune fille reprend de l’espoir lorsqu’elle entend l’appel de sa mère à la radio, qui évoque la "vague humaine mobilisée". Finalement, à l’issue d’une course-poursuite à Oppenau, près d’Offenbourg, son cauchemar s’achève le 16 novembre. "Là, j'ai craqué, j'en pouvais plus et quand les gendarmes ont ouvert le coffre, je suis sortie, je me suis jetée dans les bras d'un gendarme, je crois qu'il m'a prise pour une folle", s’emporte-t-elle au Figaro.

Kamel Bousselat, son ravisseur présumé, est actuellement déténu en Allemagne. "Il ne voulait pas faire du mal directement", assure Chloé, qui indique néanmoins que "ça ne veut pas dire" qu’elle n’a "pas subi d'autres choses".