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Vive polémique. Jean-Paul Delevoye a-t-il joué sur les durées de cotisation pour "embellir" le projet d'harmonisation des retraites ? Des experts dénoncent des simulations trompeuses.
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Tente-t-on par tous les moyens de tromper les Français ? Le projet de réforme des retraites ne cesse de diviser. Depuis la présentation du rapport du haut-commissaire Jean-Paul Delevoye, les polémiques enflent. Syndicats et experts ont d’ailleurs passé au crible les 130 pages détaillant "le big bang annoncé pour 2025", rapporte Le Parisien.

Leurs conclusions sont sans appel. La manipulation des chiffres permettrait de faire plus de gagnants que de perdants…

Réforme des retraites : une méthodologie mensongère ?

Le collectif nommé "reformedesretraites.fr", a en effet dénoncé ce jeudi 25 juillet, des calculs erronés. Dans le rapport, le gouvernement compte la différence entre le montant des pensions qu’un retraité français aurait dû percevoir avec le système actuel, puis le nouveau, précise France Info.

Or, ce comité d’une quinzaine de personnes (syndicaliste, économiste, enseignant, fonctionnaire, chef d'entreprise, etc.), créé il y a un mois, s’est rendu compte que pour effectuer le calcul du montant des retraites actuelles, une durée de cotisation fictive a été utilisée. Cette mention est d’ailleurs précisée en annexe dans la méthodologie (page 143).

"Dans la situation hors système universel, la durée d'assurance requise a été prolongée au-delà de celle prévue par la législation actuelle, selon le même rythme que lors de la réforme de 2014 (augmentation de 1 trimestre toutes les 3 générations). La durée d'assurance requise s'établit respectivement à 43 ans et 6 mois et 44 ans et 36 mois pour les générations 1980 et 1990", peut-on notamment y lire.

Réforme des retraites : "au mieux c'est de l'incompétence, au pire c'est de la manipulation"

Selon les experts, les comparaisons ne sont pas "faites dans le cadre du système actuel réel et légalement en vigueur, mais dans un système fictif, où seraient ajoutées" de nouvelles mesures "qui n'ont jamais été votées".

"L'intention c'est de présenter le projet de réforme comme étant mieux que ce qu'il se passe aujourd'hui. Au mieux c'est de l'incompétence, au pire c'est de la manipulation", dénonce de son côté le négociateur retraites FO Philippe Pihet.

"Delevoye compare une retraite calculée avec la réforme Macron et une retraite calculée dans le système actuel si on rallongeait la durée de cotisation au-delà de 44 ans et 3 mois ( aujourd'hui, c'est 42 et ça sera 43 ans dans quelques années) !", a dénoncé le collectif sur Twitter.

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Réforme des retraites : les exemples types biaisés

Des retraités vraiment tous gagnants ?

Pour tenter de montrer les effets bénéfiques de la réforme, neuf exemples types sont présentés : une assistante de direction, une employée devenue cadre, un graphiste, un vendeur et chômeur, des fonctionnaires… Les simulations effectuées démontrent que grâce à la réforme, ces profils en tirent quasiment touts des bénéfices.

Si les experts s’en sont grandement étonnés, une simulation les a particulièrement fait bondir. Elle concerne la génération née en 1990, précise Le Parisien.

"Au gré des calculs, le nouveau système apparaît presque toujours plus avantageux pour les cas type de cette génération", indique un des membres du collectif, en évoquant des "simulations trompeuses.""Cette présentation biaisée des choses a un objectif clair : masquer le fait que la réforme contient en elle-même des mesures automatiques de baisses de pensions."

Le collectif estime donc que la réforme va engendrer une baisse des pensions en raison du "gel des ressources allouées" aux retraites. Et ce, malgré l'augmentation du nombre de retraités, indique Actu Orange.

Réforme des retraites : le haut-commissariat se défend des accusations

Le cabinet du haut-commissaire se défend de ces accusations. Interrogé par Le Parisien ce jeudi 25 juillet, l'entourage de Jean-Paul Delevoye défend sa méthodologie :

"Il ne s'agit pas de pénaliser le système d'avant pour montrer que le système d'après est meilleur, nous appliquons sur l'âge du taux plein l'évolution de l'espérance de vie. On assume ce choix".

Si la réforme des retraites doit être présentée à l'automne prochain et déboucher sur de nouvelles concertations, elle entrera en vigueur en 2025. Le sujet n’a donc pas fini de faire parler.