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Candidat PS à la mairie de Marseille, Patrick Mennucci espère bien réussir à déloger le maire sortant UMP, Jean-Claude Gaudin, en poste depuis 1995. Selon lui, son rival est "devenu étranger à sa ville" et s'intéresse davantage "aux jeux politiques parisiens" qu'à la "gestion quotidienne de ses administrés".

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Planet : A moins de deux mois du premier tour des élections, comment vous sentez-vous ?Patrick Mennucci : "Très bien, car c'est un noble combat, dans le contact quotidien avec les Marseillais, dans la mobilisation avec mes amis têtes de listes et avec tous nos formidables militants, et dans la réflexion personnelle et collective pour me préparer à changer le destin de Marseille.

Planet : Avez-vous bon espoir de réussir à déloger Jean-Claude Gaudin ?Patrick Mennucci : J'ai la conviction que les Marseillaises et les Marseillais aspirent au redressement et à la réussite de leur vie et de leur ville. Je me sens prêt à les conduire et à les accompagner dans ce changement. Je crois en la force des idées, des programmes, des engagements et je constate que mon concurrent principal est sur la défensive, à court d'idées, au point que son programme est sur de nombreux points un copié-collé du mien.  

Planet : Quels sont les principaux thèmes de votre campagne ? Sur quoi comptez-vous mettre l’accent en cas de victoire ?Patrick Mennucci : Ma campagne est à l'image de ma conception de la fonction de maire : il s'agit de rétablir l'autorité municipale, d’assurer la transparence et la proximité, d'en finir avec le clientélisme, la cogestion, les mesures 'à la petite semaine'. Ma priorité, c’est de créer de la richesse économique, c'est--à-dire des emplois, et de la mieux répartir dans cette ville fracturée, abandonnée par le maire sortant.  

Planet : Jean-Claude Gaudin estime que vous êtes 'contre tous les grands projets, toutes les grandes transformations'. Qu’avez-vous à répondre ?Patrick Mennucci : Je suis favorable à un développement économique puissant et multipolaire de notre ville, je ne crois pas que miser seulement sur les programmes immobiliers et le tourisme récréatif suffit à rendre sa force et son attractivité à la deuxième ville de France, riche de tant d'autres atouts par ses femmes et hommes de talents, sa jeunesse, sa diversité, sa situation géographique.

Planet : Vous avez dit que, selon vous, 'Marseille est épuisée par  l’abandon du maire', c’est-à-dire ? Que pensez-vous du bilan de son dernier mandat ?Patrick Mennucci : Jean-Claude Gaudin est devenu étranger à sa ville. Il ne voit pas la colère qui monte, les injustices qui se creusent, les occasions manquées. Chacun sait qu'il a davantage de goût pour les jeux politiques parisiens que pour la gestion quotidienne de ses administrés. Les grands dossiers d'équipement, la politique culturelle, l'action économique l'ennuient. Ce sont les Marseillais qui en paient le prix, car pendant ce temps là, Lille, Lyon, Bordeaux, Toulouse, Nice, Montpellier se battent pour attirer les entreprises tandis que nous restons inertes.   

Planet : Vous souhaitez mettre fin au clientélisme. Que voulez-vous dire ? Qui visez-vous ?Patrick Mennucci : Je vise un système délétère qui gangrène notre ville. Les passe-droits, les petits arrangements entre amis, le favoritisme qui prospèrent sur le dénuement économique, social et culturel. Chacun doit recevoir ce à quoi il a droit, sans distinction de classe, d'origine, d'amitiés. La "république municipale" doit être au service de tous.  

Planet :  Jean-Claude Gaudin a récemment déploré le fait que, selon lui,'l’appareil d’Etat est mobilisé pour vous'. Qu’en pensez-vous ?Patrick Mennucci : Qu'a-t-il fait, quand ses amis politiques étaient au pouvoir à Paris, pour le développement des transports en commun qui accusent un retard de vingt ans, qu'a-t-il dit quand Sarkozy et Guéant réduisaient les effectifs policiers dans notre ville ? Comment ose-t-il traiter par le mépris les engagements du gouvernement en faveur de Marseille, au prétexte que les investissements lourds sont des projets de longue haleine et que ce n'est pas lui qui 'coupera le ruban'? Cette passivité, ce dédain ne sont que mépris pour les Marseillais qui n'en peuvent plus d'êtres les grands oubliés de la droite. Planet : Que pensez-vous de la récente candidature de Pape Diouf ?Patrick Mennucci : Je constate que Pape Diouf pose un regard proche du notre sur la situation dégradée de Marseille, qu’il aspire comme nous à la "recoudre", à la réveiller, à lui rendre espoir et prospérité. Mais il ne développe pas de programme concret. Il ne dit pas non plus comment il opérera le large rassemblement indispensable pour réussir l’indispensable alternance politique à Marseille, ni sur quelles forces il s’appuiera pour mettre en œuvre ses idées. S’il s’inscrit comme il le dit dans le camp du progrès, je veux croire qu’il fera le bon choix au lendemain du premier tour. D’ici là, ce sont les Marseillais qui se détermineront. Ce sont eux qui décideront de qui est le plus à même de battre le maire sortant et de forger un nouveau destin collectif pour Marseille.Planet :  Pensez-vous qu’il faille craindre un vote sanction contre François Hollande à Marseille ? Patrick Mennucci : Les Marseillais sauront faire la part des choses. Ils sauront, j’en suis convaincu, se décider en fonction des vraies enjeux d’une élection municipale. Pourquoi ne me demandez-vous pas si les Marseillais ne sont pas prêts à exprimer un vote sanction contre les errements de l’UMP qui n’a pas de vision pour la France, qui multiplie les appels du pied à l’extrême droite et aux éléments les plus réactionnaires de notre société ? Chaque citoyen est libre, j’ai confiance dans le combat des idées qui est l’honneur de la démocratie".