Election présidentielle : quelles sont les meilleurs atouts des principaux candidats ?AFP
De nombreux candidats à l'élection présidentielle de 2022 sont déjà déclarés. Quels atouts pourraient-ils avancer pour vous convaincre ?
Sommaire

Qui remportera l’élection présidentielle, en 2022 ? "Le favori de septembre n’est jamais l’élu de mai", rappelle Le Figaro, qui prête ce savoir au Premier ministre. Les sondages qui font d’ores et déjà d’Emmanuel Macron le grand favori du prochain scrutin ne suffisent guère à apaiser les craintes de Jean Castex, poursuivent nos confrères. Un constat que partage peut-être Eric Zemmour, désormais, puisque le polémiste estime qu’avant les rumeurs sur sa potentielle candidature, "l’élection était jouée". "Marine Le Pen était au second tour et elle était à nouveau battue par Emmanuel Macron", détaille-t-il sur le plateau de LCI.

En pratique, note la chaîne d’information sur son site, un nombre plus que conséquent de candidats sont d’ores et déjà déclarés à l’élection présidentielle. Certains attendent encore le résultat d’une primaire à venir pour officialiser ou non leur ambition d’Elysée - c’est le cas à droite, chez Les Républicains - quand d’autres n’ont pas eu cette patience. Celle des verts vient de se conclure, couronnant finalement Yannick Jadot, "l’écologiste de gouvernement", qui s’est imposé de peu face à Sandrine Rousseau. Il a reçu le vote de 51,03% des électeurs engagés dans le processus de sélection, rapporte France Info.

Election présidentielle de 2022 : qui brigue l’Elysée ?

Parmi les autres figures à briguer l’Elysée en 2022, on recense un certain nombre d’anciens candidats. C’est le cas, par exemple, de François Asselineau (UPR, Union populaire républicaine), déclaré depuis 2019. Il a depuis été mis en examen pour harcèlement moral et agressions sexuelles. Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) tente sa chance pour la troisième fois… Avec la volonté affichée d’éviter un second duel entre Marine Le Pen, également candidate, et le président de la République qui n’a pas encore fait savoir s’il postulait à sa propre succession.

Jean Lassalle (Résistons) et Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste) ont tous deux concouru pour l’Elysée en 2017. Ils réitéreront l’expérience en 2022. Il en va de même pour Nathalie Arthaud, de Lutte ouvrière. Enfin, Jean-Luc Mélenchon (La France Insoumise) clôture la liste des anciens candidats annoncés.

D’autres personnalités connues des Françaises et des Français comptent aussi soumettre leurs ambitions élyséennes au vote des électeurs. Ainsi, Jean-Frédéric Poisson (La voix du peuple), candidat débouté de la primaire de la droite de 2016, a annoncé sa volonté de "porter un projet alternatif" pour la France. Arnaud Montebourg, ancien ministre socialiste, veut se relancer après deux échecs successifs en primaire. Xavier Bertrand, issu des rangs de la droite de gouvernement, ne compte pas non plus conditionner sa candidature à un processus de sélection interne aux Républicains. N’oublions pas non plus Florian Philippot, l’ancien numéro 2 de Marine Le Pen, Anne Hidalgo (PS) ou Fabien Roussel, du PCF.

Enfin, un nombre conséquent de candidats moins connus - portant la liste totale à plus de 25 personnes ! - souhaite aussi concourir. Pour autant, la possibilité de briguer les plus hautes fonctions de l’Etat nécessite l’aval et la signature de 500 élus. Ce que n’obtiendront pas tous les volontaires…

Reste à savoir, dès lors, si ceux qui les auront sauront vous convaincre. Récapitulatif de certains des meilleurs atouts des candidats les plus probables à l’élection présidentielle de 2022.

Élection présidentielle de 2022 : quel est le meilleur argument de Jean-Luc Mélenchon ?

"Jean-Luc Mélenchon a plusieurs atouts, mais celui qui pourrait compter le plus, c’est sans doute sa culture", analyse d’entrée de jeu Christophe Bouillaud, politologue et enseignant à l'Institut d'Etudes Politique (IEP, sciences-po) de Grenoble. "Il sait beaucoup de choses et c’est un bon orateur. Quand il le souhaite, il peut-être vraiment au-dessus du lot, d’un point de vue culturel. Il est difficile de nier qu’il a la stature intellectuelle d’un président de la République", poursuit le spécialiste.

En revanche, le programme de l’Insoumis pourrait ne pas suffire à le faire élire. "Il ne s’agit pas de dire que le programme de Jean-Luc Mélenchon n’est pas développé. En revanche, force est de constater qu’il est inaudible aujourd’hui. Qui sait, par exemple, qu’il comprend le passage à la semaine de quatre jours ? Personne n’en parle dans la presse", juge le chercheur.

Élection présidentielle de 2022 : quel est le meilleur argument de Yannick Jadot ?

Yannick Jadot vient de remporter la primaire des écologistes, qui l’opposait à Sandrine Rousseau. Pour Christophe Bouillaud, son plus grand atout est assez personnel : "Il a l’avantage de représenter une écologie qui revendique vouloir gouverner… et qui affiche un visage assez rassurant. Il n’est pas particulièrement clivant, particulièrement en comparaison à Sandrine Rousseau", juge le politologue.

"Paradoxalement, le côté clivant de Sandrine Rousseau faisait aussi partie de ses forces. Elle incarnait une forme de nouveauté et son identité très marquée parlait à certains électeurs. Elle en repoussait aussi beaucoup d’autres…", poursuit le spécialiste, pour qui le programme du candidat écologiste ne suffira pas non plus à le démarquer. "Il n’y a, hélas, pas de mesure qui perce l’écran", conclut-il.

Élection présidentielle de 2022 : quel est le meilleur argument d’Anne Hidalgo ?

"Anne Hidalgo, hélas pour elle, manque cruellement d’atouts. Elle se rêve en candidate suivant l’exemple de Jacques Chirac, mais contrairement à l’ancien président elle n’a pas le terroir dont il disposait. Il avait su rester corrézien en plus d’être le maire de Paris. Je crains qu’elle ne soit perçue que comme parisienne, ce qui pourrait devenir un gros handicap", juge Christophe Bouillaud.

Pour le politologue, d’autres obstacles jonchent la route d’Anne Hidalgo. "Les polémiques internes à la gestion de Paris ne constituent pas une bonne publicité. Et être soutenue par le Parti socialiste, après François Hollande, n’a rien d’un avantage clair", observe-t-il.

Élection présidentielle de 2022 : quel est le meilleur argument de Valérie Pécresse ?

Valérie Pécresse n’est pas (encore ?) candidate à l’élection présidentielle de 2022. Pour l’heure, elle postule à la primaire de la droite. Cependant, aux yeux de Christophe Bouillaud, elle pourrait d’ores et déjà s’appuyer sur certains arguments. 

"Valérie Pécresse fait partie des femmes que l’on ne peut pas soupçonner d’opportunisme idéologique. Elle est constante dans ses propositions - et dans la radicalité de celles-ci ! - depuis près de 15 ans. C’est quelqu’un d’idéologiquement structuré", observe-t-il, rappelant également qu’elle renvoie l’image d’une femme "sérieuse" et "qui travaille".

Cependant, le libéralisme dont elle est l’héritière pourrait rebuter les Français, juge le politologue. "Je ne suis pas sûr qu’un programme thatchérien ou merkélien puisse rassembler les électeurs", indique-t-il.

Élection présidentielle de 2022 : quel est le meilleur argument de Xavier Bertrand ?

"Xavier Bertrand, c’est important de le noter, à su s’imposer de lui-même dans le débat. Il a mis les pieds dans le plat et, en se lançant le premier, il a réussi à poser sa marque et à apparaître comme un candidat crédible. En outre, à la différence des autres éventuels candidats de droite, il travaille son image de chiraquien : il s’agit de jouer sur le plan social", rappelle Christophe Bouillaud.

Pourtant, Xavier Bertrand ne s’interdit pas non plus des virages très marqués sur sa droite. "Sur le plan régalien, il apparaît beaucoup plus dur. Certaines de ses propositions flirtent parfois avec celles de l’extrême droite et pourraient le mettre en porte-à-faux avec l’évolution de la société", alerte le politologue.

Élection présidentielle de 2022 : quel est le meilleur argument de Marine Le Pen ?

"L’atout principal de Marine Le Pen, c’est sans conteste son nom. C’est la propriété de la marque Rassemblement national. Ces deux éléments suffisent à lui fournir une garantie de radicalité", commente d’entrée de jeu Christophe Bouillaud, pour qui dans les yeux de l’électeur moyen, la fille du Menhir incarne "l’histoire de l’extrême droite française". "Elle n’a pas réussi la dédiabolisation de son parti, ce qui signifie qu’il est encore perçu comme le seul parti anti-système par une partie non négligeable de l’électorat. Dans son cas, cela peut-être un argument de vente", observe-t-il encore.

Le problème avec Marine Le Pen, juge-t-il, vient du fait qu’elle s’est montrée "incapable de gérer correctement une grande organisation comme un parti ou de s’entourer de gens capables de le faire à sa place". "Elle n’occupe pas assez le terrain et ne travaille pas assez", ajoute-t-il.

Élection présidentielle de 2022 : quel est le meilleur argument d’Eric Zemmour ?

"La grande force d’Eric Zemmour, c’est qu’on a construit son image médiatique depuis des années. Il est dans le paysage médiatique et télévisuel depuis longtemps désormais et cela lui a permis d’asseoir sa notoriété autant que ses idées. Il ne vient pas de nulle part, il faut le rappeler", estime sans ambages Christophe Bouillaud à propos du polémiste qui continue de souffler le chaud et le froid sur sa potentielle candidature à l’élection présidentielle de 2022.

"Il faut aussi ne pas oublier le soutien dont il bénéficie de la part de Vincent Bolloré. Quelle est la stratégie réelle derrière tout cela ? Bien malin qui peut le dire", questionne également le politologue.

Pour autant, tout ceci pourrait ne pas suffire à ouvrir les portes du pouvoir à Eric Zemmour. "Pour l’heure, Eric Zemmour est très isolé. Aucune formation ne s’est ralliée à lui. Il n’a personne sur qui s’appuyer, pas de réseau. En 2016, rappelons-le, Emmanuel Macron était épaulé par de nombreux professionnels du PS…", souligne en effet l’enseignant-chercheur.

Élection présidentielle de 2022 : quel est le meilleur argument d’Emmanuel Macron ?

Emmanuel Macron, le président de la République, n’a pas encore fait savoir s’il comptait briguer sa propre succession. S’il se décidait à le faire, il pourrait compter sur un atout de poids.

"Emmanuel Macron est chanceux : ses opposants de centre gauche et de centre droit - c’est-à-dire ceux qui sont le plus en mesure de le menacer - sont particulièrement faibles. Tant sur le plan personnel que sur le plan des critiques portées qui demeurent très inaudible. Le paysage politique aurait été très différent, si la droite s’était choisie un candidat il y a trois ans et que celui ou celle-ci avait fait montre d’un peu plus de talent ou si Jean-Luc Mélenchon dirigeait aujourd’hui le PS", estime en effet Christophe Bouillaud. 

Et de conclure sur les dangers qui, pourtant, pourraient le guetter : "Pour autant, Emmanuel Macron demeure minoritaire dans l’opinion. S’il pourrait perdre face à n’importe quel candidat de centre droit/centre gauche (ou presque), il n’est pas menacé aujourd’hui. Son plus gros défaut relève donc probablement de cet hubris qui agace tant les électeurs…"