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Chez les écologistes, la tension monte entre les partisans et opposants d'une participation gouvernementale. Leurs désaccords pourraient-ils mener à une scission du parti ?

Division. Depuis la lourde défaite des socialistes aux élections départementales et la volonté affichée par Manuel Valls d'élargir la majorité, EELV est déchiré. Le sénateur Jean-Vincent Placé, non sans espérer un poste ministériel, revendique la nécessité de rejoindre le gouvernement, quand l'ex-ministre Cécile Duflot refuse fermement de travailler avec le chef de celui-ci. Si la secrétaire générale Emmanuelle Cosse tente tant bien que mal de calmer les ardeurs de chacun, des voix internes commencent à s'élever.

La "mort clinique" d'EELV

Ce n'est un secret pour personne, Jean-Vincent Placé est l'un des pro-gouvernement. Invité ce dimanche soir sur BFMTV, le sénateur n'a pas hésité à critiquer son parti. "Je déplore l'extrême division dans le clan écologiste... Europe Écologie est en fin de vie, en état de mort clinique", a-t-il lancé. Une expression visant à constater la fracture au sein du parti dont il est, entre autre, la cause. Se voulant "utile", Jean-Vincent Placé a déclaré : "Pour marquer des buts, il vaut mieux être sur le terrain".

Un constat repris par François de Rugy, le chef de file des Verts à l'Assemblée nationale. S'il n'est pas allé aussi loin que son homologue au Sénat, il a estimé que le parti était en perdition. Plus mesuré que Jean-Vincent Placé, il a déclaré pour Metronews : "Je ne dis pas que le parti est mort mais qu'il est arrivé au bout d'un cycle". Avant de rappeler que "tous les députés écolos ont été élus avec le soutien du PS".

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Cécile Duflot : à la manière de Syriza

De son côté, Cécile Duflot est clairement hostile à l'idée de rejoindre l'équipe gouvernementale. Fidèle à sa décision de quitter le gouvernement prise lors de la nomination de Manuel Valls, l'ex-ministre n'envisage pas le retour des Verts sans changement de cap économique. L'actuelle député EELV a d'ailleurs dénoncé le "logiciel" "périmé" de Manuel Valls, dans une interview accordée au Monde.

En réalité, les anti-gouvernement préfèrent se rapprocher de Jean-Luc Mélenchon. A la manière de Syriza, l'idée d'un rassemblement à la gauche de la gauche intéresse l'ancienne patronne des Verts. D'ailleurs, elle s'était affichée fin janvier avec l'ancien candidat à la présidentiel, lors d'un meeting réunissant l'aile gauche d'EELV, le Parti de Gauche, le NPA, le PCF et quelques frondeurs.

La rage des Verts

Le climat de tension chez écologistes n'est pas nouveau, il est en réalité le résultat d'une plaie mal refermée. "On ne sait pas trop bien pourquoi on est sorti du gouvernement", a d'ailleurs lancé Jean-Vincent Placé, soulignant "l'erreur" de Cécile Duflot qui avait pris cette décision. La situation critique dérange, comme l'explique Yannick Jadot. "Il faudrait être soit pro-Hollande, soit aspiré dans la gauche radicale", a déclaré l'eurodéputé EELV dans "Tous politiques", l'émission de France Inter, France 3 et du Parisien. "Les histoires d'appareil, de politique politicienne, ça dégoûte les gens", a-t-il ajouté. Il serait temps de rentrer dans le rang... Mais lequel ?

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