Les charges contre DSK officiellement abandonnéesabacapress
"La fin d'une épreuve terrible et injuste". L'ancien directeur du FMI est libre. Le feuilleton médiatique débuté en mai dernier semble fini. La justice américaine a officiellement abandonné les charges contre Dominique Strauss-Kahn. Décryptage.

© abacapressLe cauchemar judiciaire de DSK prend fin. Le juge Michael Obus a décidé le 23 août d'abandonner les charges contre l'ancien directeur du FMI suite à la demande du procureur de New York Cyrus Vance. "Soulagé", Dominque Strauss-Kahn se dit "impatient de rentrer en France". "C'est la fin d'une épreuve terrible et injuste," ajoute l'ancien directeur du FMI, qui s'exprime pour la première fois depuis le début de l'affaire.

Nafissatou Diallo : une présumée victime discréditée

Dans un document de 25 pages adressé au juge, le procureur Cyrus Vance a expliqué que la plaignante a menti sur ce qui s'est déroulé après les faits : comme la conversation enregistrée le 15 mai avec un ami emprisonné où elle évoque la fortune de DSK, ou les mouvements suspects sur son compte... Nafissatou Diallo s'est également inventé un passé, comme son présumé viol en Guinée par deux soldats. La jeune femme a menti "dans presque tous les entretiens avec les procureurs, en dépit des invitations à dire la vérité," a déclaré le procureur. Nafissatou Diallo, qui a donné trois versions de ce qui s'est passé dans le suite 2806, n'est plus crédible comme témoin et présumée victime. "Si nous ne pouvons pas la croire au-delà du doute raisonnable, nous ne pouvons pas demander au jury d'en faire autant," ajoute t-il.

Un "déni de justice" pour l'avocat de la défense

L'avocat de Nafissatou Diallo, Me Kenneth Thompson dénonce un " déni de justice". "Le procureur de Manhattan, Cyrus Vance, refuse le droit à la justice d'une femme victime d'un viol. Si le procureur de Manhattan, qui est élu pour protéger nos mères, nos filles, nos sœurs, nos femmes et tous ceux que nous aimons, ne les défend pas quand elles sont violées ou sexuellement agressées, qui le fera ?," s'est-il indigné devant un parterre de journalistes.

© abacapressUn "immense soulagement" pour les socialistes

Martine Aubry, François Hollande ou encore Manuel Valls sont quant à eux ravis de l'abandon des poursuites. Tous se disent soulagés et heureux du dénouement de l'affaire, mais dénoncent un terrible " gâchis".  "Le drame, la violence des images, l'incarcération, des propos qui ont été tenus à son égard dans la presse américaine, d'une partie de la presse française(...). Tout cela se termine, mais quel immense gâchis !," a déclaré Manuel Valls, candidat à la primaire PS. "C'est un immense soulagement, c'est l'heureux dénouement que tous ses amis espéraient. Au nom de tous les socialistes, je lui adresse le plus chaleureux témoignage d'amitié après l'épreuve qu'il vient de subir," assure Harlem Desir, premier secrétaire PS par intérim.

"Une mauvaise nouvelle pour la justice et pour les femmes"

Si le camp socialiste est ravi de l'abandon des poursuites, d'autres se montrent beaucoup plus critiques. "Le refus de faire juger l'affaire (...) est une mauvaise nouvelle pour la justice (...) mais aussi pour les femmes", estime la député communiste de Seine-Saint Denis, Marie-George Buffet. Françoise Hospitalier, députée UMP, juge l'abandon des charges "très choquant". L'affaire selon elle, révèle "le vrai visage de celui qui aurait pu devenir candidat à la présidence de la République française."

Les féministes révoltés

"Ça existe, une victime parfaite pour un viol ?," s'interrogent les féministes américains en colère sur le blog du journal Le Monde, Big picture. Selon les militants, le classement de l'affaire pourrait avoir des conséquences désastreuses pour les femmes et pourraient décourager les victimes de viol de porter plainte.

© abacapressEst-ce vraiment fini ?

La fin des poursuites pénales ne sonne pas le glas de l'affaire aux Etats-Unis. Les avocats de Nafissatou Diallo ont lancé, début août, l'affaire au tribunal civil du Bronx afin d'obtenir des dommages et intérêts. Dominique Strauss-Kahn se devra de répondre aux questions de la défense.

La défense joue également sa dernière carte en France, puisque Me Thibault de Montbrial, le représentant de Nafissatou Diallo, porte plainte contre un adjoint au maire de Sarcelles, qui aurait tenté de corrompre un témoin en faveur de la femme de chambre du Sofitel.

Dernier espoir pour Kenneth Thompson, la demande adressée au tribunal le 22 août d'un procureur spécial pour juger l'affaire et dessaisir ainsi le procureur de New York. Le juge a une première fois rejeté la demande. L'avocat de l'accusation, tenace, a fait appel. Un appel, qui aurait pu durer 30 jours et obliger DSK à rester aux Etats-Unis. Mais vers 13h30 le 23 août, l'appel a définitivement été rejeté par le juge. Dominique Strauss-Kahn peut officiellement rentrer en France.

 
©Photos : Maxppp et capture d'écran d'Itélé

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