Donald Trump : comment sa "folie" pourrait servir l'économieAFP
Depuis le début de son mandat, l'action du président américain est... Imprévisible. A certains égards, cette attitude risque de chambouler la gestion de vos finances.
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Donald Trump : sa "folie" et le politiquement correct

La présidence de Donald Trump ne serait pas tout à fait sans mérite, à en croire le récent décryptage de Xerfi, un acteur majeur des études économiques sectorielles. Pour l'organisme, le président des Etats-Unis "brise certains tabous", comme le rapporte Capital. "Il est difficile de dire à quelle doctrine appartient Donald Trump ou de le rattacher à une structure morale, philosophique, historique", explique à Planet Oliver Passet, directeur des synthèses de Xerfi et économiste. "En pratique", nuance-t-il, "la politique qu'il mène n'est pas tout à fait dénuée de logique interne. Certains la qualifient d'ailleurs de politique de bon sens court-termiste. Elle est axée tout entière autour de l'intérêt immédiat des Etats-Unis, ce qui pousse le locataire de la Maison Blanche a questionner et contester certains aspects économiques qui ne l'étaient plus".

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Ce sont les fameux tabous dont il était question. "Le mot n'est peut-être pas tout à fait exact", détaille le directeur des synthèses de Xerfi. "Au fond il s'agit de souligner comment, en menant son action politique, Donald Trump s'affranchit de certains critères qu'on pourrait qualifier de 'politiquement corrects', comme c'est le cas des contraintes contemporaines. Je pense notamment à l'environnement, mais aussi à l'OFCE, au commerce international... Il lève les verrous sur plusieurs sujets qui faisaient l'unanimité depuis 2008, parce qu'il estime qu'ils freinent le business."

Donald Trump : comment il transforme les Etats-Unis en prototype test

Aussi surprennant que cela puisse paraître, cette remise en question systématique de tout ce qui "freine le business" pourrait avoir un intérêt réel. C'est le premier pas vers une remise en question plus globale d'acquis sur lesquels on ne prend plus nécessairement le temps de réfléchir. "Sans dire de la politique menée par Donald Trump qu'elle est bénéfique, elle a peut-être une utilité. Elle offre la possibilité de conduire des tests grandeur nature qui pourraient nous éclairer sur certaines de nos erreurs... ou nous conforter dans la direction que nous avons prise. Nous ne savons pas ce qui va en ressortir", déclare Olivier Passet qui souligne que Donald Trump "test des choses que nous n'osons plus tester depuis longtemps". Selon lui, c'est très probablement due à la culture du chef d'Etat, qui n'est pas issu des modèles macroéconomiques traditionnels et qui gère le pays comme il pourrait gérer sa fortune personnelle.

Parmi ces expérimentations menées bien involontairement, on retrouve l'important plan fiscal développé par Trump alors que le chômage est quasi inexistant aux Etats-Unis. "En théorie, cela devrait générer de l'inflation, d'autant plus que le président américain ne canalise pas la croissance comme nous le faisons depuis des années", souligne l'économiste. "Aux yeux d'un économiste cela semble être un non-sens total, notamment parce qu'on accepte l'idée que le moteur économique n'est pas puissant. En appuyant ouvertement sur le champignon comme le fait Donald Trump, nous aurons une réponse." Autre expérience jugée intéressante par l'expert : le protectionnisme mis en avant dès que la concurrence internationale est jugée désavantageuse et qui vient donc remettre en question le commerce tel que pensé dans un contexte mondialisé. "L'offensive, bien que très ambivalente, menée contre les GAFA et tout spécialement contre Amazon est aussi à surveiller", ajoute Olivier Passet. "De la même façon, toutes les tentatives qu'il mène pour faire revenir les entreprises délocalisées sont intéressantes. C'est une réflexion menée par une grande majorité des pays du monde entier."

Donald Trump : il joue avec le feu

Pour l'économiste, il s'agit d'une occasion de potentiellement "lever le voile sur le 'no alternative'". Cependant, cela peine à justifier la politique économique du président des Etats-Unis pour Olivier Passet. "Ces tests sont intéressants mais ils peuvent générer de gros accidents, comme une nouvelle crise économique ou environnementale. Il joue avec le feu", condamne-t-il.