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Une mère de famille a décidé d'attaquer l'État pour faute après que son fils mineur est parvenu à rallier la Syrie pour faire le djihad en 2013.

Une première en France. Elle croyait que son fils était allé dormir chez un ami, il était en réalité parti pour le djihad. Cela fait près d’un an maintenant que Nadine D. n’a pas revu son fils. Elle a donc décidé d’attaquer l’État français devant le tribunal administratif de Paris pour faute à la mi-novembre, comme elle le confie dans une interview accordée au Parisien.

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Une faille "abberant" ?

Selon cette mère originaire de Nice, la police aux frontières "aurait au moins dû s’inquiéter en voyant un mineur seul rejoindre" la Turquie. Parti "faire de l’humanitaire" en Syrie alors qu’il n’avait que quinze ans, celui qui est appelé Dylan par Le Parisien (le prénom a été changé) est passé par la Turquie, pays qui ne demande qu’une carte d’identité valide pour franchir ses frontières.

L’adolescent a pu bénéficier en outre de l’abrogation de l’autorisation de sortie de territoire valable depuis janvier 2013. Celle-ci interdisait aux mineurs de quitter le territoire sans autorisation de sortie donnée par la mairie aux parents. Pour Nadine, cela est tout simplement "aberrant". "Le bon sens aurait voulu qu’on lui demande pourquoi il s’y rendait, s’il y avait des attaches familiales et pourquoi il n’était pas accompagné", dénonce-t-elle auprès du quotidien.

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Le ministère se dédouane 

Le ministère de l’Intérieur a pour sa part écarté toute faute de ses services. "Le jeune homme avait le droit de se rendre en Turquie avec sa carte d’identité. Que devaient faire les policiers ? Le priver de son droit à la libre-circulation sans aucune base légale ?", a-t-on fait valoir place Beauvau. "La liberté d’aller et venir s’accompagne pour la police d’un devoir d’agir pour mettre fin à une situation à risques. C’était le cas mais ils l’ont laissé passer. Je tiens l’État pour responsable du départ de mon fils", répond la mère.

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Les services du ministère ont par ailleurs expliqué qu’un jour s’était écoulé entre le moment où le jeune Niçois est parti et celui de son signalement. Cela rendait de fait impossible toute action pour l’interpeller, relate Le Figaro. Seul un signalement parental ou judiciaire aurait permit aux services de police à la frontière d’être informés de la liberté de circuler d’un voyageur. Selon Nadine D., son fils s'était converti près d'un an avant son départ. Rien cependant ne laissait supposer un changement de comportement, hormis le fait qu'il "refusait de manger du porc". Aucun signalement n'est donc venu entraver le départ de l'adolescent.

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