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Une enquête menée par les chercheurs du Cepremap révèle des conclusions pour le moins inquiétantes : les personnes ayant un nom à consonance étrangère voient leur chance d'obtenir un emploi quasiment divisée par deux. Quels en sont donc les causes ? 

Sur les 500 offres d’emploi collectées en Ile de France, les chercheurs Nicolas Jacquemet et Anthony Edo ont envoyé pour chacune d’entre elles six faux CV aux parcours semblables. Trois "groupes" de noms étaient attribués : le premier, comportait les noms aux origines françaises, le deuxième, ceux d’origine maghrébine et le dernier possédait les noms à consonnance étrangère mais sans origine déterminable.

Le CV anonyme, une solution adéquate ?

Le résultat est frappant : le groupe aux noms français a été convoqué dans près de 17% des cas, contre 9% pour le groupe aux noms maghrébins et 10% pour le groupe des étrangers. Autre point de l’étude révélé dans les Echos : "l’égalité entre candidats identifiés comme non français d’origine et ceux d’origine maghrébine tend à prouver que cette inégalité de traitement ne semble pas pouvoir être imputée à une défiance ciblée à l’encontre des candidats d’origine maghrébine". Dans la plupart des cas, les lacunes en langue française sont le prétexte avancé par l’employeur pour expliquer le faible taux d’entretien d’embauche d’un candidat étranger. Pour contrer cet argument, un CV sur deux contenait des expériences prouvant la maîtrise de la langue. Les rappels passaient de 8% à 11,5% pour les candidatures de consonance maghrébine et étrangère.

Avec de tels résultats, on ne peut que se demander si le CV anonyme ne serait pas une solution adéquate. Proposé en 2006 par le gouvernement, le projet a été très rapidement mis à l’écart. Et pour cause, une étude a déjà été menée sur le sujet et montre une chose : si le CV est anonyme et qu’il présente des maladresses de présentation, des fautes d’orthographe ou un parcours professionnel ponctué d’échec, le recruteur le jugera encore plus sévèrement que si l’identité étrangère du candidat était révélée. Il ressort tout de même que la discrimination à l’embauche reste très élevée en France.