Grippe espagnole : ce qu'il s'était passé à la rentrée fait froid dans le dosIstock
La crise sanitaire actuelle est sans précédent. Pour autant, ce n'est pas la première fois que la France est frappée par une grave épidémie. Dès lors, faut-il s'inquiéter d'une redite ? Explications.
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Guillaume Apollinaire, Marie Lenéru, Léon Morane, Edmond Rostan... Elle aura fauché de grands noms et d'innombrables autres. En France, la grippe espagnole a tué au moins 240 000 personnes, rappelle RTL. Et l'Hexagone est loin d'avoir payé le plus lourd des tributs : en tout et pour tout, l'épidémie aurait infecté un tiers de la population mondiale, laissant au moins 50 millions de corps dans son sillage.

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Depuis, quand il s'agit de faire l'analyse de la situation actuelle, nombreux sont celles et ceux qui se rapportent à la grippe espagnole. Le président de la République lui même n'a pas manqué de le faire, indique Le Figaro. Or, si l'on accepte la pertinence supposée de la comparaison – quoique contestée par certains experts – la pandémie actuelle devient tout de suite plus inquiétante encore.

Et pour cause ! Si l'histoire se répète, nous pourrions nous rapprocher de l'un des moments les plus meurtriers de la pandémie. La seconde vague de la grippe espagnole a en effet été bien plus terrible que la première, indique la radio. C'est à l'automne, donc aux alentours de la rentrée qu'elle avait tué le plus, frappant notamment les hommes âgés de 18 à 40 ans.

Le virus a muté en automne

En effet, c'est en automne que le virus mute, après une première vague particulièrement contagieuse mais assez peu mortelle. Guerre oblige, les conditions d'hygiène déplorables des soldats facilitent sa propagation. La censure mise en place par le gouvernement, qui ne veut pas apparaître faible en période de conflit, rend toute communication autour du virus particulièrement complexe. Il faudra attendre la troisième vague pour que les autorités acceptent de prendre des mesures et décident de la mise en place de quarantaines, insiste L'Internaute.

Grippe espagnole : la comparaison est-elle pertinente ?

"Il est difficile pour le moment de comparer une épidémie en cours à une épidémie révolue, d'autant que les statistiques de la grippe espagnoles sont très contestées car il était difficile à l'époque de comptabiliser", alerte d'entrée de jeu Laura Spinney, journaliste scientifique interrogée par Le Figaro à ce sujet. "Lors de l'épidémie de 1918, il y a eu 50 à 100 millions de morts. On estime le taux de létalité de cas (Case Fatality Rate CFR) à 2,5%. On estime qu'elle était 25 fois plus dangereuse qu'une grippe typique", poursuit-elle.

Pour autant, cela ne signifie pas qu'il n'existe pas de points communs. "Ce qui est comparable, c'est qu'il s'agit d'un nouveau pathogène aux taux d'attaque très élevé. La grippe espagnole avait la particularité de toucher très sévèrement les personnes dans la fleur de l'âge entre 20 et 40 ans, ce qui l'a rendue si désastreuse. Le coronavirus semble toucher fatalement plutôt les personnes âgées de plus de 60 ans, mais là aussi ça évolue très vite et on manque de recul", affirme-t-elle encore.

Le coronavirus apportera-t-il son lot de progrès ?

Ce n'est pas l'unique spécificité de la grippe espagnole. A en croire Laura Spinney, elle est aussi responsable de certaines scientifiques que nous constatons aujourd'hui. "Nos systèmes de santés actuels sont largement les produits de la pandémie de 1918 : c'est à ce moment qu'on s'est rendu compte de la nécessité d'une médecine socialisée, pour répondre à des épidémies qui ne peuvent être traitées de façon individuelle", rappelle en effet la journaliste.

Et elle d'ajouter : "Cela a profondément stimulé la virologie et l'épidémiologie, qui étaient alors des sciences embryonnaires". Autre conséquence immédiate, indique L'Internaute : la Société des Nations décide en 1922 de la création du Comité de la santé et de l'Organisation d'hygiène, qui deviendra plus tard l'OMS.