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L'annonce du départ de Christiane Taubira a eu lieu mercredi. Cela faisait pourtant plusieurs semaines que l'ex-ministre de la Justice songeait à remettre sa démission au président. Retour sur les jours qui ont précédé son coup de théâtre.

Quatre ans après avoir été nommée ministre de la Justice, et à un an de la prochaine élection présidentielle, Christiane Taubira a décidé de démissionner. La nouvelle est tombée mercredi en fin de matinée, provoquant une onde de choc dans la classe politique. Pourtant, l’ancienne ministre songeait à quitter le gouvernement depuis un petit moment, rapporte Le Parisien. Cette (lourde) décision, Christiane Taubira aurait même pris le temps de la mûrir pendant plusieurs semaines, depuis le 23 décembre dernier, plus exactement. Ce jour-là, l’ancienne ministre de la Justice s’était rangée de l’avis du président de la République concernant la déchéance de la nationalité pour la binationaux en cas de terrorisme et ce, alors même qu’elle y était opposée.  "J’ai plutôt envie que tu restes", lui avait alors confié François Hollande, avant d’ajouter : "mais je ne bougerai pas", précise le journal.

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Valls et Hollande ont eu quelques pour rebondirMais cette affaire a agi sur elle comme la "couleuvre" de trop. La "capacité digestive" de Christiane Taubira était déjà "épuisée", si bien qu’elle a décidé de partir, a rapporté un de ses proches cité par le quotidien.Aussi, samedi, elle en aurait averti le chef de l’Etat par téléphone. Quelques heures plus tôt, l’ex-ministre en avait déjà parlé à Michel Denisot lors du tournage de "Conversations secrètes" pour Canal+. "Je ne serai ni garde des Sceaux ni ministre de  la Culture", lui avait-elle affirmé, tout en lui demandant de garder le secret jusqu’à ce que la nouvelle soit officielle.

Un laps de temps qui a permis à François Hollande et Manuel Valls de s’organiser. "Mardi soir, les grandes manœuvres s'accélèrent... en pleine nuit ! Lorsque, de retour de son voyage en Inde, François Hollande descend les marches de son Airbus présidentiel, le Premier ministre Manuel Valls (qui sort d'un dîner avec les députés PS de la commission des Lois) l'attend, écrit L e Parisien. Négociations sur le tarmac d'Orly-Sud sur les coups de 23 heures... Les deux têtes de l'exécutif topent sur la déchéance de nationalité ‘nouvelle formule’ et le nom du remplaçant Jean-Jacques Urvoas, un proche du Premier ministre". Le lendemain, la démission de Christiane Taubira a enfin été rendue officielle. Je ne pouvais "pas sacrifier trente ans de convictions", a ensuite commenté l’ancienne ministre, toujours selon le quotidien.

En vidéo - Quand Christiane Taubira refusait d'admettre que François Hollande était son patron dans Conversations secrètes