"Mon voisin sort trop souvent" : la délation, nouveau passe-temps des Français ?IllustrationIstock
Nombreux sont celles et ceux qui craignent le virus. Certains n'hésitent d'ailleurs pas à dénoncer leur entourage immédiat, quand ils réalisent que l'isolement décidé par le président de la République n'est pas respecté au pied de la lettre... Explications.

"Des gens appellent pour tout et rien, parce qu'ils s'ennuient. Ils veulent juste parler", explique un policier sans doute un peu las dans les colonnes du journal local Sud Ouest. Depuis le début du confinement, entré en vigueur le mardi 17 mars 2020 à midi sur décision d'Emmanuel Macron, les forces de l'ordre sont régulièrement sollicitées. Parfois, indique, le quotidien, il ne s'agit que de questions innocentes, quoique peut-être un peu absurdes. Mais il arrive aussi régulièrement que les Françaises et les Français dénoncent purement et simplement leur entourage immédiat, quand ils estiment que ce dernier prend les consignes du gouvernement un peu trop à la légère.

"Le bar à côté de chez moi est encore ouvert et il est plus de minuit", s'est par exemple plaint un résident de l'Ain, qui a jugé bon de prévenir les autorités pour détailler son trouble. "Mon voisin discute avec beaucoup de gens et ne respecte pas le confinement", assurent d'autres, quand certains appellent pour signifier qu'il y a trop de gens chez un autre riverain du quartier. "Mon voisin sort trop souvent" semble être devenu un classique des appels reçus par la police.

Pour autant, affirment les forces de l'ordre, cela ne devrait rappeler à personne les "heures les plus sombres de notre histoire"... Et pour cause ! Quand un citoyen constate un rassemblement et file avertir les forces de l'ordre, ce n'est pas "de la délation, mais de la dénonciation". "Parce que derrière, il y a un intérêt sanitaire et donc général", précisent les forces de police contactées par le titre de presse.

Florilège de questions absurdes

"On a eu un couple assez libertin qui voulait savoir si le mari pouvait passer le week-end comme d'habitude chez sa maîtresse", rapportent les policiers, qui se désolent parfois de certaines des questions posées. "Après mon divorce, j'ai réussi à retrouver quelqu'un. Mais il habite à 25 kilomètres de chez moi. Comment faire avec le confinement ?", demandait par exemple une Dijonnaise désespérée, qui ne s'est vu proposer pour seule solution que la verbalisation.

"On a des appels sérieux pour des renseignements", précisent les forces de l'ordre, mais ce n'est pas tout. Il y a aussi "des appels dit abusifs qui frisent la débilité, quand même", s'agacent-elles. C'est que, depuis le début de la mise sous cloche du pays, le téléphone ne cesse de sonner.

Ainsi, explique Sud Ouest, le Centre opérationnel de la gendarmerie de Privas "a reçu quelques 600 appels par jour au début du confinement". Si, après deux semaines, cela se calme légèrement, les policiers décrochent encore le combiné 300 fois par jour en ce moment. Quand ils ne contrôlent pas des gens qui font 50 kilomètres en voiture pour aller acheter du cassoulet...