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Charles Aznavour s'en est allé ce lundi 1er octobre 2018. Mais avant de mourir, ce très riche chanteur aurait tout fait pour optimiser son patrimoine…
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Décès de Charles Aznavour : optimisation fiscale, pots-de-vin…

Il a longtemps nié être un exilé fiscal. Pourtant Charles Aznavour, décédé ce lundi 1er octobre 2018 a pris plusieurs mesures pour optimiser son patrimoine déjà conséquent. En mars dernier, une enquête de Mediapart(article abonnés) et du journal belge Le Soir (article abonnés) dévoilait le montage fiscal élaboré entre 2007 et 2016 par le chanteur.

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A l’aide d’une société baptisée Abricot SA et basée au Luxembourg, Charles Aznavour a pu éviter légalement l’impôt. Il a transféré une partie considérable de ses droits d’auteurs sur cette société dont le statut "permet une défiscalisation complète des dividendes", écrit Le Monde. Au total, "plus d’un million et demi d’euros a légalement échappé à la fiscalité française des dividendes", note Mediapart.

En 2016, la société a été réorganisée pour permettre à plusieurs membres de la famille Aznavour de prendre part au montage. Une mesure qui, d’après les deux quotidiens, devrait faciliter sa succession.

Mais, pour sécuriser sa fortune, Charles Aznavour est allé plus loin. Le 12 novembre 2013, il reconnaissait au micro de France Info avoir versé des pots-de-vin à des politiques pour payer moins d’impôts indique La Tribune. "Il y a quelques gens de la politique qui pouvaient, parait-il, arranger mon coup et moi, j’avançais un peu d’argent en liquide. J’en ai eu pas mal. Ca m’a coûté très cher. De tous les bords, même dans le centre, un peu partout. On avait un ‘go-between’ qui amenait l’argent en liquide quelque part", racontait à l’époque l’auteur-interprète-compositeur.

Décès de Charles Aznavour : accusé de fraude fiscale ?

Les ennuis de Charles Aznavour avec le fisc commencent tôt, rappelle le magazine Contrepoints. Déjà à l’été 1977, il comparaît pour fraude fiscale. L’affaire se termine par un non lieu. En décembre 1977, il est condamné en appel à un an de prison avec sursis et à une amende de 10 millions de francs d’époque. Motif : "infraction à la législation sur les changes et infractions douanières". Cette fois-ci, le chanteur décide de payer.

Par ailleurs, le compositeur arménien n’a jamais apprécié qu’on le décrive comme un exilé fiscal. "J’ai répété mille fois que je n’étais pas parti, on m’a poussé dehors. Tout cela pour une affaire qui s’est soldée par un non-lieu. On aurait dû me blanchir, on ne l’a pas fait, me montrant du doigt au contraire, à tel point que certains ne voulaient plus m’engager", a-t-il expliqué dans une interview accordée à l’édition papier de L’Obs, dont Le Figaro se fait l’écho.

Il poursuit : "Moi, un évadé fiscal ? Qu’ils viennent me le dire en face ! Je ne dis jamais de mal des autres, moi ! Heureusement que j’ai le public de mon côté et une sacrée carapace. Mes détracteurs mourront avant moi."

Décès de Charles Aznavour : il voulait pourtant payer plus d’impôts ?

Malgré ses relations parfois surprenantes avec les impôts, Charles Aznavour s’est pourtant prononcé en faveur de davantage de taxes, rappelle Pure People. "Ça ne me dérangerait pas [de payer plus d’impôts]", expliquait-il sous la présidence de Nicolas Sarkozy.

Comme Jamel Debbouze, il a pris parti en 2011 pour un impôt plus contraignant pour les plus riches. "Moi je trouve que 3% pour les très riches, ça n’est pas suffisant, on a une dette trop importante pour ça", a-t-il déclaré, en réaction à la taxe exceptionnelle sur les revenus supérieurs à 500 000 euros voulue par François Fillon, Premier ministre de l’époque. Il a d’ailleurs expliqué porter plus d’affection au système américain "où les riches ont donné la moitié de leur fortune. Ca fait quand même une grosse différence."