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Le président de la République et son Premier ministre s'opposent frontalement sur une mesure bien particulière : les 80 km/h. Toutefois, Edouard Philippe a, semble-t-il, piégé Emmanuel Macron…

Edouard Philippe, Emmanuel Macron et les 80 km/h : une bataille autour de la responsabilité ?

Chacun prendra ses responsabilités. C’est ce qu’a déclaré Edouard Philippe, au sujet d’un potentiel recul sur les 80 km/h, la mesure qu’il a longuement défendu et qui est désormais remise en cause par le président de la République. Toutefois, le Premier ministre a tenu à placer les détracteurs de la réforme dans une position particulièrement inconfortable, rapporte BFMTV. En expliquant que la baisse de vitesse sauvait des vies et en plaçant les élus – mais aussi indirectement Emmanuel Macron – devant "leurs responsabilités", il rend difficile le fait de relever la limitation. Au total, d’après les chiffres avancés par Matignon, 116 vies ont été épargnées du fait des 80 km/h.

"Moi ce qui m’importe, c’est les résultats. Nous avons, grâce à une action collective, réussi à faire baisser de façon très significative les chiffres de la mortalité et de l’accidentalité sur la route. Tous ceux qui viendront faire des propositions pour maintenir ces bons résultats, pour même les améliorer, seront les bienvenus. Un grand débat est lancé, il donnera lieu à des propositions", a d’abord rappelé le chef du gouvernement… Puis, il a réagit à l’idée que défend le président de la République. Selon Emmanuel Macron, l’application de la réforme pourrait être variable selon les besoins locaux, laissée à l’appréciation des autorités compétentes. 

"Chaque département, chaque président de conseil départemental sera informé des chiffres dans son département. Et puis ensuite chacun prendra ses responsabilités", a poursuivi l’ancien maire du Havre. Une rhétorique efficace qui permet, selon l’éditorialiste politique Laurent Neumann de piéger Emmanuel Macron en lui faisant porter le chapeau devant les électeurs et les familles en cas d’accident, de blessés ou même de morts… "Politiquement, ce n’est pas mal joué", affirme le journaliste de BFMTV.

Edouard Philippe, Emmanuel Macron et les 80 km/h : ce conflit qui déchire l’exécutif depuis des mois

De toutes les réformes entreprises par le gouvernement, la mesure défendue par le Premier ministre fait partie des plus controversées. Certains analystes estiment même qu’elle est à l’origine même du mouvement des "gilets jaunes", comme le rappelle La Dépêche.

Une mesure hautement impopulaire qui, aurait rappelé Emmanuel Macron, "ne figurait pas dans [son] programme". C’est devant le patron de la droite, lors d’un déplacement dans la Drôme, que le président de la République se serait une fois de plus désolidarisé de la réforme, rapporte Cnews qui se base sur base sur les informations du Parisien. Le chef de l’Etat aurait alors détaillé sa pensée : l’abaissement de la vitesse maximale sur les routes secondaires ne serait ni plus ni moins qu’une "connerie".

Mais ce désaccord n’est pas récent. Emmanuel Macron avait déjà chargé la décision de son Premier ministre. Alors qu’il recevait des élus locaux à l’Elysée, il avait qualifié une première fois de "connerie" cette limitation de vitesse avant d’assurer, quelques jours plus tard sur Europe 1, aimer "la bagnole". Pire ! D’après Le Figaro, cette mesure serait la première source connue de tension au sein du couple exécutif…