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Dans le viseur de la justice, le secrétaire d'Etat aux anciens combattants Kader Arif vient de remettre sa démission du gouvernement. Planet.fr revient sur le parcours d'un homme politique atypique. 
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Il n'a pas tardé à réagir. Dans la tourmente après la perquisition de ses bureaux au ministère de la Défense, le secrétaire d’Etat aux anciens combattants vient de présenter sa démission à Manuel Valls et François Hollande.

En cause, une affaire de favoritisme présumée au sein du Conseil régional de Midi-Pyrénées dans laquelle Kader Arif et ses proches parents sont cités. Décrit comme étant discret par son entourage, cet "Hollandais de la première heure", aujourd’hui dans le viseur, de la justice a un parcours atypique. Portrait.

De Alger à Castres

Entré le 16 mai 2012 dans le premier gouvernement de Jean-Marc Ayrault en qualité de ministre délégué aux Anciens combattants, Kader Arif n’est pas issu du sérail "classique" de l’élite Française. C’est en Algérie Française que ce dernier est venu au monde, le 3 juillet 1959, à Alger, dans la ville qui deviendra la capitale du pays après l’indépendance. Direction le Sud-Ouest pour sa famille qui après un saut par l’Aquitaine élit domicile à Castres, dans le Tarn.

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Si ses parents se sont installés en France, c’est parce que son père s’était engagé comme harki, au côté de l’armée française pendant la guerre d’Algérie. De sa terre d’accueil, il garde l’accent caractéristique du Sud-Ouest ainsi que le sport qui y est omniprésent : le rugby. Ancien Rugbyman de haut-niveau, il a été talonneur au Castres Olympique au début des années 80. Il ambitionnait même de devenir professionnel avant que la politique ne vienne contrarier ses plans comme il le confiait à Libération en mars dernier.   

Entrée en politique

C’est le coup d’État de Pinochet qui a fait basculer le jeune Kader Arif dans la politique, surtout dans sa période lycéenne. Après avoir tergiversé entre communistes et socialistes, il prend finalement sa carte au PS en 1983, à 24 ans. Il gravira tous les échelons jusqu’à se retrouver en 1987 assistant de Lionel Jospin, tout juste élu député de la Haute-Garonne.

En 1997, il suivra son mentor à Matignon puis deviendra premier secrétaire de la fédération de la Haute-Garonne avant d’intégrer le bureau national du PS en 2000. Un an avant, il obtenait à peine une maîtrise de communication à l’Ecole supérieur d’audiovisuel à l’Université Toulouse II-Le Mirail… Une ascension d’appareil pour le moins fulgurante.  

Ascension, gouvernement et démission

Grâce à un coup de pouce de François Hollande, c’est Kader Arif qui est choisi pour représenter le PS dans la région Sud-Ouest aux élections européennes de 2004. "J'ai réalisé en Midi-Pyrénées le meilleur score national" s’était-il souvenu auprès de Jeune Afrique. Fort de cette victoire, Kader Arif prend du galon à Solférino. Après avoir participé à la campagne de François Hollande, il est choisi en mai 2012 dans le premier gouvernement Ayrault pour représenter les anciens combattants. Sorte de pied-de-nez à l’histoire pour ce fils de harki qui, jusqu’à aujourd’hui, s’était illustré par son absence dans les nombreux couacs gouvernementaux.

Ce vendredi 21 novembre, Kader Arif a remis sa démission au gouvernement car il est soupçonné par la justice d’avoir favorisé deux sociétés spécialisées dans l’événementiel lors d’appels d’offres émis par la région Midi-Pyrénées, présidée par Marin Malvy. Ces deux sociétés, sont dirigées par son frère et par ses neveux.

De son côté, Kader Arif a toujours dénoncé des "insinuations" et des "amalgames". Au lendemain de la perquisition de son bureau au ministère de la Défense, le secrétaire d’Etat aux anciens combattants a préféré déposer sa démission. C’est le sénateur PS de Moselle, Jean-Marc Todeschini, qui a été annocé pour le remplacer.  

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