Linky et le nucléaire : ce qui pourrait vous coûter cher à l'avenirAFP
Le président de la Commission de régulation de l'énergie accordait récemment une longue interview au quotidien Les Echos. Il s'est notamment attardé sur le compteur Linky ou le nucléaire. Explications.
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Votre facture d’électricité augmente ? Ce n’est - peut-être ! - pas la faute de Linky. Le compteur communicant d’Enedis, qui fait déjà l’objet de mille et une critiques, est notamment accusé de faire gonfler le poids de l’électricité dans le budget des ménages qui en ont été équipés, ainsi qu’a pu l’expliquer Planet à plusieurs reprises. Cependant, cet état de fait ne dépend pas seulement du petit boîtier vert ; quand bien même d’aucuns, parmi ses opposants, pourraient assurer qu’il participe d’une certaine logique par essence onéreuse pour les usagers.

En pratique, nuance pourtant le président de la Commission de régulation de l’énergie, les prix augmentent pour de multiples raisons. Dans les colonnes des Echos, à qui il accorde une interview exclusive, Jean-François Carenco s’attarde en long, en large et en travers sur la question.

Le nucléaire et Linky : qui est responsable des hausse de tarifs que vous constatez sur vos factures ?

"Hors taxe", rappelle, Jean-François Carenco, les tarifs réglementés n’ont pas évolué depuis 1998. En pratique, cependant, cela ne signifie pas que les Françaises et les Français ne paient pas plus chers. Et il y voit à cela deux pistes ; deux explications complémentaires. La transition énergétique en est l’une des plus importantes.

Par le passé, soutient-il en citant les années 1990, "on a investi dans nos centrales nucléaires". Dorénavant, "on doit réinvestir dans le nucléaire comme dans les énergies renouvelables". Rien de tout cela ne saurait s’avérer gratuit et provoque, de facto, une "hausse des coûts de transport et de distribution de l’électricité". Mais ce n’est pas l’unique point à retenir.

Le nucléaire et Linky : elle est la part du compteur dans la hausse de vos factures ?

Linky, soutient Jean-François Carenco, répond à la nécessité d’ouvrir le marché à la concurrence. Cela ne signifie pas qu’il ne sera pas, in fine, utile aux contribuables. Mais cela pourrait, dans un premier temps, piquer un peu. 

"C’est un investissement, donc ce n’est pas gratuit, mais cela rapporte aux consommateurs à long terme. La CRE a vérifié que les économies de charges d'Enedis compenseront bien le coût de l'investissement Linky. Les consommateurs ne paieront donc pas un coût supplémentaire sur leur facture à cause du compteur Linky", affirme-t-il en effet.

Pour autant, les gains que peuvent en espérer les Françaises et les Français ne seront pas mécaniquement financiers. La concurrence ne vise pas, loin s’en faut, à faire baisser les tarifs. "Ce n’est en tout cas pas l’objectif de la CRE", déclare-t-il devant le micro des Echos, avant de dire vouloir offrir une "liberté de choix aux consommateurs"...

Electricité : ce que vous coûte vraiment la mise en concurrence

Ce recours à la concurrence dans des secteurs où elle n’est pas naturelle, quand il est fait par idéologie, peut s’avérer dangereux, ainsi que l’a déjà souligné Planet. Ici, dans le cadre de l’énergie, ce sont les finances des consommateurs autant que la cause environnementale qui pourraient être mises à mal. C’est le risque avec le projet de réforme Hercule, visant EDF, estime l’économiste Alexandre Delaigue.

"Nous avons fabriqué une concurrence artificielle et paradoxale par idéologie. EDF est une entreprise publique, qui a bénéficié de gros investissements de l’Etat lesquels ont notamment permis la création du parc nucléaire. Aujourd’hui, elle se retrouve légalement contrainte à subventionner ses concurrents. Ce qui se fait actuellement au détriment des consommateurs", détaille-t-il.